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© Correspondance : Abbo A Beyeck
- 18 Nov 2025 08:28:59
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Cameroun octobre 2025 : Et maintenant, que faire ? :: CAMEROON
Pour la première fois depuis Mai 1955, le peuple camerounais s’est soulevé dans toutes les régions du territoire national. Les manifestations pacifiques largement spontanées étaient le premier acte décisif posé en vue de la Transition du régime UNC-RDPC vers un régime politique au service des aspirations des populations et de l’intérêt national.
Le scrutin présidentiel du 12 octobre 2025 était l’occasion de poser cet acte, et la « vérité des urnes » la condition nécessaire de mettre en œuvre le processus de Transition dans le respect de l’ordre constitutionnel en vigueur.
Comme attendu, la bande criminelle dont le président sortant Paul Biya est l’otage volontaire a répondu le 27 octobre qu’il ne saurait être question d’alternance, ce, au prix de centaines de morts et blessés et de milliers d’arrestations arbitraires de jeunes mineurs et adolescents. Où en est le « Peuple du changement » ? Que faire maintenant et comment le faire ? Où en est le « Peuple du changement » ?
Le vainqueur du scrutin du 12 octobre 2025, Issa Tchiroma Bakary (ITB), n’a pas émergé comme leader du « Peuple du changement », ni avant le scrutin du 12 octobre 2025, ni après. Le choix des urnes s’est porté sur lui en tant que « vecteur » de la volonté du peuple camerounais de renverser l’obstacle RDPC dressé sur le chemin qui mène vers la souveraineté nationale, la cohésion sociale, le développement et le bien-être des populations. Le statut de leader du «Peuple du changement » s’applique au mouvement pour le Changement ; celui de « vecteur » du « chassement » du régime RDPC s’applique à la « vérité des urnes ». La confusion entre ces deux statuts est inconsciente chez beaucoup mais voulue et entretenue par certains.
Cette confusion doit être vaincue, car elle est porteuse d’errements stratégiques aujourd’hui et de graves désillusions sociales dans le futur.
Le « Vecteur » reste un moyen au service du Changement.
Que faire maintenant ? Garder le cap de la Transition politique Contre un régime criminel dépourvu de tout scrupule, la mobilisation et l’engagement des masses populaires dans la lutte constituent l’étape critique, l’étape la plus difficile à franchir sur la voie qui conduit vers la libération.
Sous le drapeau « vérité des urnes », les manifestations pacifiques déjà massives drainaient chaque jour plus de manifestants que la veille et gagnaient en ampleur dans toutes les régions du pays, débouchant par endroits sur un début de compréhension réciproque entre les manifestants et des éléments des Forces de répression.
La situation n’a pas changé. Elle ne changera pas, y compris dans le cas où le président ITB revu et corrigé par la grande famille Adamawa et les chancelleries Occidentales serait installé au palais d’Etoudi. ITB a invoqué la Côte d’Ivoire de 2010. Ce cas est particulièrement mal choisi.
En effet, c’est précisément le perdant du scrutin présidentiel, Alassane Ouatara, qui fut intronisé de force par une coalition Occidentale (Armée française, États-Unis d’Amérique, Représentant à Abidjan du Secrétaire Général de l’ONU) au détriment du véritable vainqueur du scrutin, Laurent Gbagbo.
Le Peuple du Changement doit donc garder le cap sur l’essentiel. Ce qui importe, c’est ce que le peuple camerounais attend de l’action de l’État pour que la Communauté politique nationale affirme son existence dans le monde, pour la cohésion sociale et l’unité nationales,pour le développement économique et le bien-être des populations, pour assurer des perspectives enthousiasmantes aux jeunes générations.
Les fondamentaux de cet essentiel portent un nom : la Transition politique, qui passe nécessairement par la Refondation des Institutions de la Nation. La Refondation consiste à définir les périmètres des Communs nationaux, régionaux, de l’intérêt général et, dans le cadre ainsi défini, poser la liberté comme principe, la liberté des personnes physiques et des personnes morales.
Les axes clés de la Transition sont rappelés ici :
Les fondamentaux de la Transition politique
1. Arrêt immédiat de la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest de notre pays (NO/SO).
2. Organisation d’un Dialogue National Inclusif (DNI), y compris des mouvements séparatistes du NO/SO. Le DNI aura pour missions :
a/ La nomination d’un Gouvernement de Transition, en charge de l’État pour une période de 2 à 3 ans. Si la « vérité des urnes » d’octobre 2025 devait prévaloir par un moyen ou un autre, à un moment ou un autre, la légitimité de ITB comme Chef de l’État et Chef du Gouvernement de Transition ne fait pas débat.
b/ la mise en place d’Assemblées chargées de préparer les bases du nouvel ordre institutionnel, des textes structurés par la volonté de souveraineté et de développement, cohérents avec un mode de gouvernance en accord avec l’âme négro-africaine. Ce sont, notamment :
b1. une assemblée chargée d’élaborer un projet de Loi Fondamentale (Constitution). Celle-ci devra comporter un article Constitutionnel portant sur la traque implacable de la corruption, des détournements de fonds publics, des abus de biens sociaux et des abus de pouvoir, ainsi qu’un statut juridique de Lanceur d’alerte. L’adoption de la Loi Fondamentale, par référendum, suivie de la mise en place des Institutions pérennes, marquera la fin de la Transition politique.
b2. Une Commission Création d’une monnaie nationale propre et sortie du système Franc CFA. Une monnaie souveraine est l’unique instrument connu de développement d’un territoire selon le modèle propre dont le pays se sera doté. Il n’existe pas de modèle universel de développement.
b3. Une Commission rédaction d’un Code des Investissements structuré par la volonté de construire les moyens d’exercice de la souveraineté, la montée en puissance des compétences des personnels nationaux, le développement et la prospérité du peuple camerounais.
3.Réappropriation, par décret, de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles.
La monnaie jouera pleinement son rôle par l’usage souverain de ces ressources encadré par un Code des Investissements adéquat.
4. Plus aucune présence militaire de pays impérialistes sur le sol national. La sécurité nationale et celle des dirigeants de l’État ne se sous-traitent pas.
Dénonciation de tous les accords prétendus « de défense » avec les puissances impérialistes, annulation de tous les contrats passés avec leurs mercenaires (Sociétés Militaires Privées (SMP)) et expulsion des prétendus « Conseillers ».
5. La gratuité de l’éducation et de la formation pour tous les jeunes gens, de la maternelle au niveau doctoral.
Réaliser des investissements massifs dans les domaines de la connaissance, des savoirs et savoir-faire scientifiques et techniques, stimuler et promouvoir l’esprit d’entreprise.
6. La voix du Cameroun comptera dans le monde si elle est portée par une entité politique puissante.
Voilà pourquoi la Transition doit s’inscrire dans la perspective d’une souveraineté sous-régionale partagée en matières de : sécurité & défense (architecture commune), monnaie-devise (transactions internationales), Code des Investissements (se prémunir contre la mise en concurrence des États membres), politique étrangère (diplomatie, politique commerciale).
La capacité d’action d’une souhaitable Confédération des États Souverains d’Afrique Centrale (CESAC) compétente en ces quatre matières sera infiniment supérieure à toutes les capacités correspondantes additionnées des pays membres, pour le bénéfice de chacun.
Comment faire ?
Comme l’Union des Populations du Cameroun en 1955, le « Peuple du Changement » vient de se heurter à une réalité universelle : la « vérité des urnes » ne compte que si le peuple a la capacité de la faire prévaloir. Nous ignorons quels sont les développements de la situation dans les semaines à venir. Cependant, l’expérience de la lutte pour la dignité accumulée à l’occasion d’octobre 2025 est cruciale pour la suite des événements. D’abord, la force du peuple réside dans le nombre, l’unité
d’action et la solidarité. A cet égard, un objectif clé récurrent des manifestations pacifiques est la libération des manifestants enlevés, arbitrairement arrêtés, incarcérés, humiliés et brutalisés dans les centres de détention et de torture. Ensuite, la nécessité pour les manifestants de s’organiser et de forger leur capacité de rechercher une compréhension réciproque avec les jeunes Officiers et Sousofficiers des Forces de répression dans le but de partager avec eux une vision commune de l’intérêt national. Enfin, la lutte pour le Changement ne se limite pas à quelques manifestations. Elle consiste en un enchaînement de manifestations sur un espace de temps où la volonté de faire prévaloir ses objectifs est suffisamment avérée. La nature de cette lutte consiste en la disposition à rester mobilisé et à manifester aussi longtemps que le Peuple du Changement n’a pas l’assurance d’avoir gagné.
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