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© copy; Camer.be : Propos recueillis par Hugues SEUMO
- 14 Jul 2015 14:02:15
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Cameroun, Dr Corantin Talla " La situation des droits de l’Homme au Cameroun n’a pas évolué" :: CAMEROON
Le Dr Corantin Talla, par ailleurs président de Conscience du Cameroun et coordinateur du Front Uni de la diaspora pour l'alternance, donne son point de vue sur le dernier rapport annuel du département d’Etat américain sur la situation des droits de l’Homme dans le monde, et dans lequel le Cameroun, comme d’habitude, est accusé
Bonjour Monsieur Corantin Talla. En tant que président de Conscience du Cameroun et coordinateur du Front Uni de la diaspora pour l'alternance, quelle lecture faites-vous du dernier rapport sur les Droits de l’Homme au Cameroun publié récemment par les Etats Unis d'Amérique?
Chaque année le département d’Etat Américain publie différents rapports sur la situation socio-politique et économique de tous les pays du monde, y compris un rapport sur l’état des droits de l’Homme dans ces pays.
Le dernier rapport du département d’Etat Américain sur les droits de l’Homme au Cameroun ne diffère pas fondamentalement des rapports précédents tant il est vrai que la situation des droits de l’Homme au Cameroun n’a pas évolué, notamment les droits politiques du citoyen Camerounais sur lesquelles je vais m’appesantir.
Ce rapport est-il un fidèle miroir de la réalité des droits de l’Homme au Cameroun ?
Oui, ce rapport reflète les réalités des droits de l’Homme à quelques exceptions prêtes. En effet, ce rapport énumère avec détails les différents abus des droits de l’Homme couramment observes dans notre pays tels :
Le non-respect de l’intégrité physique des personnes, tels que l’assassinat de Christiane Soppo Mbango, une proche du prisonnier de droit commun, Marafa Amidou Yaya ; la disparition du Capitaine Guerandi Mbara ; les abus multiformes des citoyens par les forces de sécurité etc.
Le non-respect des libertés civiles, notamment les libertés de presse, d’expression, d’association, de rassemblement pacifique aussi bien que la liberté académique.
Le non-respect des droits politiques des citoyens, notamment les droits des citoyens de changer leur gouvernement à travers des élections libres et transparentes. Ce rapport indique par exemple que les élections présidentielles de 2011 étaient entachées des irrégularités. Le rapport fait aussi cas du refus régulier des autorités administratives d’accorder la permission d’organiser des manifestations politiques ou de se réunir aux partis politiques de l’opposition.
La corruption et l’absence de transparence gouvernementale qui est un problème de droits de l’Homme dans la mesure où la pratique de corruption telle le détournement des fonds publics, le patronage, l’octroi fantaisiste des marchés publiques et autres affectent tous les citoyens, y compris les plus vulnérables de la société.
Toutefois, nonobstant le fait que l’opération de lutte contre la corruption baptisée "Opération épervier" apparait plus comme une opération de chasse à l’homme a tête chercheuse. Je ne corrobore pas avec la section du rapport qui considère Marafa Amidou Yaya et Thierry Atangana comme prisonniers politiques. Selon moi, ces deux-là ainsi que beaucoup d’autres victimes de l’opération épervier sont des détenus de droit commun qui sont coupables de détournement de fond public. Les autres prisonniers n’ont pas seulement la chance comme Marafa d’avoir un lobby fort aux Etats-Unis pour pousser le Département d’Etat Américain à les considérer comme prisonniers politiques dans son rapport annuel sur les droits de l’Homme. Ce lobby pro-Marafa aux Etats-Unis a même eu l’outrecuidance de vouloir faire passer dans la presse comme une manifestation pro-Marafa une manifestation que la Conscience du Cameroun et le Front Uni de la Diaspora pour l’Alternance que je dirige avaient organisé une grande manifestation aux Etats unis d'Amérique l’année dernière pour dénoncer la venue de Biya aux USA ainsi que le sommet Afrique-USA. J’ai eu à dénoncer avec véhémence les allégations mensongères de ces individus qui vivent aux petits soins de Marafa aux USA. J’ai une tolérance zéro pour les détourneurs des fonds publiques, même si leur arrestation est causée par leurs ambitions politiques.
D'après vous la publication de ces rapports peut-elle avoir un impact sur l’état des Droits de l’Homme au Cameroun ?
Il n’y a aucune évidence que la publication de ces rapports a un impact positif sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun. Au contraire, depuis 39 ans que ces rapports mandatés par le Congres Américain sont régulièrement publiés, la situation des droits de l’Homme s’est empiré au Cameroun. Par exemple, Biya a récemment fait passer une loi anti-terroriste qui en réalité visait à anéantir les velléités de manifestations politiques légitimes des citoyens encadrés par les partis politiques, les syndicats et autres organisations de la société civile. Qui plus est, les jeunes méritants continuent d’être effacé de la liste des admis aux différents concours administratifs au profit des fils et autres proches des apparatchiks du régime n’ayant aucun mérite ; la corruption endémique, gangrène de la société, suit son cours normal ; les forces de sécurités continuent d’arrêter, de torturer, ou de tuer impunément les citoyens ; la justice des plus grandes fortunes sur les plus démunis continue à sévir dans nos tribunaux avec des juges corrompus etc…..
Selon vous, quel est l'objectif de la production et de la publication par le pays de l'oncle Sam de ce rapport sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun ?
Selon le Bureau de la Démocratie, des droits de l’Homme et du travail du Département d’Etat Américain en charge de publier ce rapport, le but du rapport est d’attirer l’attention sur les abus des droits de l’Homme à travers le monde et de faire pression sur les gouvernements afin qu’ils respectent les libertés fondamentales de leurs citoyens. Les Etats-Unis justifient leurs quêtes de recherche de liberté pour tous les citoyens du monde entier par le fait la vie, la liberté, et la poursuite du bonheur sont des idéaux universels qui doivent être disséminés au-delà des frontières nationales.
Malheureusement, dans la pratique les considérations économiques priment sur le respect des Droits de l’Homme en ce qui concerne les relations entre Etats. Par exemple, l’année dernière le président Obama a reçu les dictateurs Africains aux USA ; et ils ont fait peu de cas des questions de droit de l’Homme durant cette rencontre. Les discussions ont plus achoppe sur les opportunités de business entre les USA et les pays Africains. Pire encore, les pays occidentaux utilisent les droits de l’Homme pour envahir militairement les pays dont ils veulent s’accaparer les richesses. Tels sont les cas par exemple de l’Irak et de la Lybie qui ont été rendus ingouvernables par ces puissances en quête de pétrole et autres richesses. Plus proche de nous, la nébuleuse terroriste Boko Haram qui tue nos populations dans le grand-nord est instrumentalisée par des puissances étrangères tapies dans l’ombre qui veulent redessiner la carte géostratégique de la région pour mieux contrôler les richesses et les gestionnaires des richesses (i.e., gouvernements) de cette région. Cela dit, je ne veux en aucun cas m’insurger contre ces rapports qui nous informent régulièrement sur des abus de droits de l’Homme de nos gouvernements, mais je constate tout simplement la primauté du pragmatisme politique sur l’exigence du respect des droits de l’Homme.
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