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© rolandtsapi.com : Roland TSAPI
- 04 May 2020 10:51:00
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CAMEROUN :: Covid-19 : l’épreuve des lobbies économiques :: CAMEROON
La pandémie du corona virus qui s’abat sur le monde aujourd’hui n’est pas la première de l’histoire. Par le passé, l’humanité a fait face à plusieurs autres pandémies, et leur progression ou simplement leur arrêt a toujours été le résultat de l’approche initiée dans la lutte. Parmi ces maladies à propagation rapide avec autant de dégâts, on cite la peste de Marseille. Dans un article publié dans le site internet Mediapart, le journaliste Jean Pierre Boudet titrait le 23 mars 2020 « Coronavirus et grande peste de Marseille en 1720, mêmes erreurs! » Il affirmait d’entrée que la peste de Marseille « révéla encore une fois le mauvais côté d’une petite partie de l’humanité avide d’argent avant tout. Nous payons actuellement avec le coronavirus, le prix de la guerre économique que se livre le monde, et de la concurrence non faussée. On bénéficie du ruissellement comme certains l’avaient promis. Hélas, c’est le virus qui ruisselle et ce n’est pas ce qui était prévu! La maladie contagieuse de Marseille, en 1720, est le résultat d’une suite de négligences et de passe-droits. Elle arriva sur un bateau contenant des marchandises appartenant à quelques élus et marchands de la ville qui, pressés de gagner de l’argent, ne respectèrent aucune consigne de sécurité. »
Pressions des lobbies économiques
De l’histoire de cette peste de Marseille, l’on apprend que le 25 mai 1720, le bateau baptisé le Grand Saint-Antoine, un bateau de retour de Smyrne, accoste au port de Marseille. Dans son parcours, le navire avait chargé des tissues à Damas et à Smyrne, et des passagers avaient été embarqués à Chypre en avril 1720. Il avait également fait escale dans plusieurs ports où l’épidémie sévissait non loin, comme Seyde (Sidon) ou Tripoli actuel Liban. Le navire contenait des étoffes probablement infectées par le bacille de Yersin. D’après le récit de Jean Pierre Boudet, « l’un des passagers embarqués à Chypre meurt au bout de quelques jours. Cinq personnes dont le médecin du bord, perdent la vie pendant la traversée.
Le capitaine du navire, inquiet de ces décès fait escale à Toulon, où il demande aux propriétaires de la cargaison ce qu’il doit faire. Le vaisseau repart pour Livourne en Italie où l’accès du port lui est refusé. Retour sur Marseille, nouveaux décès en mer. Le malheureux capitaine se rend au bureau de la santé de la ville pour mentionner les 9 décès survenus durant le voyage. Les autorités, poussées par les propriétaires de la cargaison font débarquer sans quarantaine les marchandises à l’infirmerie. Le bateau et son équipage sont envoyés à l’île de Pomègues. On falsifie les déclarations du capitaine et les malades seront officiellement morts des suites d’une mauvaise alimentation. »
Bref d’après lui ; « On se débrouilla alors pour débarquer les marchandises le plus vite possible car la foire de Beaucaire était proche. » Comme conséquence, l’arrivée précipitée des marchandises dans différents quartiers de la vile provoqua une catastrophe sanitaire incontrôlable : « La cupidité, la course aux profits rapides de certains élus et marchands d’alors de la ville de Marseille, qui s’affranchirent des mesures de sécurité que l’on imposait au commerce international, provoquèrent une épidémie très contagieuse qui reste dans quelques mémoires. »
Au comptage, entre 30 000 et 40 000 décès sur 80 000 à 90 000 habitants de la ville. La maladie s’étendit aussi dans toute la Provence, où elle fit entre 90 000 et 120 000 victimes sur une population de 400 000 habitants environ, et ce malgré les mesures drastiques qui furent prises pour endiguer la bactérie responsable de la maladie. En définitive, les historiens, qui rapportent les différents rapports des autorités sanitaires de l’époque, sont unanimes pour dire que c’est l’appât du gain qui a favorisé la propagation de la peste marseillaise. Les intérêts économiques d’un groupe avait fortement influencé la décision des politiques, de libérer l’économie.
Ecoulement de la bière et des liqueurs comme priorité
Aujourd’hui au Cameroun on semble être dans un cas de figure pareil. Tout le monde, sauf le gouvernement, est unanime sur le fait que re autoriser l’ouverture des boites de nuit et les lieux de loisir en nocturne est suicidaire. Pour une raison au moins, c’est que si les populations ne sont pas déjà assez disciplinées en ce qui concerne le respect des mesures barrières quand elles sont lucides, ce n’est pas quand elles seront dans un état éthylique avancé dans les boites de nuit et autres snacks bars qu’elles vont l’être. Et bienvenue la contamination à grande échelle.
Le gouvernement annule la célébration des fêtes du 1er mai et du 20 mai, mais autorise le regroupement dans les débits de boissons, boites de nuit et snacks bars, où l’on peut passer toute la nuit, alors qu’il pouvait symboliquement organiser une fête qui dure une heure et l’on se sépare. De là à se poser la question de savoir, quelle est la logique qui guide les décisions gouvernementales finalement, à qui profite cette réouverture?
La réouverture des lieux de loisirs au-delà de 18h va surtout permettre l’écoulement des produits brassicoles, les liqueurs et les vins importés d’ailleurs. En maintenant cette mesure, les propriétaires des boites de nuit, snacks et restaurants ont-il la possibilité de se reconvertir dans d’autres activités ? Oui. Les brasseurs, importateurs des vins et liqueurs peuvent-ils écouler autrement leurs produits et marchandises au même rythme? Pas sûr. De là à conclure que c’est à ces derniers que profite la levée de la restriction gouvernementale.
Ce gouvernement a-t-il sacrifié la santé des populations sur l’autel des intérêts économiques des lobbies brassicoles ? Dans une publication dans les réseaux sociaux, un internaute dit que « la grande peste de Marseille est un énorme avertissement aux gouvernements de ne jamais donner la priorité à «l’économie» avant les vies humaines et la santé publique. Cela peut être une erreur très coûteuse. Nous pouvons toujours reconstruire l’économie. Mais nous ne pouvons jamais ressusciter les morts. »
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