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© Kalara : Emille Kitong
- 25 Jul 2020 13:20:00
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CAMEROUN :: Polycarpe Abah Abah en régime d’isolement au SED :: CAMEROON
La tradition a été respectée comme toujours lorsque l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, M. Polycarpe Abah Abah, comparaît devant le Tribunal criminel spécial (TCS). C’était encore le cas vendredi, 10 juillet dernier. Un vrai détachement des gendarmes lourdement armés, en cagoules et pare-balles apparents, était mobilisé pour surveiller chacun de ses pas, alors que celui qui fut Directeur des impôts est venu prendre part à la suite du procès dit du «volet 2 de l’affaire Cameroon Radio Television (Crtv». Dans cette procédure judiciaire qui l’oppose à l’Etat du Cameroun, il passe en jugement avec M. Amadou Vamoulké, ancien DG de cette entreprise, et Mme Essomba, ancienne directrice de l’agence marketing de la même compagnie.
L’événement, si on ose dire, au cours de cette audience a été la prise de parole de M. Abah Abah pour s’adresser aux juges : «Jusqu’à présent, je ne peux pas travailler avec mes avocats et je suis très embêté. La préparation d’une audience nécessite que je travaille avec eux. Je l’ai déjà soulevé la dernière fois ici et rien n’a changé. J’espérais que le ministère public allait se rapprocher du Service central des recherches judiciaires (Scrj) du SED (Secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie) pour régler ce problème. Comment pourrais-je me défendre si je ne peux travailler avec mes avocats ou les contacter ? Pour l’instant, je ne peux que les rencontrer ici le jour de l’audience. J’espère que l’administration compétente pourra résoudre ce problème».
Le président du collège des juges a dit avoir pris note, en précisant que le représentant du ministère public l’a également noté. Le procès en lui-même a fait du surplace, alors qu’il devait connaître de la suite de l’audition de M. Amadou Vamoulké par son avocat, un exercice démarré lors de la précédente audience. En fait, l’animateur de cette audition, Me Pondi Pondi, l’un des trois avocats de l’ancien DG de la Crtv n’était pas disponible. Dans une correspondance adressée deux jours plus tôt au président du TCS, l’avocat explique qu’il est appelé à prendre part à la cérémonie de prestation de serment comme avocat de son fils le jour de l’audience, avant de formuler une demande de renvoi de la suite de l’affaire. Une demande à laquelle aucune des parties au procès ne s’est opposée.
«Il serait mal venu qu’on ne lui concède pas le renvoi sollicité», a par exemple sobrement observé le Représentant du ministère public à la suite de la lecture de la correspondance de son contradicteur. Dans cette affaire, les accusés répondent d’un présumé détournement de deniers publics d’un montant global de 3,9 milliards de francs, les charges les plus lourdes étant mises sur les épaules de M. Vamoulké.
Le procès reprend le 7 août prochain en principe, dans l’espoir qu’il n’y aura pas de défection ni dans les rangs des accusés, ni dans celui des avocats. Rappelons que M. Abah Abah est détenu dans l’enceinte du SED, baptisée «prison secondaire de Yaoundé». Il est donc sous la garde des gendarmes, lesquels peuvent prétexter de tout pour violer impunément les droits à la défense des personnes placées sous leur garde.
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