Cameroun,  Livre: Discours d'investiture d'André-Marie Mbida le 15 mai 1957 à l'Alcam
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Cameroun, Livre: Discours d'investiture d'André-Marie Mbida le 15 mai 1957 à l'Alcam :: CAMEROON

RESUME DE L’EVOLUTION POLITIQUE DU CAMEROUN DE 1956 A 1957 : DISCOURS D’INVESTITURE D’ANDRE-MARIE MBIDA LE 15 MAI 1957 A L’ASSEMBLEE LEGISLATIVE DU CAMEROUN …

Le mercredi 15 mai 1957, André-Marie Mbida a obtenu, par 56 voix pour, 10 voix contre et 4 abstentions, l’investiture de son gouvernement par l’ALCAM.

Voici son discours d’investiture, qui est un véritable cours d’histoire politique du Cameroun en 1956-1997 :

« …Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Depuis ces derniers temps, le Cameroun et ses populations voient se succéder une longue série d’importants événements intéressant l’évolution et la vie politique de ce pays.

Ce sont, tout d’abord, les élections législatives du 2 janvier 1956

(Assemblée Nationale Française) dont les résultats permirent à un nationaliste camerounais authentique, d’aller se joindre à vos représentants au Parlement français et d’apporter sa contribution aux efforts qu’il déployait dans cette haute assemblée, pour faire comprendre à la France, notre tutrice, que sous sa généreuse impulsion, notre progrès politique atteignait déjà sa maturité. Les populations aspiraient, dès lors, à obtenir, à titre d’étape transitoire, un statut d’autogouvernement correspondant à ce progrès, en attendant qu’un nouvel essor les mène enfin à l’indépendance totale qui est l’une des fins prévues pour le Cameroun par la Charte des Nations Unies et par l’accord de tutelle que vous connaissez tous.

Vint ensuite la loi n°5-619 du 23 juin 1956 du Parlement français, autorisant le gouvernement à mettre en œuvre les réformes et à prendre les mesures propres à assurer l’évolution des territoires relevant du ministère de la France d’Outre-Mer. Cette loi disposait, en son article 9, que le

gouvernement pouvait procéder au Cameroun, par décret pris après avis de l’Assemblée Territoriale, et de l’Assemblée de l’Union Française, à des réformes institutionnelles, ainsi qu’à des créations de provinces et d’assemblée provinciales.

C’est la très libérale et très importante loi-cadre due à l’initiative du courageux ministre de la France d’Outre-Mer, M. Gaston Defferre, qui aura permis à tous les peuples d’Afrique noire, placés sous l’égide de la France, d’obtenir pour la première fois satisfaction pour leurs aspirations légitimes et naturelles à s’administrer eux-mêmes, à gérer démocratiquement leurs propres affaires, toute en gardant avec la France de bonnes relations, voire des obligations réciproques, librement discutées et acceptées, concernant les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques communs.

De fait, les nombreux décrets d’application de la loi-cadre susvisée du 23 juin 1956, notamment ceux relatifs aux institutions législatives et

gouvernementales en Afrique Noire d’influence française peuvent être considérés comme les premiers traités politiques authentiques intervenus entre la France et les pays qu’ils intéressent, traités évidemment susceptibles de modifications, selon l’évolution et les aspirations légitimes des peuples et nations d’Afrique Noire qu’ils concernent.

Le 8 novembre 1956, un décret dissolvant l’Assemblée Territoriale composée de cinquante membres élus au double collège et au suffrage restreint depuis quatre ans, pour la remplacer par une nouvelle assemblée comprenant soixante-dix membres élus, cette fois, au collège unique et au suffrage universel direct, et dont l’un des buts essentiels et reconnu était d’étudier et de donner avis sur un futur projet de statut du Cameroun (…)

Le 23 décembre 1956, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se pressaient à travers tout le territoire autour des urnes pour accomplir l’un des plus grands actes de leur vie civique. C’était la première fois que se

déroulaient au Cameroun des élections au collège unique et au suffrage universel direct, élections longuement attendues depuis 1951 par nos populations. Leurs résultats étaient partout guettés avec une vive inquiétude, une impatience explicable, à la fois par les nombreux candidats et par la nervosité des masses populaires camerounaises tant le rôle et les attributions de la nouvelle assemblée et, partant, des nouveaux élus, allaient être importants.

Mais la série des événements n’était pas finie. Elle ne faisait, pour ainsi dire, qu’éclater et se développer, avec une progression rapide, au cours de la nouvelle année 1957.

Le 22 février 1957, notre Assemblée Territoriale, Monsieur le Président, Messieurs, après de multiples et longues séances de discussions approfondies tant à la Commission juridique qu’en assemblée plénière, adoptait le projet de statut avec un avis favorable émis à une très forte majorité, après l’avoir minutieusement étudié et souvent fortement amendé.

Soixante conseillers sur soixante-dix, y compris le Président de l’Assemblée, avaient adopté le statut. Les huit autres l’avaient désapprouvé et rejeté.

Le 28 mars, le gouvernement français présentait à l’Assemblée Nationale, après avis de l’Assemblée de l’Union Française et du Conseil d’Etat, un projet de décret portant statut du Cameroun.

Par décision en date du 4 avril 1957, l’Assemblée Nationale, après un important débat, approuvait ce décret sous réserve des modifications qu’elle y avait apportées. Le Conseil de la République adoptait à son tour et confirmait également, après un sérieux débat, la décision de l’Assemblée Nationale.

Dès lors, le statut du Cameroun qu’on attendait depuis longtemps, dont on avait tant parlé, notamment depuis l’année 1956, devenait une réalité, un fait accompli, un texte définitif qui n’attendait plus que sa mise en application.

Celle-ci est devenue vendredi dernier, 9 mai 1957, par la transformation de l’Assemblée Territoriale élue le 23 décembre 1956, en Assemblée législative. Le lendemain 10 mai 1957, l’Assemblée législative du Cameroun, élisait son bureau et s’installait officiellement. (…)

Il s’agit d’événements historiques. Leurs dates resteront, je le pense, marqués dans l’histoire du Cameroun, dans l’histoire de son évolution, et de son mûrissement politique. Elles sont des dates historiques parce qu’elles marquent des étapes et des faits d’une importance considérable, d’une très haute portée pour notre pays. (…)

Le décret n° 57-501 du 16 avril 1957 portant statut du Cameroun publié dans le journal officiel de la République française du 18 avril 1957 et promulgué dans le journal officiel du Cameroun du mai 1957, érige ce pays en Etat sous tutelle et lui reconnaît une personnalité nationale.

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