LE MUR DES LAMENTATIONS...
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Ayo, Ayop citoyens ! Un peuple à genoux capitule devant la tyrannie. Avant, comme dans la tradition juive, il fallait faire le déplacement de Jerusalem pour des pleurs de coutume et y deposer ses voeux à Dieu sous la forme de petits papiers dans les fentes du Kotel, mur de saintete. Maintenant, tel un artiste populaire privé de son passeport par un nervi de la Securité militaire, il faut aller à la télévision pour implorer le président et son epouse alias Pa' Paul et Mama Chantoux : les suppliques au bruit assourdissant, le bidoung des Nanga, les voeux éplorés aux dieux d'Etoudi.

Avant, on louait les pleureuses pour donner plus d'intensité dramatique au deuil dans bien des parties du Congo, du Kenya et du Cameroun, dans les Grassfields, où les pleurs sont des rituels exécutés dans des processions rythmées. Maintenant, il suffit à tel artiste, délesté de son passeport, d'un téléphone ou d'une camera, pour organiser des séances itinerantes de génuflexion arrosees de larmes acides. D'imiter nos mères de Baham ou Bangam, nos soeurs de Ngombe ou Nairobi : Yé Maléééééé ! Tata Zambé !!!

Avant tel artiste était un lion : du micro, des chansons à texte, des cris pour l'Afrique. On l'a transformé comme dans les grimoires d'un Nganga ou les contes de l'Aventure mysterieuse, en doux agneau, prêt à l'immolation mediatique. Celui qui chantait Abraham dechante désormais, craignant le sacrifice, effrayé par le long coutelas aiguisé des sbires.

Avant, il avait une criniere de lion, rugissant de ses saillies " facebookiennes " et de ses sorties virales aussi libres que deroutantes sur nos dirigeants. Maintenant, à force de baisser l'echine, il a des genoux ecaillés, style crocodile : larmes forcées...

Ça c'etait avant. Quand, comme l'artiste le déclame lui-meme, le pétrole de ses misères et galeres devenait kerosene du succès. Maintenant, in vivo, il experimente ce que Mongo Beti et de si brillants ecrivains de chez nous ont dépeint, ce que Mbembe, Sindjoun et des cerveaux des sciences sociales ont conceptualisé : la caporalisation des masses ; la culture de la sujetion ; l'embrigadement des esprits et la democrature, ce delicat melange, comme on fait les cafés aux aromes évanescents, entre une facade démocratique, aux couleurs d'elections et paroles controlees et d'une dictature qui avant, faisait semblant.

On dit que Longue c'est la vie. Longue Longue est devenu un symbole de morgue.

De cette démocrature où les marabouts vous emasculent pour que vous demandiez pardon à " Dieu " Popaul pour retrouver virilité et surtout dignité. Plus que jamais, il est temps de chanter pour ces sujets-citoyens qui doivent d'urgence se relever et se lever : Ayo pardon Ayop Africa ! Debout !

A. Moundé Njimbam
Journaliste de solutions
Citoyen constructif
Panafricaniste d'impact

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