Atanga Nji déchire les livres de Mebera, Olanguena et Marafa
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Connu pour son soutien sans faille à Paul Biya, ce ministre et cadre du Rdpc ne reconnaît aucun patriotisme aux prisonniers de l’Epervier.

Les prisonniers de l’opération Epervier écrivent et les réactions suivent. Voici la première contre-attaque du Rdpc en bonne et due forme, au lendemain de la parution du livre de Urbain Olanguena Awono, ex-membre du gouvernement, condamné pour détournement de fonds publics.

Paul Atanga Nji a pris l’étiquette de membre du comité central du Rdpc, pour rédiger la tribune qui tient sur toute la page 9 dans l’édition de Cameroon Tribune d’hier, 16 mars 2016. Mais il est bon de rappeler que ce cadre du parti au pouvoir est aussi président de la section Mezam I dans la région du Nord-Ouest. Au sein de l’appareil gouvernant de l’Etat, il occupe les fonctions de ministre chargé de mission à la présidence de la République et celles de secrétaire permanent du conseil national de la sécurité.

Paul Atanga Nji ne répond pas seulement à Olanguena Awono, auteur du livre intitulé « Mensonge d’Etat. Déserts de république au Cameroun », paru le 3 mars dernier aux Editions du Schabel à Yaoundé. La tribune parue dans Cameroon Tribune s’attaque aussi frontalement aux ouvrages de deux autres anciens ministres, devenus des prisonniers de l’opération Epervier. Il s’agit d’une part, de Jean Marie Atangana Mebara dont le dernier livre, « Le secrétaire général de la Présidence de la République au Cameroun : entre mythes, textes et réalités », est sorti cette même année 2016 chez L’Harmattan Paris. D’autre part, Atanga Nji écrit contre Marafa Hamidou Yaya qui, en novembre 2014, publiait « Le Choix de l’action. Mes dix ans au Minat », aux éditions  du Schabel. Encore.

Paul Atanga Nji invite à ne pas se méprendre sur le compte de ces trois « écrivains de circonstance ». Il affirme : « (…) Il est surprenant de constater que ces anciens hauts commis de l’Etat prétendent tous être détenus pour des raisons politiques et non pour des délits de droit commun. Et comme par enchantement, chacun se met dans la posture d’un homme politique d’envergure qui aurait passé sa vie à servir le pays. »

Un tel raisonnement ne tient pas la route, renchérit Atanga Nji car, « prétendre avoir un destin national parce qu’on a occupé des fonctions ministérielles est une absurdité totale ». Plus loin, il écrit : « Ils (Mebara et compagnie) devraient se rappeler qu’au moment où le Chef de l’Etat avait décidé de les nommer, ils n’avaient aucun état de service pouvant démontrer leur amour pour la patrie. »

On croirait lire Jacques Fame Ndongo, autre ministre et cadre du Rdpc, reconnaissant que tous ses camarades et luimême sont des « créatures » de qui on sait. Mebara, Marafa et Olanguena n’échappent donc pas à cette vérité implacable, pour qui connaît l’hyper-présidentialisme en vigueur au Cameroun.

Aussi, Atanga Nji semble-t-il reconnaître que Paul Biya fait et défait ses créatures. Il écrit en effet : « (…) le Chef de l’Etat, de manière discrétionnaire, nomme aux fonctions civiles et militaires, et peut à tout moment révoquer les personnes nommées ». Lui-même, l’avocat défenseur d’aujourd’hui, n’est pas moins une créature du créateur. Lui qui occupe encore de hautes fonctions au sein du parti et dans le système gouvernant. Lui qui a déjà été convoqué au Tribunal criminel spécial (Tcs) dans le cadre de l’enquête sur les détournements de fonds publics à la Campost. Il n’empêche que l’homme défend la justice camerounaise que Mebara et les autres accusent.

Atanga Nji note qu’aucune condamnation n’a été prononcée sans d’abord des enquêtes préliminaires de police judiciaire, ensuite une information judiciaire menée par un juge d’instruction, enfin un procès public. Conclusion : il n’y a point de personnes en prison parce qu’elles auraient eu des ambitions présidentielles. L’argumentation est étayée par l’exemple de deux personnalités ayant démissionné du gouvernement pour devenir des opposants politiques : Garga Haman Adji et Maurice Kamto.

Qui est patriote ?

Par ailleurs, si Paul Atanga Nji nie tout nationalisme et tout patriotisme à ceux qui sont détenus aujourd’hui, il reconnaît à plusieurs de ses camarades du parti et à lui-même un destin de patriote. Ce sont les Victor Fotso, Joseph Kadji Defosso, feue Françoise Foning, Alhadji Abbo Mohamadou et d’autres dont il ne cite pas les noms, qui s’étaient illustrés en 1990-1992, en soutenant économiquement le pouvoir chancelant de M. Biya, en disant non aux « villes mortes », à la « conférence nationale souveraine » et au multipartisme, même si celui-ci advint finalement.

« C’est pendant cette période qu’il fallait montrer son engagement politique sans faille au Chef de l’Etat, à sa formation politique, le Rdpc, et son amour à la patrie. Malheureusement, l’opinion nationale n’avait enregistré aucune réflexion de Marafa Hamidou Yaya, de Jean Marie Atangana Mebara encore moins de Urbain Olanguena Awono », écrit Paul Atanga Nji. Au passage, il rappelle qu’en 1990, lui, jeune opérateur économique de l’époque, avait offert 100 taxis à l’Etat pour lutter contre les villes mortes à Douala. Voilà donc le sens que Paul Atanga Nji donne au patriotisme et au nationalisme dans ce pays.

Dans tous les cas, ce haut commis de l’Etat s’assume, lui qui a si souvent pris les devants dans des moments graves, pour défendre Paul Biya et son système. En février dernier, le même Atanga Nji donnait le ton des appels à une élection présidentielle anticipée à laquelle Paul Biya serait naturellement candidat. Il avait pris la tête des 14 signataires d’une motion de soutien. On l’avait vu en 2008, aux côtés de Jacques Fame Ndongo ou encore de Françoise Foning, battre campagne pour la modification constitutionnelle qui a ouvert à Paul Biya une présidence à vie.

Issu d’une riche famille et crédité d’une grande fortune, Paul Atanga Nji est connu au sein du Rdpc comme un grand contributeur financier. Tout comme il compte parmi les principaux artisans de la percée du parti au pouvoir dans le Nord-Ouest, sa région d’origine, mais surtout le bastion du Sdf de Ni John Fru Ndi. Allez y voir les 7 sièges de député et les 19 communes remportés en 2013. Dix ans plus tôt, le parti de Paul Biya n’y avait qu’une marie et un député.

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