La révolution des abeilles
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À l’heure où je vous parle, la température est en train de monter au Cameroun et les semaines qui arrivent s’annoncent trépidantes, bouillantes et même dangereusement piquantes. On les a même déjà baptisées « La révolution des abeilles »…

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’une énième révolution comme d’habitude. Sauf que cette fois-ci les choses s’annoncent plus sérieuses, puisque Maurice Kamto et ses affidés ne font que répéter que « Lorsque l’heure est arrivée, alors elle est arrivée ! »

Et donc depuis le 24 août et son ultimatum à l’endroit du chef de l’État, il y a eu la convocation du collège électoral pour les élections régionales qui sont fixées au 6 décembre. Et dès lors le MRC s’est retiré de tous les médias, et ses militants ont appelé à la mobilisation générale. Ils ont commencé à mener une campagne tapageuse sur les réseaux sociaux afin de rassembler toute la diaspora le 19 septembre, et puis tout le peuple camerounais trois jours plus tard.

Mais ce qui m’étonne c’est qu’ils n’y vont pas par quatre chemins hein, puisque leur leitmotiv est invariable et formel : chasser Paul Biya du pouvoir !

Comment ça a commencé ?

Ça avait commencé depuis les élections présidentielles du 7 octobre 2018. À l’issue desquelles, dès le lendemain, Maurice Kamto s’était déclaré vainqueur. Il avait même admonesté notre président de la République en lui « accordant » le droit de grâce, et en lui promettant l’asile politique et une retraite imperturbable. Et ensuite il y a eu les marches du 26 janvier 2019. Il y a eu la cuisse de Célestin Djamen qui a été charcutée par une balle réelle ou irréelle, et dans la foulée on avait embastillé tous les leaders du MRC qu’étaient Maurice Kamto, Albert Dzongang, Paul-Éric Kinguè (il a démissionné du parti depuis sa sortie de prison) ou encore Christian Penda Ekoka.

Ce « petit parti politique » comme le qualifie Paul Biya, avait poursuivi en boycottant les élections législatives et municipales de février 2020, et en exigeant la résolution de la crise au NoSo. Il s’était aussi distingué en multipliant les mouvements contestataires, en défiant le gouvernement dans sa gestion de la pandémie du coronavirus, et en continuant à proférer que Maurice Kamto demeurait le seul président « élu » et légitime de la République du Cameroun…

Que prévoit la riposte ?

Il s’agit d’une riposte musclée comme d’habitude. Sauf que cette fois-ci la Gendarmerie est déjà positionnée dans les carrefours, puisque le ministre de l’administration territoriale (il s’appelle Paul Atanga Nji) était rapidement monté au créneau pour donner des avertissements : « En tapant sur une ruche d’abeilles, vous savez ce qui vous attend lorsque vous ne pouvez pas fuir. »

Quel sacré proverbeur !

Bref, la riposte est déjà en place. Les policiers et les gendarmes ont déjà commencé à fourbir leurs munitions, et nul doute que leur réaction sera disproportionnée adaptée à la menace. Les militaires sont probablement au garde-à-vous eux aussi, et après « Clean Bamenda » ils vont certainement procéder à « Clean Yaoundé » et surtout « Clean Douala ». Les gouverneurs des régions du Centre et du Littoral ont d’ailleurs pondu un arrêté dans lequel ils interdisent toute manifestation publique non autorisée, mais est-ce que ces manifestations-là avaient jamais été autorisées auparavant ?

La température est en train de monter comme je vous ai dit tout à l’heure, et cela dans les deux camps. Les ravitaillements en gaz lacrymogènes et en canons à eau ont déjà été indiscutablement faits, et la police anti-émeute révise tranquillement ses gammes. Il y avait eu les villes mortes de 1992, la contestation contre la modification de la Constitution en 2008, et j’ai bien peur que nous abordions là la troisième grande révolution sous l’ère Biya le mardi 22 septembre 2020…

Sommes-nous vraiment à l’aube d’un changement ?

Nous voulons tous le changement ! Mais à quel prix ? Au prix de la mort ? Au prix du sang ? Au prix de l’indigence populaire et de l’enrichissement personnel de certains manipulateurs ?

Nous voulons tous le changement, qui que nous sommes ! Ça fait partie de la nature humaine dans laquelle la seule chose qui ne change pas, c’est l’envie de changement. Mais est-ce que nous devons changer pour changer ? Est-ce que nous devons casser notre pays pour le changer ? Est-ce que nous devons remplacer Ahmadou Ahidjo par Paul Biya, et puis regretter notre premier président pendant plus de trente-huit années aujourd’hui ?

Je pense que non. Je crois que nous devons demander une nouvelle page dans l’histoire du Cameroun, et que ceux qui tiennent les manettes doivent nous permettre de réclamer paisiblement ce changement. Je pense que c’est une histoire de dialogue. Je pense que nous sommes déjà proches de la rupture. Je suis du même avis que mon ami Pierre « La Paix » Ndamè qui sollicite aussi le changement l’alternance, mais comme son nom l’indique il est d’abord et surtout–un partisan de la non-violence.

Nous n’avons qu’un seul pays qui s’appelle le Cameroun. Il nous appartient à nous tous. Nous avons cette nationalité et ce patriotisme qui nous sont si chers. Nous avons l’avenir et la destinée de tous nos enfants. Nous demandons l’amélioration de notre vie quotidienne et le respect de tout le peuple camerounais. C’est tout !

La révolution des Camerounais

Donc à l’heure où je vous parle, la température est en train de s’incrémenter au Cameroun et les journées qui arrivent s’annoncent trépidantes, tumultueuses et même dangereusement venimeuses. C’est pour ça qu’on les baptisées « La révolution des abeilles »…

La révolution du MRC ! C’est une énième contestation populaire de la part de ce têtu parti politique qui se prépare, et elle a déjà reçu le soutien de certains opposants véhéments tels que Kah Wallah ou encore Mboua Massock. La révolution de Maurice Kamto ! Après avoir tenté de prendre le pouvoir le 8 octobre 2018, ce professeur spécialisé en Droit constitutionnel projette de renverser le régime de Yaoundé par des manifestations géantes. La révolution des abeilles rencontrera une réaction répressive, puisque Paul Atanga Nji vous avait déjà prévenus : « Celui qui vend les œufs ne doit pas provoquer la bagarre ».

Alors c’est tout le Cameroun qui est pris en otage, puisque nous ne savons pas encore concrètement ce qui va réellement se passer le 22 septembre. Mais quelque chose me dit qu’on se souviendra longtemps de la révolution qui est en train de se préparer…

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