Affi N’guessan ose critiquer Alassane Ouattara
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Invité à l’ouverture des assises du 2è congrès ordinaire du Cojep qui se sont tenues, voici une semaine, à Abidjan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, qui fut longtemps bras droit de Laurent Gbagbo avant de  s’allier au parti présidentiel., a critiqué le programme de réconciliation d’Alassane Ouattara « bâclé », selon lui.
 
Un début de révolte ? Toujours est-il qu’Affi N’guessan, le président du FPI a critiqué, vendredi, à Abidjan, la politique de réconciliation nationale d’Alassane Ouattara qu’il a accusée d’être « inachevée » ou, tout simplement, d’être « bâclée », en évoquant le sort des prisonniers de la crise politique de 2011 qui croupissent encore en prison, treize années après. Le président du FPI était invité à la tribune du deuxième congrès ordinaire du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité (COJEP) de Charles Blé Goudé qui s’est tenu à Abidjan.
 
« Le processus de réconciliation nationale a fait des progrès, mais nous aurions tort de croire qu’il est achevé. Sinon : pourquoi tous les compatriotes civils et militaires arrêtés dans le cadre des crises que le pays a connues, ne sont-ils pas libérés après avoir passé plus de 10 années en prison ? (…) Pourquoi l’esprit de clans continue-t-il d’orienter l’action publique, d’envahir les institutions de la République, de gangréner notre démocratie ? (…) En vérité, la réconciliation nationale a été bâclée. Les plaies psychiques, psychologiques et morales ne sont pas toutes cicatrisées. La Côte d’Ivoire vit dans l’hypocrisie d’une trompeuse apparence de réconciliation », a expliqué l’ancien premier ministre de Gbagbo qui n’avait plus osé ce type de critiques depuis sa mise en liberté suite au rocambolesque épisode Conseil national de transition qui lui avait valu un tour dans les sous-sols de la présidence ivoirienne.
 
Cela dit, ces critiques interviennent au moment où FPI et RHDP sont liés par un accord de partenariat politique. Mais si celui-ci avait permis plusieurs coalitions aux deux partis, lors des élections municipales et régionales du 2 septembre, ce rapprochement n’avait cependant pas vraiment souri au président du parti lui-même, puisque M. Affi avait perdu son siège de président de conseil régional du Moronou, le seul que détenait d’ailleurs le FPI. Alassane Ouattara n’avait pas non plus jugé utile de sauver le soldat Affi en élargissant son gouvernement à son nouvel allié. Ce manque d’attention avait plutôt surpris jusqu’autour du « lion du Moronou », le pseudonyme d’Affi N’guessan.

Le gouvernement Mambé s’était d’ailleurs refermé sur les dernières illusions du projet de réconciliation nationale, puisque ni le portefeuille ni son détenteur, Bertin Kouadio Konan, n’avaient été reconduits. On peut donc penser que la critique sur la réconciliation bâclée ne s’adresse pas exclusivement à la défunte commission de la réconciliation nationale de feu Charles Konan Banny, qui s’était déjà publiquement plaint de la mauvaise exploitation de ses conclusions par M. Ouattara.
 
LE ROITELET EST NU
 
Le président du FPI n’a donc plus que son siège de député de Bongouanou sous-préfecture comme la seule marque de sa fragile légitimité. Il est néanmoins assuré de ne pas trouver d’adversaire au sein de son appareil et devrait logiquement se faire réélire à la tête du FPI, lors du prochain congrès ordinaire, puis comme le candidat du parti à la présidentielle de 2025 à la convention de désignation des candidats. Car l’ancien premier ministre aime s’accrocher. Sans doute autant que ceux qu’il accuse de s’être fait une monture pour se voir déifié.
Isolé à gauche, il avait d’abord misé sur un rapprochement avec Alassane Ouattara, en espérant être associé à la gestion du pouvoir. Mais les faits sont en train de lui donner tort, puisque le voilà obligé à présent d’oser la critique contre un Ouattara qui aime plutôt soumettre ses amis et ses alliés.
 
AFFI, l’EDGARD FAURE IVOIRIEN
 
A quelle sauce risque-t-il alors d’être mangé après ce genre de coup de gueule que Ouattara n’a pas l’habitude de laisser passer ? Difficile de le dire, et même de présager la prochaine pirouette du président du FPI, tant il sait s’y faire. N’empêche que celle qui avait clos le houleux épisode du CNT, en novembre 2020, avait néanmoins surpris les Ivoiriens. Cette année-là, Affi N’guessan qui venait d’être libéré de la prison pour avoir mené, aux yeux du pouvoir, le comité national de transition à attenter à la sûreté de l’Etat et à comploter contre le président ivoirien, s’était retrouvé, quelques jours seulement après, à le représenter aux funérailles de Jerry Rawlings. Apparaissant, du coup, comme version ivoirienne de l’homme politique français, Edgard Faure. Lequel se plaisait à dire que « ça n’est pas la girouette qui tourne, mais le vent » !

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