Chine-Afrique : la nouvelle route de la soie ou piège de l’endettement et des déséquilibres ?
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Chine-Afrique : la nouvelle route de la soie ou piège de l’endettement et des déséquilibres ? :: AFRICA

A Pékin au second Forum international sur la nouvelle route de la soie, la Chine avait rendez-vous avec les bénéficiaires de ce projet d’interconnexion des continents. Pas moins de 37 chefs d’Etat et de gouvernement, pour des délégations deux fois plus importantes ont fait le déplacement. Chacun avec son opportunité d’affaires ou de levée des doutes.

Plénières, ateliers et workshops pour le marketing n’ont pas caché les inquiétudes sur l’endettement excessif et globalement la méthode chinoise. Les investisseurs institutionnels et privés s’inquiètent des facilités d’octroi de financements par la Chine; des conditions d’attribution des lignes de financements et de l’explosion de la dette dans certains pays. Plusieurs territoires constituent désormais des risques du fait des prêts chinois ou des rapports de force voulant endiguer la percée de Pékin.

Endettement

En Afrique, en Europe et en Asie orientale, la propension à engloutir les crédits chinois inquiètent. L’Angola, qui a reçu fin 2018 une nouvelle ligne de crédit pour financer ses infrastructures, affiche une dette supérieure à 70% de son PIB et commence à inquiéter les investisseurs. Autre client, le Congo. Avec une dette à 110% du PIB en 2017, dont plus d’un tiers en mains chinoises, soit environ 2 milliards de dollars. Le gouvernement congolais sollicite le FMI, afin de se restructurer. Un accord a été trouvé il y a un an et soumis à l’approbation du Fonds monétaire international. L’institution de Bretton Woods a imposé que la dette soit soutenable «à l’issue du programme et des réformes mises en place». Il faut restructurer la dette, et un accord avec la Chine est indispensable pour disposer de l’aide du FMI. Le 29 avril dernier, Brazzaville et Pékin sont parvenus à un accord.

Le Pakistan, qui est en train de négocier une nouvelle ligne de crédit avec le FMI, se voit reprocher par les experts de Washington un manque de transparence dans ses comptes. En Europe, certains Etats des Balkans comme le Monténégro ou la Macédoine acceptent, eux aussi, les facilités financières chinoises, quitte à faire grincer les dents de leurs voisins. L’exemple du Sri Lanka, contraint de céder le port de Hambantota pour 99 ans faute de pouvoir honorer ses remboursements, hante désormais les esprits.

D’autres griefs sont formulés à l’encontre des projets Belt and Road Initiative en Asie. Sur la nature des travaux d’abord. Le Myanmar a ainsi directement renégocié à la baisse le coût des travaux du port en eau profonde dans le golfe du Bengale, tandis que la Malaisie a fini par trouver un accord sur un projet ferroviaire de 34 milliards de dollars lancé en 2011 et abandonné en 2017. Sur l’omission des entreprises locales dans les chantiers ensuite. Tous les projets, quel que soit le pays, sont accomplis quasiment en totalité par des compagnies chinoises. C’est précisément le cas au Pakistan, où le corridor qui relie la frontière avec la Chine jusqu’au port de Gwadar dans l’océan Indien ne laisse pas une firme pakistanaise donner un coup de pioche dans son propre sol.

Partage du gâteau

Lors de sa récente visite en Europe, les leaders européens ont rappelé au président Xi Jinping que les routes de la soie pouvaient constituer de réelles opportunités. A condition que les marchés soient ouverts à la concurrence et que les financements soient attribués dans la transparence. En effet, les sceptiques veulent un partage du gâteau.

Selon ces pays (Etats-Unis, Europe, Japon et Inde), le projet de nouvelle route de la soie peut, dans certains cas, porter un coup aux équilibres politiques d’une région. C’est le cas pour l’Asean, où le Cambodge et le Laos sont désormais opposés aux thèses chinoises, mais c’est également le cas dans l’Union européenne. L’Italie a été le premier pays du G7 à signer un accord de principe avec la Chine pour bénéficier des largesses du plan. Une résultante des batailles géopolitiques et géoéconomiques.

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