En rempilant pour un 7e mandat consécutif à la magistrature suprême, le chef de l’Etat fait tourner en imposture la funeste divination à lui réservée par Guy Parfait Songue.

« Il n’a absolument aucune chance d’arriver vivant à l’élection présidentielle. Je suis radical dessus. Je parle depuis ma position d’autorité et de puissance. » Par cette déclaration au cours d’un entretien radiodiffusé en janvier dernier, Guy Parfait Songue (GPS) se rendait davantage célèbre. Coutumier du fait, surtout depuis qu’il s’est autoproclamé « Général de l’éternel », cet intellectuel controversé est allé jusqu’à jurer sur son honneur.

« J’ai mis ma propre crédibilité en jeu », ainsi s’adressait-il alors au journaliste. Aussitôt, l’extrait de cette tragique prophétie n’a de cesse fait le tour des réseaux sociaux et suscité des commentaires à la fois ironiques, impertinents et impatients. L'information claire et nette. Sauf que le scrutin a eu lieu le 07 octobre dernier. Paul Biya a même voté en mondovision en compagnie de son épouse à l’École publique de Bastos à Yaoundé, et rien n’y a fait. Visiblement en pleine forme, selon le commentaire d’un internaute sur Facebook au lendemain du vote, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a inéluctablement déjoué le sort fatal à lui réservé. Un vrai faux acte de lèse-divinité, car il a fait mentir à « l’éternel des armées ».

Plusieurs jours après l’élection, le Général de dieu est resté invisible et surtout circonspect. Depuis lors, sa page Facebook ne tarit plus d’injures et autres railleries venant de ses abonnés. « Prophète du dimanche », écrit un utilisateur incrédule. Toutefois, d’aucuns ont bien voulu lui accorder le bénéfice du doute jusqu’à la veille de la proclamation des résultats officiels par le Conseil Constitutionnel. Mais une fois de plus, aucun orage sous le ciel du Cameroun qui est d’ailleurs resté bleu. Et sans aucune clémence pour GPS, la sentence de Clément Atangana est tombée lundi 22 octobre dernier.

« Est déclaré vainqueur comme ayant reçu la majorité des suffrages : le candidat Biya Paul », ainsi parlait le président de l’auguste institution. Rebelote, le courroux des internautes a repris son « cours de téléchargement ». Même pour des post sans lien avec la politique, l’« apôtre hors classe » est systématiquement lynché.

« Voilà Biya vivant et réélu. Pourtant on comptait sur toi. 7 ans de souffrance camer.be. Tu peux encore agir. S’il te plaît fais quelque chose », commente ironiquement une abonnée. Un autre d’ajouter : « Oh Guy ! Ne fuis pas. Viens assumer tes actes au pays. » Reste maintenant attendue la prestation de serment pour voir, de façon solennelle, comment le candidat élu usera de « la force de l’expérience » pour narguer « dieu » devant les hommes.