LUTTE CONTRE BOKO HARAM : Le gouverneur instruit d’utiliser la sorcellerie
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Des récompenses sont promises aux comités de vigilance qui mettront en exécution cette pratique mystique.

Au cours d’une réunion de sensibilisation et d’évaluation des activités des comités de vigilance du département du Mayo-Sava, le 28 janvier 2016 à Mora, le gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, a demandé aux comités de vigilance de recourir ni plus ni moins qu’à la pratique de la sorcellerie. Il est question, selon le patron de cette région, de monter d’un nouveau cran dans la lutte contre Boko Haram. «Le chef de l’Etat a demandé d’intégrer dans la lutte contre Boko Haram, la dimension de la sorcellerie.

Nous attendons de chaque village des actions d’éclat dans ce sens. Nous voulons entendre que tel ou tel village a anéanti ou limité les dégâts de la secte terroriste grâce à la sorcellerie. Battez-vous pour votre pays. Impliquez-vous activement. C’est ce que le chef de l’Etat attend de vous. Et nous, nous attendons des résultats», a recommandé Midjiyawa Bakari. En demandant aux comités de vigilance d’intégrer la sorcellerie dans la kyrielle des moyens de lutte déjà engagés contre la secte terroriste, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord donne ainsi la preuve de ce qu’aucun moyen ne doit être négligé ou sous-estimé, s’il peut contribuer à anéantir les terroristes de Boko Haram.

Pour stimuler la concurrence entre les comités de vigilance sur ce terrain hautement métaphysique, Midjiyawa Bakari a annoncé des récompenses pour les villages qui se seront illustrés dans la sorcellerie «positive». Comment mesurer un tel succès ? Mystère ! «La sorcellerie que le gouverneur demande d’utiliser n’est pas en réalité un fait nouveau. Les membres de certains comités de vigilance l’utilisaient déjà. Dans mon comité de vigilance par exemple, nous sommes 19 personnes qui avons des pouvoirs mystiques. Nous utilisons les gris-gris pour mieux faire face à l’ennemi.

Cela n’est peut-être pas de la vraie sorcellerie, mais les gris-gris sont efficaces. Il faut savoir que les Boko Haram utilisent aussi les gris-gris. Certains d’entre eux, avant de venir attaquer, sondent le terrain avec ça. Pour les contrer, nous devons aussi être bien outillés avec les gris-gris», indique Ousman, chef du comité de vigilance de Djakara à Mora. Le moins que l’on puisse dire est que l’initiative du gouverneur laisse sceptique plus d’un. Pour le Dr Gwoda Adder Abel, coordonnateur du collectif des organisations de la société civile intervenant dans la lutte contre la radicalisation et le terrorisme, plutôt que de prôner la sorcellerie dans la lutte contre Boko Haram, il serait judicieux d’élever le niveau de leur formation et de les doter de moyens supplémentaires de défense.

«En tant que rationaliste, je pense qu’il faut trouver des moyens rationnels à la guerre contre Boko Haram. Cette guerre, on ne la fait pas contre des forces occultes ou contre des gens qui utilisent des moyens aérotechniques. Il vaut mieux mettre l’accent sur la formation des comités de vigilance à la défense et à la protection. Il faut plutôt les équiper stratégiquement. Il y a des systèmes modernes ou notions sur comment détecter les kamikazes, comment agir et comment les contourner, qu’on peut apprendre aux comités de vigilance», conseille-t-il. En clair, selon le socio-politiste, il ne faut pas beaucoup compter sur la sorcellerie.

«La dimension métaphysique est un peu problématique. La sorcellerie ne doit venir qu’en soutien, si tant est que cette dimension est plausible. Moi, personnellement, je n’en crois pas tellement. Cela risque plutôt de nous perdre de nos objectifs », prévient le vice-doyen de la faculté des Lettres et sciences humaines de l’université de Maroua.

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