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© Camer.be : Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
- 20 Jun 2021 02:00:00
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 20 JUIN 2021 par le Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
Frères et Sœurs,
Avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir comme une tempête qui se déchaîne dans votre tête ou dans votre cœur ? Tout semblait aller relativement bien ; vous avanciez en eau calme et tout d’un coup, la tempête s’est abattu sur vous… comme une douche froide, un déferlement de vagues, comme un typhon qui menace de tout emporter ; votre optimisme, votre joie de vivre, votre équilibre, votre quiétude, tout est bouleversé, et surtout vous-mêmes ; dans vos pensées, dans vos sentiments, dans vos actes, dans votre foi.
La nuit, impossible de trouver le repos, car le souci, les angoisses et la peur vous travaillent au corps et menacent de vous faire perdre la tête. Le jour, comme une obsession, vous ne pouvez penser à autre chose qu’à ce qui a généré la tempête dans votre vie. Vous avez l’impression d’être comme ballotté entre des hauts et des bas, des sentiments d’espoir et de désespoir, de raison et de déraison, de révolte et d’apaisement, d’énervement et de prostration, de dénégation et de prise de conscience cruelle : « mais si, c’est vrai ! Ce n’est pas qu’un mauvais rêve ! »
Quelque chose de radical a bouleversé votre vie, qu’il faut maintenant travailler : pour l’un ce sera un licenciement, pour un autre, un divorce, un accident, une maladie, pour un autre encore la perte d’un être cher. Pour d’autres encore ce sera un échec cuisant, une humiliation qui fait perdre la face et expose au mépris de tous ; ou une terrible dispute avec un parent, un collègue ou un voisin où l’on s’est dit des choses terribles et graves qui ont ouvert les hostilités pour longtemps. //
Une tempête s’est déchaînée dans ma tête et je n’ai qu’une envie, c’est que tout cela s’arrête, que je retrouve le calme et le repos. Plus rien ne sera comme avant ; je ne serai plus le/la même ; la tempête de ma vie y laissera des traces, des marques plus ou moins profondes, des blessures plus ou moins douloureuses et longues à cicatriser. Peut-être m’aura-t-elle fait perdre de la confiance en l’autre et le courage de m’ouvrir aux autres et de me livrer.
Une tempête fait rage en moi – et avec elle toute cette masse d’inconnu qui m’agite, m’oppresse. Elle bouleverse toute ma personne, mon âme, mes certitudes, mes espérances et mes joies. Elle révèle à mon présent tout ce que jusque-là j’ai voulu et réussi à cacher aux autres et à moi-même. Elle me met à nu et me fait découvrir en moi des possibles dangereux et destructeurs, pour moi-même et pour les autres. Si, dans ma vie, je donne trop de place à la colère, à l’amertume, à la jalousie et à la haine, alors je peux développer en moi des puissances proprement démoniaques. Le mal est comme une tempête, un ouragan qui rase tout sur son passage.
Dans la tempête je peux chavirer et sombrer. La tempête – quel que soit son nom - est toujours terrible et dangereuse : pour moi-même et pour les autres autour de moi. Il y a toujours le risque de sombrer, d’être anéanti et de périr.
Lecture de Marc 4, 35-41
Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque où il se trouvait, et il y avait d’autres barques avec lui. Survient un grand tourbillon de vent. Les vagues se jetaient sur la barque, au point que déjà la barque se remplissait. Et lui, à l’arrière, sur le coussin, dormait. Ils le réveillent et lui disent : « Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence ! Tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi avez-vous si peur ? Vous n’avez pas encore de foi ? » Ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient entre eux : « Qui donc est-il, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Quand la tempête se déchaîne en moi, j’ai besoin de quelqu’un comme Jésus. Il est avec moi dans ma barque ; embarqué dans la même galère. Dans ma peur, ma colère ou mon amertume, je sais que je peux le réveiller et qu’il apaisera la tempête. Il dit au vent qui me gifle le cœur et l’âme, et à la mer qui ballotte mes pensées et ma raison : « Silence, tais-toi ! » Et ce qu’il dit, se réalise : le vent se calme, l’horizon s’éclaircit, l’apaisement se fait. Avec lui je suis en sécurité.//
Frères et Sœurs, c’est vrai, nous n’avons plus Jésus avec nous, à nos côtés, comme les disciples. Mais en somme, nous avons aujourd’hui encore, les mêmes problèmes qu’eux déjà : Comme eux, nous faisons trop peu confiance au Christ Jésus.
Comme eux, nous sommes faibles et timorés, craintifs et peureux.
Comme eux, nous manquons de foi et d’espérance.
Et pourtant, depuis notre baptême Dieu nous dit : « Ne crains pas, je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. »
Depuis notre baptême le Christ nous dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » et encore : « Dans le monde vous aurez peur, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. »
Depuis notre baptême nous savons que ce n’est pas un Esprit de crainte et de peur que Dieu nous a donné mais un Esprit de force, de sagesse et de maîtrise de soi. Un défenseur et un consolateur.
Il est avec nous dans toutes les tempêtes. Même s’il dort et laisse la tempête se déchaîner, il est là. Et peut-être est-ce justement à ce moment-là qu’il est temps de le réveiller. Dans nos peurs, dans notre colère, dans nos jalousies, nos échecs et nos amertumes, nous pouvons crier à lui et le prier : Sauve-nous ! Sauve-moi ! Ne me laisse pas seul dans ma colère, ne me laisse pas seul dans ma haine, ne me laisse pas seul dans ma crainte et ma peur, ne me laisse pas seul dans mes échecs et mon amertume, ne me laisse pas seul dans ma douleur et ma souffrance. Viens à mon secours, réponds-moi ! Aide-moi, sinon je vais périr !
Qui n’a jamais eu envie de crier ainsi vers Dieu ? Qui n’a jamais crié ainsi vers Dieu quand la barque de sa vie, de son couple, de sa famille, de son travail, que sais-je encore, était en danger ?
Et qui n’a jamais fait l’expérience de la présence de Dieu dans sa barque au moment de la tempête, certes pas forcément comme on le souhaitait, mais présent, proche, disponible, fut-ce en dormant ?
Les disciples font appel à lui, et lui Jésus se lève et ordonne à la mer, comme au commencement du monde, de se calmer. Un apaisement ; un nouveau commencement.
La prière est une force que nous mésestimons souvent, pensant que de toute façon, Dieu ne nous entend pas. Nous pensons qu’il dort, alors qu’il veille ; nous le croyons absent, alors qu’il est le pôle apaisant et rassurant dans la barque de notre vie. Discret mais présent ; silencieux mais à notre écoute.
Il n’empêche pas les tempêtes de s’abattre sur nos vies, mais il nous accompagne au travers de toutes les tempêtes. C’est pourquoi nous sommes peut-être parfois malmenés mais pas anéantis, blessés mais pas morts ; secoués mais pas détruits.
Il n’empêche pas les tempêtes de s’abattre sur nos vies, car c’est dans ces temps de crise que nous pouvons naître à notre véritable vocation de fils et filles de Dieu ; naître à une humanité plus vraie et plus profonde ; naître à plus de compréhension et de patience ; d’amour et de pardon. Devenir plus accessible, plus sensibles et plus vrais. La tempête, c’est vrai, fait mal en arrachant les repères, les cuirasses et les barricades que nous nous construisions pour exister à nos propres yeux et à ceux des autres ; mais elle nous révèle aussi pleinement à nous-mêmes dans toute notre vérité. Seul résiste ce qui a véritablement un fondement et des racines profondes. Tout le reste, l’accessoire et l’artificielle sont arrachés : / un dépouillement qui s’apparente à une libération ? // À un retour vers l’essentiel ? //
Dieu n’empêche pas les tempêtes de s’abattre sur nos vies, mais il les empêche de nous détruire définitivement, si nous faisons appel à lui. Il nous apaise et nous donne le repos ; il nous met au large et nous conduit plus loin. Cela nous est assuré par le texte de ce jour.
Quant à savoir quand et comment la tempête s’apaisera, la réponse appartient à chacune et chacun de nous. L’apaisement est souvent un processus long qui naît de la prière et du dialogue constant avec Dieu qui seul est notre paix et qui seul peut la donner. « Demandez et vous recevrez », cela est tout particulièrement vrai pour cette paix intérieure que nous ne pouvons pas nous donner nous-mêmes ; cette paix et cette pacification de nos sentiments et de nos pensées qui est don et grâce de Dieu dans nos vies ; réponse de Dieu à notre prière.
Une chose encore, me semble-t-il, doit être mis en mot : Peut-être, cela nous choque-t-il que Dieu ne nous préserve pas des tempêtes qui s’abattent sur nos vies. Peut-être les avons-nous vécus comme une profonde injustice et en avons-nous déjà voulu à Dieu et à la terre entière, d’avoir été ainsi malmenés.
Mais bien-aimés dans le Seigneur, voulons-nous vraiment d’une vie où toute difficulté et tout malheur nous seraient épargnés ? Voulons-nous vraiment d’une vie où il n’y a que bonheur et contentement ?
Si nous pouvions menez une telle vie de cocagne, qui serions-nous, en vérité ? De quelle humanité, de quelle compassion, de quel amour, de quelle patience, de quel pardon serions-nous capables ? //
Il ne s’agit pas de se souhaiter des tempêtes ou des ouragans ; il ne s’agit pas d’être masochiste au point de se souhaiter les épreuves et des souffrances. En soi, les épreuves et la souffrance sont absurdes. Mais il s’agit pour nous de les vivre avec le Christ pour que – envers et contre tout - elles puissent prendre sens et paradoxalement, nous enrichir, nous aider à grandir en humanité et à mûrir spirituellement.
Il ne s’agit donc pas non plus de se souhaiter d’être préservé de toute tempête, mais de recevoir tous les instants de notre vie, comme le Christ, là dans la barque, avec calme et sérénité ; dans la confiance absolue au Père qui prend soin de ses enfants ; avec la certitude que nous ne pourrons jamais tomber plus bas qu’entre les mains de Dieu.
Seuls, nous n’y parvenons pas. Mais Christ est là avec nous dans la barque de notre vie. Il nous apprend le calme dans la tourmente ; la confiance dans la tempête ; la sérénité dans l’épreuve qui naît de cette certitude que donne la foi, d’être pleinement et totalement entre les mains du Père. Amen.
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