2015 s’annonçait, pour beaucoup, pleine d’espoirs. On passerait l’éponge sur les couacs et les vestes essuyées en 2014. Mais au lieu d’une année faste et fabuleuse, les Camerounais, ont dû s’inscrire à l’école de la peur et de la terreur. Terreur de Boko Haram, la secte islamiste qui a endeuillé le septentrion et dont on a beau dire, on peine encore à venir clairement à bout… Outre Boko Haram, il ya les inondations, avec ces familles entières jetées à la rue, sans plan B gouvernemental.

Il y a ces curieux incendies de marchés et de bureaux qui brûlent de nuit... Il y a les routes, urbaines ou nationales, qui sont dans un état si pitoyable que même les lézards peinent à s’y aventurer. Les agriculteurs ont du mal à acheminer leurs denrées vers des points de vente réputés. Conséquence : dans les marchés en ville, le prix des aliments tels que le plantain, le manioc, l’igname, la patate, la tomate, la salade et autres, a quasiment doublé! C’est la vie chère ! La vie chère imposée. Les Camerounais râlent, mais suivent le mouvement, sans se révolter.

C’est comme si on avait procédé à l’endormissement des populations à force de bière, de corruption, de musique pornographique, de fornication, sans oublier le rôle joué par le téléphone portable. Du coup, une nouvelle année arrive, sans que cela ne corresponde à aucune révolution. Le système « D » a été mis en place. Résultat : les bons débrouillards sont des feymen, ou des criminels. De nombreux crimes rituels ont été perpétrés en 2015 à l’Ouest du pays, et à Yaoundé. Les assassins découpaient leurs victimes en morceaux, après avoir prélevé au préalable, des organes vitaux. A des fins de magie noire, de trafics d’organes, ou autres merveilleuses aberrations diaboliques ! 2015, c’est aussi le sport. Je voulais dire : le foot !

C’est, pourquoi se voiler la face, notre sport-roi. Il y a donc eu les pérégrinations de la Fécafoot, avec Joseph Owona, Tombi à Roko, Bell Joseph Antoine etc., et la déculottée des Lions Indomptables, sous la conduite de Volke Finke. Dieu merci, on a eu les filles ! Mais là, tout près de nous, il y a des réalités autrement plus importantes et urgentes ! Comme l’école. Soi disant gratuite au primaire, elle est dans les faits, payante, toutes espèces sonnantes et trébuchantes ! L’eau potable est encore un problème d’actualité, tout comme le bon fonctionnement de l’électricité dans les ménages.

S’il y a eu des grandes réalisations pour accompagner les grandes ambitions de Paul Biya, elles doivent être élitistes, ou alors, bien savantes, vu que des millions de Camerounais demeurent dans la quête du minimum vital, à savoir : le gîte, le couvert, les soins médicaux, l’eau, la lumière, un peu de savoir, et un minimum de santé.

Mais cela, certainement, ne rentre pas dans le plan d’urgence du prince! Cependant, l’homme qui a déclaré la guerre à Boko Haram un jour à Paris n’a certainement pas fait que des bides, et dans son discours de fin d’année, il ne manquera pas de le rappeler à la nation, et tirer parti de la situation. Il va par exemple dire qu’il est l’homme de la paix, le grand vainqueur de Boko Haram, donc, l’homme de la situation. Il aura même le culot de parler de la corruption… A la limite, il va s’énerver et menacer de sanctions ou de poursuites, la horde de fainéants qui pour la plupart, lui servent de collaborateurs, ainsi que tous les bandits au col blanc.

Puis, satisfait de son monologue, il refilera lâchement la version anglaise à Peter Essoka, tout en se félicitant de ce que cette année encore, il ne s’en est décidément, pas si mal tiré ! Avant d’aller se vautrer auprès de Chantoux, Franck, Junior et Brenda, pour savourer la naissance de 2016 autour d’une coupe de champagne. Embrouillés par ce discours fanfaron, les Camerounais iront se noyer dans leur bière, oubliant les promesses non ténues de 2014, et même des années passées… Vous comprendrez pourquoi je ne vous souhaite pas une bonne année…