Scènes d’Assujetissement violent à Sangmélima
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On ne peut pas regarder l’émeute récente à Sangmélima sans penser aux pratiques ethno-fascistes de l’État camerounais, à l’empreinte indélébile de la violence sur cet État, et aux logiques de l’ethno-capitalisme. Comment de nombreuses villes Camerounaise sont aujourd’hui structurées comme des ghettos et fonctionnent véritablement comme des prisons à ciel ouvert, où certaines ethnies sont violemment surveillées par une politique de confinement, de ségrégation, et de division du travail avec des possibilités d’émancipation totalement exclues.

Toute cette réalité n'est pas un secret. À cet égard, il suffirait juste de regarder ou de réécouter le discours prémonitoire du Pr. Maurice Kamto devant le Conseil constitutionnel au moment du contentieux post-électoral pour comprendre la genèse des émeutes de la haine tribale de Sangmelima, la ville d'origine du dictateur Paul Biya...Les thuriféraires du régime avaient alors estimé que le principal opposant camerounais faisait de la diversion, en mettant notamment le doigts sur un repli identitaire et un tribalisme d’État devenus les derniers remparts d'une tyrannie agonisante.

Nous y voilà pourtant au lendemain d'une mascarade de dialogue national avalisée par Paris.

De manière quasi certaine, l'homme orchestre de toute la chasse aux "allogènes" majoritairement Bamoum, Bamilékés et Haoussa à Sangmelima ne saurait être autre que le neveu du dictateur camerounais, le député Assam Mvondo Bonaventure alias Bolivain qui ferait ainsi payer principalement aux ressortissants Bamoum le discours prononcé par leur Sultan Ibrahim Mbomo Njoya lors de la parodie de "grand dialogue national" à Yaoundé. En effet, au cours de ces assises cette personnalité (pourtant réputée proche de M. Biya) s'était clairement prononcée en faveur d'une alternance, puis d'une limitation avenir du mandat présidentiel à deux (02) mandats non renouvelables.

Le drame du Cameroun est aussi dans l'absence de mémoire politique et historique de nombre de ses ressortissants. Car M. Assam Mvondo avait déjà initié le même type de représailles à l'encontre de l'ancien ministre d'État de l'administration territoriale Marafa Hamidou Yaya, maintenu en détention arbitraire depuis avril 2012, quand ce dernier avait exprimé à M. Biya ses réserves en privé sur une levée de la limitation des mandats présidentiels en 2008. Les années suivantes ont littéralement été un enfer pour M. Marafa et les siens, malgré qu'il se soit pourtant plaint auprès de Paul Biya qui était parfaitement au courant, voire en accord, avec les agissements de son neveu qui profitait alors de l’occasion pour renforcer son curriculum vitae en tant qu’homme sur qui son oncle de Président peut compter comme soldat face à «l’adversité» de son régime.

Dans un pays normal, les dirigeants doivent assumer publiquement la responsabilité de ce qui s'est passé à Sangmelima, parce que cela s'est passé sous leur responsabilité écrasante, et mettre en œuvre des mesures concrètes pour que rien de tel ne se reproduise. À Yaoundé, cependant, la triste réalité est celle d’une gouvernance clanique, familiale et tribale que certains découvrent toujours malheureusement et s'en insurgent qu'au moment où elle prend une tournure plus visible et aussi dramatique pour des citoyens ordinaires.

En réponse, le message à retenir du CL2P suite à l’émeute à caractére tribal de Sangmélima est le suivant:

Il n’y a pas de plus grande violation de la liberté que de perturber, avec violence, la vie de citoyens ordinaires dans leur propre pays, vaquant à leurs occupations sans déranger personne... à cause des agents, paranoïaques, égarés, paniqués ou mal formés d’un État ethno fasciste. Ces idiots utiles doivent être assurés que ces actes criminels répétitifs ne resteront pas impunis.

Parce que la chasse organisée aux soi-disant Camerounais «non-autochtones» dans la ville de Sangmélima est un crime, une violation flagrante des lois du pays, et un affront flagrant aux valeurs fondamentales même que professent officiellement le régime de Yaoundé, alors même que ses principaux dignitaires demeurent étonnamment muets.

Dédommager les victimes sans punir les coupables du crime n’est pas rendre justice.

La nature toxique de ce régime et sa culture d'impunité qui permet à ce type de violences de prospérer doivent changer ou disparaître, et ne devrait en aucun cas définir le Cameroun comme une nation productive et civilisée.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P

http://www.cl2p.org

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