«CE QUE PAUL BIYA ET LE GOUVERNEMENT DOIVENT FAIRE PAR RAPPORT DU COVID 19»
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Les Ateliers du discernement, le Laboratoire d’éthique, de politique et d’esthétique de Yaoundé, Vu la crise sanitaire actuelle et la psychose dans laquelle vivent les citoyens, Considérant la menace que fait peser le COVID 19 sur les populations et l’économie camerounaises, Considérant l’impératif de coordonner les initiatives et les actions pour enrayer la pandémie menaçante, Soucieux de contribuer de manière constructive au débat sur cette crise virale,

Déclarent,

Pour entreprendre des réformes d’envergure, pour réaliser efficacement des projets sociaux ou politiques bénéfiques à son peuple, un pouvoir politique doit avant tout se rendre crédible aux yeux de celui-ci et à la face de son administration. En principe, les actions gouvernementales sont sous-tendues par une stratégie bien pensée dont l’enjeu ultime est de domestiquer les urgences en anticipant sur les crises éventuelles que le pays traverserait et les conséquences de celles-ci sur le peuple. Dans le cas de la guerre contre le COVID 19, les réponses que le gouvernement a apportées, à la suite des mesures prises par le Recteur de l’université de Yaoundé I, sont indiquées mais elles vont se révéler inefficaces et anticonstitutionnelles à moyen terme si l’épidémie se répand dans la population. Aussi préconisons-nous six (06) séries de mesures fortes pour lutter contre cette infection virale : déclarer l’état d’urgence ou d’exception (1) ; créer un état-major de guerre contre le COVID 19 (2), se doter d’un fonds spécial de crise pour le financement de la guerre contre le COVID 19 (3), concevoir un plan de bataille global conséquent pour contenir la pénétration du virus sur le territoire (4), éviter un confinement total de l’ensemble de la population (5) ; stopper l’effusion de sang au NOSO et financer la vie et l’espoir au niveau national.

1. DÉCLARER L’ÉTAT D’URGENCE OU D’EXCEPTION

Le Président de la République doit impérativement déclarer la guerre au COVID 19 en déclarant l’état d’urgence ou l’état d’exception, conformément aux dispositions de l’article 9 de la Constitution. Le texte qui accompagne cette déclaration doit être de portée juridique pour que les actions gouvernementales soient fondées en droit et que les agents publics en charge de leur mise en œuvre soit protégés par la loi. En dehors d’un tel cadre normatif, réglementaire ou législatif, les actions radicales du gouvernement sont anticonstitutionnelles, donc illégales. Il en est ainsi de la mesure 10 prescrite par le Chef du gouvernement, Dr Dion Ngute, qui porte sur la réquisition des propriétés privées et des biens des particuliers. De telles mesures pourraient s’avérer très coûteuses à l’État, advenant que l’autorité habileté à prononcer ces mesures n’ait pas décidé d’une période de non-droit susceptible de justifier ces réquisitions. La réquisition des entreprises est nécessaire à la production des médicaments, des masques et des gants, les trois produits dont nous avons cruellement besoin dans ces moments fatidiques.

2. CRÉER UN ÉTAT-MAJOR DE GUERRE CONTRE LE COVID 19

L’état-major de guerre contre le COVID 19, constitué de médecins, anthropologues, économistes, sociologues, scientifiques, juristes, philosophes, etc., joue le rôle d’un Comité scientifique interdisciplinaire national de crise. Cet état-major de guerre doit inclure les sommités nationales dans divers domaines reconnus par les pairs et apprécié pour leur intégrité. Il faut impérativement associer des experts crédibles des sciences et des lettres pour penser cette pandémie avec un regard neuf, contextualisé.

Cette entité de crise devrait travailler avec les experts des autres pays qui ont jusque-là affronté avec succès cette crise, notamment les Chinois, Japonais et les Coréens, pour obtenir les données épidémiologiques sur la maladie. Leur mission est aussi de concevoir des stratégies et des protocoles efficaces pour la prévention et le traitement du COVID 19.

3. SE DOTER D’UN FONDS SPÉCIAL DE CRISE POUR LE FINANCEMENT DE LA GUERRE CONTRE LE COVID 19

Dans la situation actuelle, le gouvernement doit se doter d’un fonds spécial de crise. Car outre le combat quotidien pour soigner les personnes testées positives au COVID 19, la priorité des pouvoirs publics doit être la guerre préventive, c’est-à-dire adopter des mesures en amont pour éviter la pénétration, la propagation incontrôlé du virus, et le confinement total de la population qui en est le corollaire. Le financement des mesures de confinement partiel peut dans ce cas s’avérer nécessaire dans les foyers viraux d’où émerge d’épidémie. Mais sans des mesures d’accompagnement des administrations, des entreprises et des ménages, les actions gouvernementales n’auront pas l’effet escompté, c’est-à-dire contenir la progression de l’épidémie. Elles peuvent même s’avérer contreproductives et conduire à des catastrophes. Les moyens financiers contenus dans ce fonds spécial de crise devraient provenir, entre autres, des ponctions dans les lignes budgétaires inopportunes et suspendues (bons de carburants des hauts commis, frais de missions, acquisition des biens meubles et autres), des dons et legs des milliardaires et partenaires internationaux et des économies réalisées suite à la fin de la guerre au NOSO (voir mesure No 6).

4. CONCEVOIR UN PLAN DE BATAILLE GLOBAL CONSÉQUENT POUR CONTENIR LA PÉNÉTRATION DU VIRUS SUR LE TERRITOIRE

On ne gagne pas une guerre sans stratégie de combat. Étant donné que les deux premières semaines d’incubation de la maladie sont asymptomatiques, il faut développer une vision rationnelle des difficultés à affronter et des actions à mener. Les priorités sont l’Hôpital, les campagnes, l’éducation et les médias :

Ø La place de l’hôpital

L’hôpital occupe une place centrale dans le dispositif de lutte contre le COVID 19. Médecins, infirmiers et personnels de santé sont mobilisés dans le combat. Nous préconisons :

- l’organisation des tests à grande échelle pour diagnostiquer de manière précoce les patients infectés ;

- la mise en place des équipes sanitaires mobiles de désinfection des zones à risque ;

- le renforcement du corps médical en rappelant tous les médecins et infirmiers en retraites et surtout l'amélioration de leur situation salariale ;

- la mobilisation de l'expertise de notre diaspora constituée majoritairement de médecins et d'ingénieurs pour nous permettre de moderniser les équipements et les infrastructures hospitalières.

Ø Dans les zones rurales : Outre la distribution des savons et des masques à tous les citoyens, nous conseillons des aides multiformes aux agriculteurs et aux éleveurs en vue de créer une dynamique qui ferait émerger de grandes zones agricoles. Ces dons, ajoutés à la mécanisation des techniques agricoles et d’élevage, peuvent booster la production locale et permettre d’éviter la famine.

Ø Au niveau de l’éducation : Nous recommandons l'éducation de proximité en intégrant et en formant (en urgence) les jeunes enseignants au téléenseignement. Par ailleurs, les pouvoirs publics, les entreprises et les hommes d’affaire devraient contribuer à améliorer la qualité du signal internet et la distribution du matériel informatique au corps enseignant et aux élèves/étudiants pour une e-éducation en substitution.

Ø Le rôle des médias : nous préconisons de multiplier les campagnes de sensibilisation au moyen de divers outils d’information et de communication, à savoir les médias audio-visuels publics et privés, les médias sociaux, etc.

5. ÉVITER UN CONFINEMENT TOTAL DE L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

Le confinement tous azimuts est problématique. Pour affronter efficacement le virus, il nous faut partir des principes de la rationalité moderne qui prescrit que pour résoudre un problème complexe, il faudrait le fractionner et l'étudier cas par cas, segment après segment. Le but est de regrouper les difficultés et, finalement, de trouver la solution générale qui découle des solutions primaires. C'est ce qui s'est appliqué en Chine, au Japon, en Corée du Sud pour endiguer la présente pandémie. Dans tous les cas, les autorités ont créé des zones de quarantaine hautement sécurisées dans les casernes militaires, les hôtels et les stades pour éviter la contamination à grande échelle.

À cet égard, le confinement total de la population comme « mesure idéale » imposée par la majorité des gouvernants n’est pas indiquée dans notre cas. Car dans la situation de précarité où le pays se trouve, les autorités devraient prendre en considération l'état de l’économie. Elle est majoritairement informelle (bendskineurs, bayam-salam, sauveteurs, call-boxeurs et autres). Aussi devraient-ils prendre des mesures alternatives de survie comme l'organisation des ravitaillements des produits de première nécessité avec le soutien des collectivités décentralisées et des chefferies, sous la supervision des autorités administratives et de la société civile.

6. STOPPER L’EFFUSION DE SANG AU NOSO ET FINANCER LA VIE ET L’ESPOIR AU NIVEAU NATIONAL

On sait par ailleurs que lorsque le moral est aux talons, le corps ne suit plus. Promouvoir la paix a l’avantage de stopper la psychose qui menace d’engloutir les citoyens et de prendre un contrôle mortuaire de leur vie. Arrêter la guerre revient surtout à économiser l’argent et la main-d’œuvre. Or, un homme stressé, désespéré, résigné est plus vulnérable que celui qui attend sereinement des lendemains meilleurs. On vit cent fois avant de mourir lorsqu’on espère, lorsqu’on persévère. En revanche, on meurt mille fois sans vivre réellement si l’on perd et l’espoir et la foi en un avenir moins sombre. Précisément, comme tous les virus qui tuent à grande échelle et qui causent des épidémies à l’échelle mondiale, la véritable menace que représente le COVID 19, ce n’est pas la toxicité virologique qu’il porte, c’est plutôt sa faculté à anéantir la flamme originelle de l’espoir chez les citoyens. Arrêter les massacres au Nord-ouest et au Sud-ouest devient donc une obligation juridique, éthique et stratégique pour le pouvoir d’Étoudi.

Au final, nous retiendrons que tout ce qui est fait actuellement au niveau des pouvoirs publics est limité, précisément parce que c’est fait dans la fébrilité et en l’absence de moyens matériels et humains conséquents susceptibles de garantir la victoire contre le COVID 19.

Yaoundé, le 24 mars 2020

Les Ateliers du discernement

Le Coordonnateur

Dr Fridolin NKE

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