Cameroun - Polémique : On célèbre quoi le 28 Février au Cameroun ?
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Cameroun - Polémique : On célèbre quoi le 28 Février au Cameroun ? :: CAMEROON

Le débat oppose partisans et défenseurs de «grande marche patriotique» prévue dans huit jours.Le collectif  «unis pour le Cameroun», à l'initiative de la «grande marche patriotique» du 28 février prochain, a adressé hier, une correspondance au sous-préfet de Yaoundé 3ème, Benjamin Mboutou, à I ’effet de déclarer la tenue de ladite manifestation publique. En attendant de voir quel sort sera réservé par l'autorité administrative à cette requête diligentée par le directeur de la publication de l'œil du Sahel, Guibai Gatama, la polémique enfle sur le choix du 28 février pour l'organisation de cet évènement. 

Certains comme le député Jean Michel Nintcheu, y voient une tentative des pouvoirs publics d'occulter le souvenir des «des jeunes martyrs» happés par la Grande Faucheuse lors des émeutes de la faim de Février 2008. Aussi noble que paraitrait donc cette initiative pensée «en solidarité aux populations victimes des attaques de Boko Haram et en soutien aux forces de défense et de sécurité», en guerre contre cette secte barbare, pour Jean Michel Nintcheu, «il est constant que cette date a manifestement été dictée par le souci du régime de détourner l'attention des Camerounais sur le massacre de nos jeunes compatriotes tombés sous les balles de la soldatesque en 2008 (...) Il est immoral de vouloir banaliser cette tragédie dans la conscience collective», fulmine le coordonnateur du Social Democratic Front dans la région du Littoral. «Solidarité et respect aux héros et héroïnes d'aujourd'hui? Oui, Au détriment de héros et héroïnes d'hier ? Non.», prévient quant à elle, la présidente du Cameroon people's party (Cpp). Edith Kah Walla affirme par ailleurs que «le 28 février n'est d'aucune importance particulière pour l'armée (...) Le 23 au 28 février est le moment où nous nous inspirons et tirons force de ceux et celles qui ont lutté avant nous». Tout aussi suspicieux à l'égard de cette date de la discorde, le journaliste et chercheur Boris Bertolt, souligne dans une tribune libre adressée à la rédaction de votre journal, que «dans un pays où les marches autorisées sont celles acquises au pouvoir en place et en majorité organisées par le parti-Etat, le Rassemblement démocratique du, peuple Camerounais (Rdpc), il y a lieu de s'interroger sur le choix de cette date»

CODE

Dans une posture plus engagée, le Code(Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de de la Diaspora) écrit que «ce 28 février, pensons à nos compatriotes assassinés par le pouvoir en place au Cameroun, pensons aux victimes de ces émeutes de février 2008. Rejoignons le mouvement de février 2008 et d'autres associations de la société civile camerounaise dans la commémoration du septième anniversaire des émeutes qui ont ensanglanté le Cameroun en février 2008». 

Interpellé sur la question des soupçons d'instrumentalisation du collectif «unis pour le Cameroun» par le régime, un des membres de ce groupe s'indigne «du faux procès» qui leur est fait. D'autant que, «poursuit-il, nous avons adopté la date du 28 février pour organiser la grande marche patriotique sans arrière-pensée. C'était pour nous la date la plus éloignée pour mieux préparer cette grande mobilisation». Quand on lui demande si cette date n'a pas été choisie à dessein pour occulter le souvenir des évènements de février 2008, notre interlocuteur répond: «je ne sais pas pourquoi on fait une fixation sur cette date. Est-ce que vous pouvez me dire exactement ce qu'il y a eu le 28 février 2013 au Cameroun? Il y a eu rien du tout. (...) Nous organisons une marche entre 9 heures et 11 heures. Les partisans de la journée des martyrs ont toute la journée pour célébrer la mémoire des victimes des émeutes de février 2008. Ils peuvent même le faire au moment où nous marchons. Il y a bien eu des morts à l'Extrême-Nord, car nous sommes en guerre. Il y en a également eu lors des évènements du 06 avril 1984, et même un 14 février à Nsam...», se défend Raoul Simplice Minlo.

Ces arguments suffiront-il à dissiper les doutes des pourfendeurs de la «grande marche patriotique» maintenue pour l'heure au 28 février prochain ? Pas sûr. C'est du moins le sentiment que l'on retient de cette réflexion de Jean Michel Nintcheu, qui jure que «quel que soit le bout par lequel on l'analyse, le fait d'organiser cette manifestation à une date, qui coïncide avec celle mémorable du 28 février, est une inspiration du régime en place qui a toujours voulu effacer de la mémoire collective ces évènements. (...) La guerre étant partie pour durer, cette marche aurait pu être organisée en mars ou même en avril», argue-t-il.

Droit dans ses bottes, le collectif semble déterminé à organiser le 28 février prochain comme prévu sa «grande marche patriotique», ainsi que l'atteste la missive qu'elle a transmise au chef de terre de Yaoundé 3ème hier.

© Mutations : YANICK YEMGA

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