Fonction publique : L’impossible hausse des salaires à court terme
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Malgré la maitrise des effectifs de la Fonction publique et une économie de plus de 30 milliards de FCFA par mois suite au comptage physique du personnel de l'Etat, le gouvernement n’est pas en mesure de satisfaire l’éternelle demande d’une revalorisation salariale des agents publics.

La question du traitement salariale des personnels de l’Etat refait surface dans le débat public. Cette fois, ce n’est pas sous la forme d’une revendication corporatiste, mais de recommandation. Dans une correspondance adressée au président de la République, reçue le 6 novembre 2019, le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac), Rev. Dr. Dieudonné Massi Gams, recommande « la révision du statut de la magistrature avec en prime la revalorisation des salaires des magistrats ». Le président de la Conac y voit un moyen pour prévenir et juguler la corruption dans la magistrature au Cameroun.

Cette sortie de la Conac n’est pas sans rappeler l’espoir que de nombreux agents publics ont exprimé à la suite de l'opération de Comptage physique du personnel de l'Etat du Cameroun (Coppe). Selon le ministère des Finances (Minfi), l’assainissement du fichier solde a permis à l’Etat de faire des économies de plus de 30 milliards de FCFA par mois. Des ressources que certains proposaient d’être redistribuées au personnel de l’Etat. Mais ce n’est pas aussi simple que cela. En effet, et contrairement aux apparences, la masse salariale publique est de plus en plus lourde. Depuis 2010, les salaires absorbent chaque année près du quart du budget annuel et représentent plus de 5% du PIB. Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). Selon le Fonds monétaire international (FMI), les meilleures pratiques internationales plafonnent ce ratio à 5% du PIB. Au niveau sous régional, les critères de convergence de la Cemac prescrivent que la masse salariale soit inférieure ou égale à 35% des recettes fiscales. Or, la masse salariale représentait 22,83% du budget de l’Etat et 39,7% des recettes fiscales en 2017, selon le ministère des Finances.

Bien plus, « l’ensemble des dépenses de personnel représentait 41,3% des recettes fiscales [en 2016], largement au-dessus de la norme communautaire », révèle l’étude réalisée en 2018 par le Minfi sur la soutenabilité de la masse salariale au cours de la période 2019-2023. A l’évidence, le gouvernement est loin d’envisager une quelconque revalorisation des salaires des agents de l’Etat. En dépit de la résilience de l’économie camerounaise face au double choc pétrolier et sécuritaire, la réduction du train de vie de l’Etat apparaît comme principal levier de remédiation de la crise économique que traverse la zone Cemac. Dans cette optique, la maîtrise de la masse salariale est un impératif. En effet, « la forte croissance de la masse salariale au cours de la dernière décennie a conduit à un niveau de dépenses supérieur au seuil de soutenabilité exigé par les critères de convergence de la Cemac », indique le Minfi.

Cette maîtrise est d’autant plus nécessaire que la consolidation budgétaire et la rationalisation de la dépense publique sont primordiales pour le respect des engagements pris dans le cadre du programme économique et financier conclu avec le FMI. D’ailleurs, rappelle-t-on au Minfi, la masse salariale a été un sérieux problème macroéconomique et budgétaire dans le passé puisqu’elle réduit fortement l’enveloppe budgétaire à affecter à d’autres secteurs. Il n’est même pas exclu que la masse salariale redevienne un problème alors que n’est pas traitée la question capitale du rôle incitatif des rémunérations relatives au sein de l’administration, entre l’administration et les établissements publics ou le secteur privé.

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