Regards, Drame à Douala: Les toilettes de la mort
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Ce qui vient de se passer dans l'agence de voyage Finexs à Douala, la capitale économique du Cameroun donne des sueurs froides, car le gendarme mort souhaitait juste se soulager d'un besoin naturel.

Alors que des personnes décèdent de Covid-19, du diabète, de paludisme, etc. D’autres en très bonne santé meurent à cause d’une pièce de 100 fcfa.

Ce drame de plus, un drame de trop que celui qui est survenu ce jour à l'agence Finexs Voyage de Douala interpelle nos consciences sur le côté sacré de la vie humaine.

Le gendarme en civil était en mission à Douala et s'apprêtait à rentrer sur Yaoundé. Dans l’attente du départ de son bus, il est allé se soulager dans les toilettes de Finexs voyage. N'ayant pas 100frs sur lui pour payer l'utilisation des toilettes, il tend un billet pour la monnaie. Ce qui provoque une chaude discussion qui finit par une chaude bagarre. Le pauvre gendarme en civil est mort après son passage aux toilettes de la mort....oui , les toilettes de la mort.

Comment dans ce pays, sommes-nous arrivés à un tel niveau de cruauté ?

Cette violence aveugle qui est devenue le lot quotidien au Cameroun est à nos yeux le symbole d'une réalité rebutante et indécente. Celle de l'impuissance d'un peuple face à une politique honteuse d'impunité qui bat de l'aile .

Nous ne nions pas notre imperfection, nous n'allons pas non plus attaquer ceux de l'autre côté, les compatriotes engagés, qui se battent depuis des années pour le bien être des Camerounais car où que nous soyons, le Cameroun ne mérite pas cela ! Mais nous allons essayer de porter une voix qui s’élève par rapport à l’agonie de notre Cameroun.

Le peuple camerounais vit dans une violence quotidienne depuis des décennies. Une violence entretenue par ceux qui les dirigent.

Cette violence a souvent et dans la plus part des cas été entretenue par les forces de l’ordre . On les a souvent vu, ouvrir le feu à bout portant sur des manifestants, exécuter extrajudiciairement des citoyens à mains nues, brûler des villages entiers, massacrer en toute impunité les populations etc. Avec la récurrence de cette attitude, les hommes en tenues aux yeux des populations ne sont plus des protecteurs, mais des oppresseurs avec pour corollaire le développement du sentiment de la haine chez les populations.

Pour reprendre Nganchop Narcisse dans l’une de ses sorties sur le même sujet,«Le crime de ce jour, l'acharnement avec lequel ces personnes ont battu sur ces gendarmes est une petite partie de l'iceberg du sentiment profond de tout un peuple»

L’enquête ouverte par la Légion de gendarmerie du Littoral, a déjà conduit à l’interpellation d’une dizaine de personnes dont le chef d’agence Finexs de Douala

Ne soyez pas surpris, si les assassins de ce gendarme recouvrent la liberté quelques jours après leur interpellation. Nous sommes dans une république où le coupable monnaye sa liberté, où le coupable bien que les faits qui lui sont reprochés soient fondés après un aveu, est dans la plupart des cas extirpé de sa cellule et envoyé  à l'étranger ou ailleurs dans l’arrière pays.

Nous sommes d'accord avec A. Lincoln quand il dit : « Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors un lâche. » Il est plus que jamais temps de dire tout haut notre mécontentement !

Le Cameroun est en quête de quiétude. Le règne de l'impunité érigé en norme par le pouvoir en place y est responsable de la délinquance sociétale pour une large partie en créant un environnement instable.

Nous dénonçons le dysfonctionnement de l’Etat qui, au lieu de faciliter la recherche du travail, de partager équitablement les richesses du pays, crée l’insécurité et entretient l’impunité .

Depuis des décennies on ressent chez nous ce besoin de vivre la paix sociale. Les hauts responsables de l’Etat ont ils le courage de passer une semaine en brousse sans leurs conforts quotidiens et y affronter, sans aucune garde rapprochée, la peur au ventre chaque fois qu’il fait nuit ? Nos dirigeants, élus ou de facto, ont ils vraiment pris conscience de la gravité, de l’ampleur du dégât qu’ils ont causé ? Ont ils pris le temps de se taire et d’écouter le peuple ? Ont ils à cœur cette paix sociale sans laquelle rien ne va ? Hélas, les faits et leurs agissements ont toujours montré une réponse généralement négative !

Certes, on a eu des gouvernements successifs mais ils étaient là juste en apparence. Le paraître, dans notre situation, s’explique par deux choses.

Primo, il cache bien l’incompétence et l’incapacité à gouverner.
Secundo, il masque le fait de gouverner en priorité (voir exclusivement) ses propres intérêts. Souvent les deux vont de paire.

D’un coté, on n’a jamais gouverné notre pays. Gouverner c’est prévoir. L’a-t-on réellement fait ? Gouverner c’est ne pas se servir soi-même, c'est de rendre les institutions fortes ! En agissant de la sorte, nos politiques sèment eux mêmes les germes d'un volcan qui risquera un jour d'éclater et tout balayer sur son passage.

Ce gendarme qui vient de trouver la mort dans les circonstances atroces à Douala témoigne du caractère ubuesque de la société camerounaise. Il a trouvé la mort à la suite d'un besoin naturel pressant. Il n'a pas trouvé la mort sur un champ de combat mais.....au sorti des toilettes de la mort. Nous sommes vraiment dans un "cabinet".

Quand le peuple ne dit rien, ça ne veut pas dire qu’il est d’accord ! Son silence est un cri strident. Il faut être humble pour l’entendre !

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