André Mama Fouda : Ebola et le vaccin à controverse
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L’ingénieur de génie civil ne convainc pas ses compatriotes pour la énième fois.

Le Cameroun n’a jamais enregistré de cas d’Ebola. Mama Fouda a cependant accepté de livrer ses compatriotes aux mains des responsables du laboratoire Glaxosmithkline (Gsk). Ils seront chargés d’effectuer des essais cliniques en vue de trouver un vaccin contre cette maladie.

André Mama Fouda, le ministre de la Santé publique a annoncé le 30 octobre dernier à Yaoundé, cette information étonnante. Ce fut lors du point de presse qu’il donnait.  Curieuse initiative quand on sait que certains pays où des cas de maladie ont déjà été détectés, là bas, ils ont catégoriquement refusé ces tests sur leur  territoire. Il s’agit notamment du Nigeria. Mais au Cameroun, sont attendus 400 cobayes volontaires à cette expérimentation dans deux principaux sites à savoir : le Centre Pasteur de Yaoundé et l’hôpital régional de Bamenda. Ces cobayes ne gagnent rien en retour, juste des frais de transport, des examens et la prise en charge en cas d’effets indésirables. Eventuellement, ils pourront être indemnisés par le laboratoire Gsk  s’il se produisait un cas inattendu.

« Nous gagnons en notoriété sur le plan mondial. N’oublions pas que dans l’avenir, il y aura d’autres vaccins comme celui contre le paludisme. En nous rendant disponibles pour celui-ci, nous serons désormais parmi ceux avec qui il faudra compter du point de vue de la recherche sur le plan mondial», indiquait un cadre du Minsanté, paraphrasant ainsi Mama  Fouda. C’est dire si l’ingénieur urbaniste a désormais le projet de faire du Cameroun un vaste laboratoire d’essai de vaccins, avec 22 millions de Camerounais  cobayes !

Dans l’opinion publique, les doutes et les zones d’ombres persistent même s’il est dit que: «le virus n’est pas contenu dans le vaccin. C’est sa carapace qui est prélevée et utilisée pour fabriquer le vaccin. Il n’y a pas à s’inquiéter pour cela», rassure t-on dans l’entourage du laboratoire.

Ce n’est pas la première fois qu’une annonce de l’ancien directeur de la Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains et ruraux (Maetur) suscite des inquiétudes. En juillet dernier, alors qu’il annonçait la campagne de distribution de 12 millions de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda) sur l’ensemble du pays, des Camerounais s’interrogeaient sur la faisabilité de cette nouvelle campagne. Le résultat de cette opération fut trop en dessous des espoirs suscités.

Dès son entrée au gouvernement en septembre 2007, l’ancien maire de l’arrondissement de Yaoundé III commence par gérer un secteur en crise avec notamment le détournement des financements octroyés par les bailleurs de fonds dans le cadre de la lutte contre les pandémies du Vih/Sida, du paludisme et de la tuberculose. Il a le mérite d’avoir été présent sur les chantiers de son ministère avec de nombreux déploiements sur le terrain dont plusieurs tours dans ses services centraux. On l’a vu très actif dans les constructions de l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala et l’hôpital de référence de Sangmélima. Celui qui a passé 17 ans à la tête de la Société immobilière du Cameroun (Sic) a aussi piloté de nombreux projets de construction des centres de santé dans certaines localités du pays et de nouveaux bâtiments dans les hôpitaux Jamot, général et le Centre hospitalier universitaire ( Chu).

Incendie

Certaines de ces actions diversement appréciées,  cela n’a pas altéré en lui la confiance de Paul Biya. Le prince d’Etoudi a reconduit  Mama Fouda dans ses fonctions lors  du réaménagement gouvernemental  du  02 octobre dernier. Il a le bilan d’avoir géré  le plus grand nombre de grèves du personnel sanitaire. Lequel s’avère déjà très réduit dans les hôpitaux, alors même qu’on dénombre environ 45000 diplômés professionnels en chômage. Il a souvent été reproché au Minsanté la non prise en charge des personnels de santé malades et de leur famille nucléaire, alors qu’une police d’assurance-maladie et assistance est souscrite au frais du contribuable, pour plus d’un milliard de F Cfa au profit des membres du gouvernement et de leur famille. Le personnel de santé dénonce régulièrement l’inégale répartition des postes de responsabilité au ministère de la Santé, d’autant que ceux-ci  reviennent majoritairement aux enseignants pourtant issus d’un autre corps de métier. La mer à boire pour André Mama Fouda  demeure les pénuries intempestives des médicaments pourtant subventionnés comme les antirétroviraux.

Du mieux qu’il a pu, Mama Fouda a étouffé de multiples crises issues de ce ensemble de problèmes. Il n’a malheureusement pas pu, le 06 décembre 2013, protéger son immeuble ministériel des flammes qui ont ravagé sa Direction des ressources humaines, la salle des conférences et une partie de son cabinet. Une semaine plus tard, c’est la sous-direction du Vih, un magasin, le service des archives, la direction de passation des marchés à la Direction de la lutte contre la maladie du ministère de la Santé publique qui étaient à leur tour léchés par les flammes. La lumière n’a jamais été faite sur l’origine  de ces incendies à répétition.   La seule information rendue publique est celle faisant état d’une importante perte de documents.

Il est attribué à André Mama Fouda la tendance à thésauriser ses épargnes dans son domicile en lieu et place des banques.  Ceci lui coûtera le  21 avril dernier la perte d’une importante somme d’argent emportée  par des malfrats à son domicile sis au quartier Obobogo, dans l’arrondissement de Yaoundé 3e. Ce n’était pas la première fois que le domicile du Minsanté était cambriolé. En 2012, une enquête menée par l’hebdomadaire Repères révélait que ce membre du gouvernement aurait perdu une somme évaluée en plusieurs centaines de millions F Cfa encore à son domicile.

© Mutations : Mélanie Ambombo

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