La candidature de Guillaume Soro à la présidentielle 2020 décryptée par Franklin Nyamsi Wa Kamerun
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Dans une interview fondamentale accordée à Marc Dossa, rédacteur en Chef du journal Générations Nouvelles paraissant à Abidjan, le Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun, Conseiller spécial du Président de Générations et Peuples Solidaires Guillaume Kigbafori Soro, analyse la candidature de ce dernier à l'élection présidentielle 2020.

Que répondez-vous à ceux qui arguent qu’en décidant de se lancer dans la course à la présidentielle de 2020, Guillaume Soro prend l’un des plus grands risques de sa carrière politique (ne se serait-il pas tiré une balle dans le pied en cas de défaite) ?

Ceux qui le disent ont la mémoire courte. A 45 ans, Laurent Gbagbo fut candidat en 1990 face au Président Houphouët. Il était moins âgé que Guillaume Soro qui aura 48 ans en 2020 ! En 1993, quand le premier ministre Alassane Ouattara tenta d’occuper illégalement et illégitimement le poste de Président de la république après la mort du président Houphouët, il avait 51 ans. Barack Obama fut Président des Etats-Unis à 47 ans. Emmanuel Macron, Président de la république française à 40 ans. Par ailleurs, si un citoyen ivoirien, né de père et de mère ivoiriens, ancien Président de l’Assemblée Nationale, ancien Premier Ministre, ne peut pas tranquillement être candidat à 48 ans à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, cela veut dire que la république aurait viré en monarchie dans ce pays. Et je crois qu’un tel virage serait inacceptable pour le Peuple de Côte d’Ivoire. Être candidat à la présidentielle 2020, ce n’est pas un crime de lèse-majesté, car la présidence de la République, en Côte d’Ivoire, est une institution déléguée par le Peuple de Côte d’Ivoire, qui est le seul et unique souverain. Toute autre conception de la république conduirait ses responsables aux pires déconfitures. Enfin, pour ce qui est d’une défaite possible de Guillaume Soro à la présidentielle 2020, en quoi serait-elle la catastrophe de sa vie ? S’il ne gagne pas en 2020, il pourra gagner en 2025 ou en 2030 ! Cependant, mon sentiment le plus net est que c’est parce que les adversaires de notre leader le savent gagnant potentiel de l’élection de 2020 qu’ils s’évertuent à l’empêcher d’y participer ! Si on ne le savait pas capable de la gagner, on ne le persécuterait pas autant ! Les limogeages, harcèlements, filatures, menaces, arrestations arbitraires et assassinats de partisans, faux complots, esquisses de faux procès, accusations fantasmagoriques de jihadisme, constituent tous des aveux de faiblesse du régime RHDP devant la candidature implacable du leader de Générations et Peuples Solidaires.

Comment en est-il arrivé à cette décision, lui que Bédié assure lui avoir confié qu’il n’était pas intéressé par 2020 ?

Le Président Guillaume Kigbafori Soro a pris cette décision quand il s’est rendu compte que le Peuple de Côte d’Ivoire avait besoin de son expérience et de son énergie pour faire face à un triple défi, né de l’échec de la réconciliation nationale, des ravages de l’ultralibéralisme clanique du RHDP d’Alassane Dramane Ouattara, et de l’effondrement de l’espérance d’un Etat de droit et d’une démocratie solides dans ce pays. Devant ce triple échec, devenu évident depuis que le régime s’est arc-bouté pour violer la Constitution, brider ou éliminer ses alliés, soumettre le pays à une atmosphère de terreur active et feutrée, abandonner des millions d’Ivoiriens sous le seuil de pauvreté, dans les affres d’un chômage qui frappe plus de 70% d’entre eux, alors que la corruption d’Etat bat tous les records, Guillaume Kigbafori Soro a compris qu’il lui fallait prendre toutes ses responsabilités. Sa candidature est l’expression de son amour profond du pays, de sa connaissance compétente des problèmes et de son projet de faire la politique autrement, c’est-à-dire de rendre les Ivoiriennes et les Ivoiriens véritablement acteurs de leur propre devenir. Démocratie participative, développement endocentré et économie de la connaissance sont quelques-uns des socles d’une vision que Guillaume Soro a construite au contact des aspirations les plus profondes de son peuple.

En se déclarant candidat à un an du scrutin alors que les autres probables candidats continuent de cacher leur jeu, ne se livre-t-il pas ? Ne risque-t-il pas d’être la cible de ses autres adversaires, notamment du pouvoir ?

Le Président Guillaume Soro prend la chose politique au sérieux. Une candidature ne s’improvise pas. Ce n’est pas non plus une brusquerie pour contourner l’intelligence du peuple par une espèce d’opportunisme du coup d’éclat. C’est une lente et profonde osmose qui se construit entre un homme, un peuple et une époque. En assumant sa posture de candidat à un an de la présidentielle 2020, Guillaume Soro a donc voulu jouer cartes sur table avec le Peuple de Côte d’Ivoire, au lieu de vouloir jouer au plus malin avec les siens. Dans cet engagement s’exprime une sincérité, une sérénité, mais aussi une énergie exceptionnelles, mises au service du grand peuple de Côte d’Ivoire. Quant aux adversaires de Guillaume Soro, et notamment, ceux du pouvoir, le fait qu’ils soient aussi nombreux qu’indécis dans chaque camp rival, joue encore plus parfaitement le jeu de notre candidat. Amadou Gon, Hamed Bakayoko, Daniel Kablan Duncan, se neutralisent parfaitement, tout comme les velléités de viol constitutionnel d’Alassane Dramane Ouattara qui les effraie tous. De même, au PDCI-RDA comme au FPI, l’indécision continue de planer sur le visage définitif de leurs candidats à la présidentielle 2020. Pendant ce temps, GKS avance sur le terrain…

Selon certaines indiscrétions, le pouvoir d’Abidjan est en pleine manœuvre avec les autorités burkinabè pour réactiver le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. N’est-ce pas ce que redoute l’ex-Premier ministre au point de prolonger son séjour en Europe ?

Le Président Guillaume Soro ne bâtit pas son agenda sur des rumeurs, même quand celles-ci sont savamment distillées par certaines allées du pouvoir. IL n’y a aucun mandat d’arrêt international en cours contre Guillaume Soro. Et si vous tenez vraiment à parler du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, relisez bien les minutes du procès de Ouagadougou : c’est bien le général Diendéré qui a révélé que l’aide de camp du président de la république de Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara lui avait convoyé des armes, des munitions et de l’argent par hélicoptère, en soutien à son putsch. Pensez-vous vraiment que le Burkina puisse lancer un mandat d’arrêt international contre le Président Alassane Dramane Ouattara ? J’ai toujours pensé qu’une affaire d’écoutes téléphoniques supposées est infiniment moins grave qu’une affaire de livraison de moyens financiers, militaires et humains pour un putsch. Je pense donc que ces histoires bâties sur l’actualité burkinabé sont tout juste des fictions de mauvais goût. Tout comme le prétendu complot jihadiste que prépareraient Guillaume Soro, Blaise Compaoré et Moustapha Chafi contre la Côte d’Ivoire. De véritables fantasmagories pour niais attroupés ! J’ai souvenir d’une carte du Tarot que devraient méditer les fabricants de faux complots du régime RHDP . Cette carte du tarot dit : « Ce que tu espères, tu le crains aussi. L’invocation délibérée du mal peut faire boomerang ».

Où en est la plainte qu’il a déposée en Espagne, après qu’il y a échappé à un enlèvement ?

Cette plainte est entre les mains de la justice espagnole. Attendons patiemment et sagement qu’elle nous délivre ses conclusions.

Certaines mauvaises langues assurent que c’est un coup monté par Guillaume Soro lui-même pour faire parler de lui. Que répondez-vous à ceux qui soutiennent cela ?

Je dis que les mauvaises langues font tout simplement bien leur sale besogne. La victime de la tentative de kidnapping dans cette chambre 521 de l’Hôtel El Palace de Barcelone, c’est bel et bien le Président Guillaume Kigbafori Soro. Cela a été établi de façon irréfragable et les mains autoproclamées invisibles qui ont monté cette opération sordide ont laissé des traces que la justice révélera avec leurs auteurs éhontés.

Que peut-il face à Alassane Ouattara, au cas où celui-ci décide de se porter candidat, surtout qu’on sait qu’il a quasiment perdu les dernières batailles contre ce dernier (le RHDP unifié revendique déjà près de 3 millions d’électeurs) ?

En cas de violation de la constitution, Ouattara n’aura pas affaire au seul Soro. IL aura secoué une fourmilière de magnans féroces sur sa propre tête. Si le Président Alassane Ouattara se décide à être candidat, il rencontrera face à lui la farouche détermination du Peuple de Côte d’Ivoire de le pousser vers la porte basse de l’Histoire. Le dernier service que je puisse rendre au Président Ouattara est de lui recommander de déposer effectivement, calmement et humblement les clés de l’Hôtel Côte d’Ivoire à la réception au soir du 31 octobre 2020. D’abord en respectant les articles 55 et 183 de la Constitution qui prévoient que tout ivoirien n’a droit qu’à deux mandats. Ensuite, en acceptant rapidement la remise sur la table des négociations de sa Commission Electorale Inféodée (CEI), afin que la Côte d’Ivoire soit dispensée d’une nouvelle crise postélectorale en 2020. Enfin, le Président Ouattara a un service à rendre à ce pays : rétablir rapidement les comptes publics dans un état convenable, afin que le futur président puisse trouver une situation opérationnelle. Car les nouvelles du surendettement public ne sont pas bonnes : en fin 2018, la Côte d’Ivoire était passée à près de 52 % de taux d’endettement public avant de repasser quelque temps plus tard légèrement sous la barre des 50% ! La Cour des comptes vient d’épingler la gestion alarmante du budget de l’Etat sous Gon et Ouattara. Près de 103 milliards, 600 millions manquent dans les caisses de l’Etat, sans justification ! C’est un scandale inouï !

Depuis qu’il a été contraint de rendre le tablier de la Présidence de l’Assemblée nationale, certains au sein de l’opinion estime que M. Soro est devenu trop bavard et qu’il s’attarde sur ses propres déconvenues, dévoilant parfois même des ‘’secrets d’Etat’’, en se faisant passer pour une victime, là où il devrait plutôt se pencher sur le sort des Ivoiriens en général. Vraie ou fausse remarque ?

Ceux qui le disent devraient nous expliquer pourquoi le journal d’Hamed Bakayoko et du clan Ouattara, le Patriote, accuse publiquement Guillaume Soro de complot jihadiste contre son pays, sans le moindre début de preuve ! Qu’ils nous disent pourquoi on a limogé l’aide de camp du Président Guillaume Soro, le commandant Abdoulaye Fofana, alors même que lorsque le premier ministre Ouattara était dans l’opposition, le Premier Ministre Soro et le Président Gbagbo lui garantissaient une vingtaine d’hommes pour sa sécurité ! Que ceux qui disent que Guillaume Soro joue les victimes nous disent pourquoi de nombreux militaires et militants accusés de soroïsme sont en prison depuis de longs mois ! Qu’ils nous disent, ces Saint-Thomas de service, pourquoi l’ensemble des ministres des Forces Nouvelles restés proches de Guillaume Soro ont été chassés du gouvernement, ses compagnons limogés massivement, ses militants brutalisés et parfois assassinés, comme Soro Kognon le 7 juillet 2018 à Korhogo ! Guillaume Kigbafori Soro n’est pas un amateur de jérémiades. Son courage est légendaire dans ce pays, où ceux qui se moquent de lui brillèrent davantage autrefois pas leur facilité à prendre la poudre d’escampette à la première alerte. Enfin, soyons sérieux : quel homme politique dans ce pays, peut se prétendre plus imprégné des préoccupations quotidiennes des Ivoiriens des villes, des campagnes et de la diaspora que Guillaume Kigbafori Soro ? IL a écumé, écume et écumera toutes les couches sociales, toutes les expériences, afin d’être résolument au service du concret des gens : le toit, les soins, l’école, la justice, la sécurité, l’emploi, etc. des Ivoiriens sont au cœur de ses préoccupations quotidiennes. Son projet de société et son programme de gouvernement seront à ce titre d’une originalité féconde !

N’y a-t-il pas un souci au niveau de la communication du Président du GPS que certains Ivoiriens ont trouvé mal à l’aise lors de sa dernière interview à RFI et France 24 ? Lui-même en communiquant à outrance, n’ouvre-t-il pas des brèches dont peuvent se servir ses détracteurs ?

Le Leader Générationnel n’a aucun souci à ce niveau. IL est largement en avance sur tous ses rivaux en matière de communication politique. Tous les observateurs objectifs le reconnaissent et les Ivoiriens le savent. Sur France 24 et RFI, j’ai pour ma part trouvé le leader lucide et vigilant, face à deux journalistes qui se comportaient envers lui comme des Juges d’Inquisition du moyen-âge français. Sur aucune question, ils ne l’ont pris en défaut, et je l’ai même vu en renvoyer un dans les cordes, quand il lui a demandé sur quelle base il pouvait l’accuser d’être le responsable de la mort d’Ibrahim Coulibaly. Le balbutiement du journaliste contrarié et son esquive piteuse me firent trop rire. Quant à votre idée de « communication à outrance », elle ne me convient pas à la réalité de l’agir communicationnel du président du GPS. Je parlerais plutôt d’une communication en puissance. Guillaume Soro annonce ce qu’il va faire, le fait et décrit ce qu’il fait. Cela s’appelle maîtriser son concept dans l’espace public. Les détracteurs du Président Guillaume Soro servent paradoxalement son image : plus ils s’attaquent à lui, mieux ils permettent à Guillaume Soro de montrer en quoi il se situe bien au-delà de ces portraits d’aigris. Les adversaires de Soro pensent essentiellement pouvoir. Guillaume Soro pense essentiellement Côte d’Ivoire.

Lors de la Crush Party de Paris en août dernier, M. Soro avait annoncé que quelque chose se passerait entre septembre et octobre. Finalement rien d’extraordinaire ne s’est passé. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Quelque chose s’est bien passé. Et ce fut extraordinaire ! Devant une communauté ivoirienne modeste, humble et diversifiée en Espagne, Guillaume Kigbafori Soro a ouvertement annoncé son acquiescement à l’Appel réitéré du Peuple de Côte d’Ivoire par sa candidature assumée à l’élection présidentielle de 2020. Ceux qui n’ ont rien vu d’extraordinaire seront encore les premiers à noter cette date historique du 12 octobre 2019 dans leurs calepins. Comme je le disais hier à un contradicteur sur Afrique Media, les gens font comme s’ils ne savaient pas que le futur Président de la République de Côte d’Ivoire existe d’ores et déjà et ne surgira pas du néant le 31 octobre 2020. Or, j’ai peut-être la faiblesse de croire que les événements du 31 octobre 2020 éclaireront d’un jour nouveau l’annonce de Guillaume Soro que vous semblez négliger. L’observateur politique doit cultiver le sens de l’alternance de la vision courte et de la vision longue. En vision courte, tout le monde croira encore que le Président Alassane Ouattara est le Manitou de la Côte d’Ivoire. En vision longue, tout le monde verrait que c’est désormais, -comme l’ensemble de la génération des héritiers et opposants du feu Président Houphouët- un homme du passé.

L’autre critique qui revient aussi souvent, c’est l’entourage. Avec qui Guillaume Soro comptent-il mener cette aventure électorale (la plupart de ses compagnons, civils comme militaires au sein des ex-Forces nouvelles lui ayant tourné le dos) ?

Ceux qui posent ce genre de questions le disent-ils parce qu’ils veulent poser leur candidature pour être admis dans la Team Soro ? Si tel est le cas, qu’ils s’adressent au Chef de cabinet du Président ou qu’ils me fassent tenir leurs CV que je soumettrai volontiers au Président, en ma qualité de Conseiller Spécial. Mais si ces critiques visent à douter de la capacité des hommes et des femmes qui accompagnent le Président Soro de gérer efficacement le pays demain, qu’ils se réfèrent aux passages de Guillaume Soro au parlement, à la primature et à la tête des Forces Nouvelles. A-t-il oui ou non atteint ses objectifs ? Désarmement, démobilisation, audiences foraines, 6 millions de cartes d’identité, élections présidentielles 2010, préparation de l’initiative PPTE, stabilisation de l’administration, relance de la diplomatie parlementaire ivoirienne, voilà autant de chantiers réalisés par celui que les Présidents Gbagbo et Ouattara félicitèrent chaleureusement. Son bilan parle amplement pour lui. Par contre, trouvez-vous normal que monsieur Adama Bictogo, dont j’ai dénoncé la fraude aux diplômes et qui a été auparavant impliqué dans de nombreuses malversations sur les fonds publics, soit encore de l’entourage du président Ouattara, au point d’être maintenu malgré toutes ces casseroles dans son poste de Directeur Exécutif du RHDP au pouvoir ? Ceux qui évoquent trop facilement l’entourage d’autrui devrait commencer par nettoyer leurs propres écuries.

L’on évoque par ailleurs le fait que les quelques-uns qui sont encore avec lui ne sont guère populaires ou traînent des casseroles. Comment peut-il se tirer d’affaires dans ces conditions ?

Le président Guillaume Soro ne juge personne sur la base de ragots de bistrots. On ne construit pas un château durable avec des cartes. Laissons les rumeurs s’empoisonner parfois toutes seules et en mourir.

Pensez-vous qu’il lui faut faire le ménage autour de lui comme le lui suggère notamment le professeur Samba Diakité ?

Je suggère au Professeur Samba Diakité de proposer ses services au Président Guillaume Soro sans vouloir commencer par encourager des sévices aux conséquences rédhibitoires sur ses propres propositions. Quand on approche un homme d’Etat, on vient avec ce qu’on sait faire et non avec des décisions toutes prêtes pour lui.

Imaginons qu’il remporte la prochaine élection. Avec quels hommes compte-il gouverner ?

Le président Guillaume Soro dispose d’une équipe diversifiée d’ivoiriennes et d’ivoiriens qualifiés, de conseillers solides en tous domaines. C’est un fin connaisseur des arcanes de la gouvernance. Et pourquoi ne pensez-vous qu’en termes d’hommes ? Le Président Soro sera celui de compétence, de la mixité, de la diversité et de la parité ivoiriennes. Par contre, je n’ai pas vocation à dire qui il nommera, cela n’est pas de ma sphère de responsabilité.

Dans un tweet, il a laissé entendre qu’il avait plein d’infiltrés au sein du RHDP. Si c’était vrai, ne met-il pas en danger la vie de ses proches dont certains ont effectivement rejoint le parti de M. Ouattara ?

IL n’y a pas de quoi s’alarmer. Le RHDP, de toutes façons, comme toute organisation de circonstances, est une maison ouverte aux quatre vents. Tout se sait aisément, sans effort, dans cette organisation bricolée pour donner l’apparence d’une représentation diversifiée des Ivoiriens, alors qu’il s’agit d’une oligarchie de prédateurs ponctuellement associés. Le départ d’Alassane Dramane Ouattara du pouvoir sonnera la fin du RHDP. IL en est la raison d’être et aussi celle de disparaître.

Lui de son côté, se réjouit du succès de son GPS qu’il a lancé en octobre dernier. Et si ces nombreux inscrits de GPS étaient eux aussi des infiltrés du RHDP qui s’inscrivent massivement pour lui donner une fausse idée de sa popularité ?

Le problème avec Guillaume Soro, c’est que même les infiltrés du pouvoir finissent par être convaincus par sa vision et son charisme politiques. Si tu ne veux pas t’attacher à Guillaume Soro, ne l’approche surtout pas. Nous pensons au fond que l’adhésion à GPS est l’expression d’une maturation citoyenne nouvelle : ce sont des gens qui veulent faire la politique autrement qui s’engagent avec Guillaume Soro, des gens qui veulent être acteurs de leur citoyenneté et non simplement spectateur, des gens qui veulent agir pour améliorer leur quotidien et non simplement attendre que la manne leur tombe du ciel, des gens qui veulent réellement participer aux changements qu’ils espèrent. Les dizaines de milliers de membres engrangés par GPS sont pour l’essentiel des personnes de conviction et d’engagement.

Quel est selon vous l’atout-maître de Guillaume Soro dans la course à la magistrature suprême ?

Son intelligence politique exceptionnelle et la solidarité qui existe entre lui et la diversité des générations et peuples de Côte d’Ivoire, voilà des qualités qui en font un candidat redoutable et puissant.

De loin, on a l’impression que Laurent Gbagbo n’est pas chaud pour recevoir Guillaume Soro. Pourquoi l’ex-PAN veut-il vraiment voir l’ancien président de la République ?

Non, je crois que le Président Gbagbo est d’abord préoccupé par le rassemblement de sa propre famille politique, qui demeure fort divisée : la Première dame Simone Gbagbo, le premier ministre Pascal Affi Nguessan, le Président Mamadou Koulibaly, le ministre Alcide Djédjé, ou le Professeur Voho Sahi sont les emblèmes de cette réconciliation en suspens dans le FPI. IL me semble que le Président Gbagbo devra cependant dépasser les obstacles créés par certains entourages psychorigides pour apporter son expérience et son art politique à la réalisation de l’alternance démocratique en 2020 en Côte d’Ivoire. IL faudra tôt ou tard que les Présidents Gbagbo et Soro se parlent dans l’intérêt de l’avenir du pays.

Dans ces conditions-là, n’est-il pas persona non grata dans la plateforme promue par Henri Konan Bédié ?

Absolument pas. De nombreux partis soutenant Guillaume Soro y opèrent activement, tels le RACI et le MVCI ou l’ANC notamment. Laissons ceux qui rêvent d’une exclusion de Guillaume Soro du jeu politique agiter leurs chimères.

Y a-t-il une chance que cette plateforme de l’opposition puisse marcher, au regard de certains clivages qu’on observe ?

C’est le souhait de l’écrasante majorité des Ivoiriens, me semble-t-il. Ils veulent voir une alternance pacifique, démocratique et générationnelle à la tête de ce pays. La génération des héritiers et opposants d’Houphouët doit prendre conscience qu’elle a vécu. Place à la relève, incarnée par le leadership générationnel impulsé par le Président Guillaume Kigbafori Soro, et tous ces jeunes cadres expérimentés issus de toutes les familles politiques qui se fédèrent actuellement autour de lui !

Avec Soro à la tête du pays, qu’est-ce qui peut vraiment changer en termes de gouvernance ?

Je suis certain que les droits de l’opposition seront consolidés, que la réconciliation sera accomplie, que les libertés fondamentales seront défendues, que la jeunesse bénéficiera d’une priorité éducative et professionnelle, que l’agriculture sera révolutionnée, que la solidarité des peuples de Côte d’Ivoire sera boostée. Je suis certain que Guillaume Soro gouvernera selon des standards de transparence, d’équité et de compétence jamais égalés dans l’histoire de ce pays.

Le camp Ouattara vous accuse, vous les Soroïstes de faire preuve de cécité, relativement au bilan de M. Ouattara. Pourquoi vous qui avez fat hier les éloges de l’ancien DGA du FMI, êtes devenus subitement, depuis le divorce, ses pires détracteurs ?

Parce que nous sommes fidèles non pas à des personnes, mais d’abord à des principes, alors que le Président Ouattara ne respecte que sa personne et ne respecte aucun principe. Le principe de vérité par exemple veut qu’on reconnaisse que la croissance ivoirienne est en baisse continue depuis 2016. Elle est passée de 9% à bientôt 6%. Le taux de pauvreté approche les 50% ; le taux de chômage oscille entre 70 et 90% ; la Côte d’Ivoire est le pays africain au plus fort taux de suicides ; etc. IL y a tellement d’évidences qui remettent en cause le triomphalisme aberrant du pouvoir RHDP qu’on peut lui intenter efficacement un projet de grand parjure socioéconomique. Sur le plan politique, stricto sensu, le princiope de justice est aussi bafoué au quotidien. Le pouvoir Ouattara est en pleine dérive dictatoriale comme je l’ai établi dans mon ouvrage publié en début février 2019 : confusion des pouvoirs, violences contre l’opposition, meurtres de militants de l’opposition ou de manifestants civils, abus de justice, gaspillages de fonds publics, confusion entre le parti et l’Etat, gestion clanique des fonds publics, déficits budgétaires abyssaux et ostentatoires, endettement accéléré du pays, confiscation de la Commission Electorale, montage de faux complots contre l’opposition, emprisonnements arbitraires, bref, le tableau est tragiquement désolant ! Nous avons pris nos distances envers M. Ouattara quand M. Ouattara a pris ses distances définitives envers la vérité et la justice.

Quels crédits les Ivoiriens devraient-ils vous accorder dans ces conditions ? Ne faites-vous pas preuve d’un opportunisme abject ?

Je trouve ces mots déplacés et malencontreux. Les opportunistes sont ceux qui vendraient père et mère pour un petit poste dans la mangeoire républicaine. Nous, pensons avec le Président Guillaume Kigbafori Soro qu’un humain ne vit pas que de pain, il vit aussi du sens et de la dignité qui en découle. IL s’agit donc de promouvoir, coûte que vaille, une civilisation de la dignité. IL y a malheureusement une mauvaise tendance qui s’installe dans l’opinion en Afrique. Abrutis par les dictateurs, des peuples et des opinions entières en viennent à s’épancher sur les boucs émissaires de service : les leaders et intellectuels de l’opposition, les partis d’opposition, les sociétés civiles, les objecteurs de conscience sont ainsi diabolisés, comme pour exorciser le mal intérieur de sociétés transies de peur et rompues à la domination des bonimenteurs de l’heure. IL faut sortir de cette ambiance d’auto-détestation et comprendre avec l’avènement imminent au pouvoir du Leader de Générations et Peuples Solidaires que la critique est la respiration essentielle de toute civilisation authentiquement humaine.

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