Quel cahier des charges 2018-2025 pour le président au soir du 07 octobre prochain?
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CAMEROUN :: Quel cahier des charges 2018-2025 pour le président au soir du 07 octobre prochain? :: CAMEROON

Les jours s’égrènent rapidement, sauf changements ou catastrophes majeures, les Camerounaises et les Camerounais voteront le 07 Octobre 2018, pour élire leur prochain Président de la République et ce pour un mandat de 7 ans. Les lampions s’éteindront rapidement après ce scrutin. Le Président nouvellement élu ne disposera d’aucun état de grâce tant les dossiers pendants et/ou à venir sont brûlants et nécessitent des réponses adéquates, rapides et opérationnelles. Après une présence sans discontinuer de près de 36 ans au pouvoir, l’actuel locataire du palais d’Etoudi, le Président de la République, Paul Biya, sera, le jour dit, 7 Octobre 2018, pour une reconduction de son mandat si les électeurs le souhaitent. Objectif, pour, disent ses hagiographes et soutiens de son régime, parachever l’oeuvre qu’il a engagée depuis son accession à la magistrature suprême en 1982, mais inachevée en raison de nombreux facteurs endogènes comme exogènes. Ils citent, entre autre, la démocratie, la stabilité, la paix, l’unité, la cohésion sociale, la prospérité, la souveraineté etc. …

Face à lui, se bousculent, au portillon du palais d’Etoudi, une multitude de candidat(e)s plus ou moins sérieux (se). Tous ont l’ambition affichée, de réaliser ce que le « futur ex-locataire » de ce palais, comme ils l’espèrent, n’a pu, su ou voulu faire pendant les 36 ans de pouvoir. Le changement, l’alternance disent-ils. La pré-campagne et certainement la campagne officielle dont la durée est limitée à 15 jours, nous en donneront, à coup sûr, le contenu, pour peu que ces derniers nous présentent leur programme détaillé respectif. Les enjeux de cette bataille électorale à venir dépassent le simple cadre des honneurs et les lambris dorés de ce somptueux palais. En effet, de nombreux citoyens Camerounais sont nés et n’ont connu, jusqu’à présent, que l’ère du renouveau. D’autres, de la génération antérieure, qui espéraient un « changement dans la continuité » semblent aujourd’hui dubitatifs voir déçus par le bilan de ce long règne.

Que vont-ils faire? Se résigner ou aller à l’abordage en indiquant la voie à suivre, en rappelant leurs attentes aux différents candidats? Sur un potentiel de 13 millions, seuls 6,5 millions de Camerounais se sont inscrits sur les listes électorales. Combien d’entre eux disposent déjà de leur carte d’électeur? Combien connaîtront à temps leur bureau de vote? Combien iront voter ce jour-là? Autant de questions sans réponse aujourd’hui mais qui méritent que les protagonistes de cette élection, Elecam, candidats, partis politiques qui les soutiennent, ONG, médias etc… s’y penchent pour réduire ces incertitudes. Les différentes crises qui ont secoué l’Afrique ces dernières années: la Tunisie, l’Egypte, la Libye et plus proche de nous la Côte d’Ivoire, ont mis en évidence, un potentiel politique latent et jamais égalé chez nos compatriotes, depuis les années de braise.

Qui l’eut cru, au moment même où ELECAM, les partis politiques, leurs leaders et ceux des organisations de la société civile peinent à les convaincre à s’inscrire sur les listes électorales puis à voter. (1) Cette « mine d’or » que l’on a découverte en plein débat sur la crise ivoirienne et révélée encore davantage depuis, à travers les réseaux sociaux, sur de nombreux sujets, permet, de manière non exhaustive, de tirer quelques enseignements pour notre pays, parmi lesquels:

  • Le peuple camerounais n’est ni atone ni amorphe. Beaucoup aurait tort de le penser. Celui-ci a démontré, en dépit des déceptions et blessures occasionnées par certains de ces dirigeants et élites, qu’il était de plus en plus politisé qu’on pourrait l’imaginer ;
  • Le potentiel ou gisement politique ainsi prouvé et dont est crédité notre peuple, faute « d’explorateurs et exploitants » crédibles pour l’instant, attend celle ou celui qui l’empêchera de demeurer au même stade que les ressources minières que recèlent notre sous-sol c’est-àdire inexploitées.
  • Nos compatriotes sont traversés par un sentiment ambivalent lorsqu’il s’agit de changement. Ils semblent être moins jusqu’aux boutistes que certains (une ultra minorité faut-il le dire) dirigeants de l’opposition qui, sans toutefois le crier fort, souhaitent utiliser tous les moyens possibles, pour accéder au pouvoir. Sont-ils plus intelligents, raisonnables et matures que cette ultra minorité? En tout cas, ils souhaitent le changement mais pas à n’importe quel prix. Tout en critiquant le silence sélectif et complice de certains membres de la communauté internationale sur certains évènements, ils répugnent tout autant leur ingérence dans le choix et les processus d’accès au pouvoir chezeux.

L’attitude du gouvernement Camerounais dans les crises étrangères témoigne de la ligne de démarcation crises socio-politiques / conflits entre Etats ou phénomènes transfrontaliers. Elle se résume ainsi: Non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat souverain. La crise postélectorale ivoirienne en fut une. Oui au recours à la communauté internationale lorsqu’elle agit pour résoudre les conflits entre les Etats comme celui de Bakassi. (2) Afin de donner aux différents candidats à la magistrature suprême, des idées qui pourraient les aider à « exploiter » le gigantesque potentiel politique camerounais ainsi révélé, nous convions chaque compatriote à un exercice certes virtuel mais instructif: celui de rappeler avec insistance, l’ensemble de leurs préoccupations d’une part et attentes à court, moyen et long terme d’autre part. En somme élaborer un cahier des charges que devrait respecter tout candidat qui solliciterait vos suffrages, pour ce scrutin. Les sujets qui préoccupent nos compatriotes sont nombreux et variés. Ils vont de leur pouvoir d’achat à leur sécurité en passant par l’emploi notamment des jeunes, le logement, les institutions, l’énergie, l’accès à l’eau potable, la santé, l’éducation, la justice, la bonne gouvernance et d’autres encore que le débat que nous vous proposons, nourrira nous l’espérons.

Des institutions partiales, peu représentatives de certaines composantes de notre nation

Le Cameroun à l’instar d’autres pays africains, a, depuis 2008, modifié sa constitution pour abroger la limitation du mandat présidentiel. Doit-on revenir en arrière? Il existe par ailleurs une loi limitant le cumul des mandats électifs, un retour à la limitation du mandat présidentiel, ne permettrait-il pas une oxygénation de notre vie politique? Pourquoi ne suivrait-on pas l’exemple Malien? La plupart des pays en Afrique, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, ont opté pour un scrutin présidentiel à deux tours, est-il normal que notre pays demeure dans le peloton de queue en la matière? La constitution de 1996 a prévu la mise en place de nombreuses institutions parmi lesquelles le Conseil constitutionnel, le Sénat, les régions entre autres tout comme l’application de certaines dispositions telles que l’article 66 sur la déclaration du patrimoine des gestionnaires de la fortune publique.

Le Sénat est effectif depuis lors. Le Conseil constitutionnel plus récemment. Il sera à son premier baptême de feu pour cette élection majeure. Les régions, pans importants de notre modèle d’Etat unitaire décentralisé, attendent toujours alors que le pays est secoué, depuis 2 ans, par une crise socio-politique meurtrière, dans les 2 régions du NO/SO. Les Camerounais ne se bousculent pas dans les bureaux d’inscription en raison des soupçons avérés ou non de fraude ou d’opacité du système électoral. La polémique sur la présence des bureaux de vote dans les casernes et les chefferies traditionnelles, en témoigne. La récente décision d’Elecam, de délocaliser les dits bureaux de vote, est de nature à réduire cette suspicion. A l’instar de nos concitoyens du triangle national appelés à s’inscrire, ceux de la diaspora, ayant conservé leur nationalité et qui l’ont tant demandé, rechignent à le faire dans nos Ambassades et Consulats à l’étranger.

Quid de ceux qui ont opté pour une autre nationalité mais souhaitent, par le biais de la reconnaissance de la double nationalité promis par le Chef de l’Etat, lors de sa visite officielle en France en 2009, participer à la vie politique, économique, sociale et culturelle de leur pays d’origine, sans être obligé d’emprunter des voies peu orthodoxes comme recourir à la démocratie de la « rue » ou à l’activisme 2.0. De nombreuses sessions parlementaires, ordinaires et extraordinaires, se sont pourtant succédées, depuis cette promesse, sans pour autant que le gouvernement ne mette ce sujet à l’ordre du jour des débats de l’auguste chambre. Notre pays peut-il continuer à ignorer une partie de ses citoyens tout comme se passer de leur apport alors que le Mali, le Sénégal, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc en profitent largement? Le Sénat et les chambres consulaires seraient d’ailleurs indiqués pour une telle représentation.

Après la décentralisation amorcée par le gouvernement, ne doit-on pas accélérer le pas en direction d’une régionalisation qui autoriserait l’élection de l’exécutif de la région, nous permettant de sortir d’un jacobinisme excessif source de nombreux goulots d’étranglement dans la gestion publique de notre Etat? Elle permettrait également de répondre aux attentes de certains de nos compatriotes de la partie anglophone. Les querelles auxquelles nous assistons sur un organe électoral neutre et indépendant, véritable anachronisme dans un Etat démocratique, résident dans le peu de confiance qu’inspirent nos institutions, notre administration qui doit cesser d’être partiale, certains hommes et femmes qui servent davantage le parti au pouvoir que la République. Cet Etat de droit que nous appelons de nos voeux doit principalement trouver sa traduction dans notre justice qui devra, plus que jamais, devenir impartiale, respectueuse des procédures et des droits de la défense, indépendante du pouvoir politique. Lorsque la politique rentre dans les prétoires, la justice en sort toujours. Elle devra également se rapprocher du citoyen et à cet effet, des efforts financiers devront être consentis dans ce secteur dont les budgets ne cessent de décroître. Manque de moyens, lenteur, laxisme, partialité, corruption... Comme ailleurs en Afrique, rares sont ceux qui font totalement confiance à l’institution judiciaire. Montrés du doigt, magistrats et avocats se plaignent également.

Les critiques sont nombreuses notamment de la part de Camerounais démunis et sans carnet d’adresses, qui, pris dans les rouages d’un système privilégiant des instructions à charge, faute sans doute de moyens, vont grossir la population carcérale de notre pays. Quelques chiffres qui traduisent l’état de notre système judiciaire et qui, malgré le plan de modernisation en cours, devront guider notre réflexion et notre action durant les prochaines années si l’on veut instaurer un véritable Etat de droit, condition indispensable pour attirer les investissements directs étrangers. On dénombre aujourd’hui près de 25000 détenus pour les 15000 places que comptent nos 72 prisons, la plupart vétustes. Le pays compte un peu plus de 2000 avocats payés à 5000 Fcfa par audience lorsqu’ils sont commis d’office. Un peu plus d’un millier de magistrats exercent dans notre pays. Le salaire d’un magistrat en début de carrière (premier grade) est de 236.000 Fcfa. Les conditions de travail (locaux, matériels, personnel) sont difficiles. Parallèlement la justice populaire fait son lit au grand dam des pouvoirs publics qui tentent malgré tout d’enrayer le phénomène sans s’en donner les moyens Viatique trouvé par une population exaspérée par une criminalité qui n’a de cesse de progresser dans les campagnes et surtout dans les grandes villes.

Pour une meilleure sécurité des personnes, des biens et moins d’insécurité routière.

D’exceptionnels, il y a quelques décennies, les actes d’agressions contre les personnes et leurs biens, les institutions (édifices publics, représentants de l’ordre et de l’Etat) se sont multipliés ces dernières années sans que les autorités n’aient trouvé une parade tant les mutations dans la société rendent difficile une réponse efficace sans une réflexion profonde. La démultiplication de services de lutte contre le banditisme et le terrorisme avec des périmètres de compétences qui s’enchevêtrent, les centres de décisions multiples et étanches, les règles d’engagement qui méritent d’être revisitées pouvant parfois entraver leur intervention contre les criminels, ne facilitent pas le combat engagé par nos autorités pour diluer le sentiment d’insécurité de nos compatriotes.

L’absence de renseignements fiables et de coordination de ces différents services, minés souvent par des conflits de compétences, les ambitions inavouées de certains qui en ont la charge, n’arrange pas non plus la situation sécuritaire de notre pays. Des efforts ont été menés, la collaboration de la population notamment dans la lutte contre Boko Haram, à travers les COVI (Comités de vigilance) sont des pistes promoteurs que nous devons promouvoir face aux sécessionnistes dans les 2 régions du NO/SO et aux coupeurs de route dans le Septentrion et dans l’Est du pays. L’existence du CNS (Conseil National de Sécurité) puis la nomination de son Secrétaire permanent et les ordonnances autorisant le Président de la République à renforcer les moyens des agents de renseignements n’apporteront de résultats tangibles que si les différents services en charge du renseignement mutualisent leurs forces et agissent en synergie.

Sur un autre plan, nos compatriotes se sentent en danger permanent quand ils empruntent nos axes routiers notamment les axes lourds devenus lourds en victimes, de véritables cimetières à ciel ouvert. Des axes dépassés par le trafic, l’incivisme de nos citoyens, la profusion de conducteurs sans permis, la vétusté de notre parc automobile, l’absence de contrôle technique obligatoire expliquent en grande partie cette insécurité routière. Le ré profilage des axes, lancé par le gouvernement, pour répondre à une situation d’urgence, ne nous dispensera pas d’une réflexion sur la planification de la construction de véritables autoroutes entre nos grandes villes. Une approche par lotissement dans un partenariat public/ privé (BOT) semble la meilleure voie à suivre.

Des mesures contre l’importation de véhicules « poubelles » doivent être prises. Nos pays doivent cesser de devenir des « dépotoirs » du monde. (4). Un chantier sur la mise en place d’une véritable sécurité civile doit être lancé. Toutes ces idées ne sont point novatrices. Elles ont certainement été évoquées ici et là mais n’ont jamais été mises en oeuvre. Pourquoi? Vers une gouvernance au service de la Nation, incarnée par des serviteurs dévoués de l’Etat. S’il y a bien une lourde tâche qui attend le prochain Président et qui conditionne la réalisation de tous les projets économiques et sociaux entre autres, c’est bien celui de la bonne gouvernance. Entre la volonté politique affichée et proclamée de lutter contre la corruption et la perception des camerounais et des étrangers, il existe pourtant un large fossé. Notre pays ne cesse de stagner dans les profondeurs du classement des pays les plus corrompus malgré la création de multiples organismes ou institutions de lutte contre ce fléau, CONAC, ANIF, la chambre des comptes pour ne citer que celles-là puis les modifications dans les textes organisant le fonctionnement et l’action de l’ARMP (Agence de régulation des marchés publics).

Faut-il attendre encore longtemps pour se rendre compte qu’elles sont inefficaces tout au moins que leurs résultats ne sont pas à la hauteur des attentes du pays? A l’instar des multiples services de renseignement, la démultiplication en matière de lutte contre la corruption aussi bien en terme de services mais aussi au niveau du nombre d’intervenants dans la chaîne de passation des marchés publics, ne constitue-t-elle pas un frein à cette lutte? (5) Certes, on a récemment modifié les procédures de passation des marchés, instillé leur dématérialisation mais ce qui est fait de bonne foi par certains peut-être défait par d’autres de mauvais aloi. Les mentalités doivent changer. Pourtant des mesures simples telles que l’application de l’article 66 de notre constitution relatif à la déclaration du patrimoine des gestionnaires de la fortune publique tout comme l’obligation faite à l’ensemble des citoyens (selon une réforme fiscale à étudier) de déclarer chaque année leurs revenus, suffiraient à réduire le phénomène.

Un contrôle fiscal sur l’inadéquation entre les revenus déclarés et le train de vie d’un individu ne serait-il pas une arme de dissuasion « massive » contre la corruption, les détournements de la fortune publique? Par ailleurs notre administration doit continuer sa mue en se modernisant, en s’adaptant au monde, par les méthodes de travail, les procédures mais surtout par les valeurs patriotiques que doivent désormais incarner son personnel dès leur formation au sein de l’ENAM. Cette administration doit également cesser, en dépit des rappels à l’ordre du Président de la République et du Premier Ministre, de donner l’image « d’une brasseuse de vents » à travers ces multiples séminaires, ateliers de travail budgétivores mais sans résultats probants. De nombreux projets inscrits dans le cadre du B.I.P (Budget d’investissement public) ne sont point réalisés et quand ils le sont, les cahiers de charges ne sont pas respectés. Environ 180 Mds de Fcfa du premier C2D, sont toujours dans un compte de la BEAC, en attente de projets. Il en est de même de presque 5000 milliards de Fcfa d’emprunts non décaissésà la CAA (Caisse Autonome d’Amortissement) en raison de l’immaturité des projets, d’une méconnaissance des procédures de décaissement des bailleurs de fonds, des lenteurs administratives. Pourtant il suffirait d’intégrer, dans une application, les procédures des différents bailleurs de fonds puis la vulgariser auprès du public concerné. Le pays et surtout sa jeunesse attend beaucoup de cette bonne gouvernance pour sortir de la pauvreté et du chômage endémique qui les frappent. L’emploi des jeunes, enjeu majeur de la prochaine consultation électorale (6).

Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le fait que l’emploi notamment des jeunes constitue un défi majeur pour notre société. Si nous ne trouvons pas de solutions, nous courons dans les années futures à de nombreux désagréments. Les recrutements dans l’administration et les autres corps institutionnels sont nécessaires mais ne peuvent pas combler la demande d’emplois. D’ailleurs l’Etat n’a pas vocation à se substituer au secteur privé dans ce domaine. La réponse ne peut qu’être globale à travers une croissance économique et une adéquation de la formation aux besoins de notre économie. Après les mesures correctives dictées par le FMI, les perspectives de croissance dans la zone sont encourageantes mais reposent encore sur un socle fragile. Celles de notre pays oscillent entre 3,7 et 4,1% loin d’un taux à 2 chiffres envisagé au début de la mise en oeuvre du DSCE et seul à même d’inverser la courbe de la pauvreté. Quand on sait que seule une croissance à deux chiffres peut résoudre le problème de l’emploi et réduire la pauvreté, on imagine le chemin qui nous reste à parcourir pour y arriver et surtout atteindre les objectifs du millénaire d’une part et le cap de pays émergent à l’horizon 2035 prévu dans le DSCE par les autorités actuelles d’autre part. Les projets structurants de la politique des « Grandes ambitions » et des « Grandes réalisations » sur lesquels le gouvernement compte pour booster la croissance accusent des retards incompréhensibles.

La construction du port en eau profonde de Kribi est achevée mais a dû attendre 2 ans pour démarrer ses activités. Les infrastructures de raccordement de l’ouvrage au réseau routier et ferroviaire sont en cours et/ou en projet. Le barrage de Lom Pangar est désormais en activité pour sa composante retenue d’eau. Reste l’unité de production de l’électricité d’une capacité de 30 MW en cours de construction. Cependant la plusvalue de cet ouvrage en matière de régulation de l’étiage du cours de la Sanaga est diluée par la vétusté des installations en aval d’Edéa et Songloulou qui auraient dû être réhabilitées par les différents concessionnaires Aes-sonel puis Eneo. La prorogation de la concession d’Eneo, avant terme, pour lui permettre de boucler son plan de financement à long terme de 200 Mds Fcfa d’une part et faciliter le closing financier du projet de construction de la centrale hydroélectrique de Natchigal d’autre part, a-t-il intégré qui réhabilitera ces 2 infrastructures et comment. Le déficit énergétique que connaît le pays et nous fait perdre chaque année de nombreux points de croissance. Il est urgent que les barrages de Mekin, Memvele, Bini warak soient achevés rapidement ainsi que leurs voies d’évacuation à travers un réseau densifié et rénové. Il en est de même des projets miniers. De nombreuses sociétés minières « Junior » étrangères utilisent des permis que nous leur octroyons pour enrichir leurs actionnaires sur les places boursières. Que sont devenus les projets d’exploitation de la mine de cobalt, Nickel, Manganèse de Nkamouna dans l’Est ? De la mine de diamant, déclarée la plus grande du monde, située à Moabilong avant qu’un scandale n’éclate en Corée sur les malversations boursières sur les titres de la société minière propriétaire du titre d’exploration et d’exploitation ? Pendant ce temps, la valorisation boursière de ces sociétés, basée sur les mines dont elles détiennent des permis d’exploitation, ne cesse de grimper sans retombées financières pour nos finances publiques. Quid de la bauxite de Ngaoundal, malgré le ballet incessant de sociétés américaines et de Dubaï. Le projet d’exploitation du fer de Mbalam a quant à lui connu de nombreux problèmes et tombe depuis sur le coup de la chute des cours mondiaux du fer et du coût élevé de la construction de 500 Km de chemin de fer devant relier les mines de Mbalam et du Congo vers le terminal minéralier projeté du port de Kribi .

La politique d’auto emploi du gouvernement serait davantage efficace s’il y avait un accompagnement et une aide au financement des jeunes entrepreneurs. La création de pépinières d’entreprises où les jeunes entrepreneurs trouveraient des conseils dans le montage de dossiers de crédit, mutualiseraient leurs besoins juridiques, comptables etc. serait la bienvenue. Tout comme la création de zones franches autour de nos aéroports internationaux à l’instar de Casablanca offshore où des entreprises camerounaises ou les filiales de grands groupes étrangers feraient de l’outsourcing. L’absence de la fibre optique constituait jusqu’à présent un frein au développement de ce type d’activité chez nous mais avec le projet blackbone, cette hypothèque devrait être normalement levée aujourd’hui. Notre réseau est actuellement d’un linéaire de 10000 Km pour une projection de 20000 km. Par ailleurs notre pays est relié à plusieurs câbles sous-marins dont le dernier en cours de construction vers le Brésil, soit 6000 Km. Mais comment n’arrivons-nous pas à capitaliser un tel potentiel notamment dans la téléphonie mobile, les différentes composantes de l’économie numérique, gisement énorme d’emplois et source de croissance ? Nous disposons pourtant de moyens humains pour prendre définitivement pied dans une économie numérique florissante Dans le cadre de la relance agricole, la création d’une mission d’aménagement de zones agricoles (MAGZA), puis l’octroi de prêts bonifiés et garantis par l’Etat aux agriculteurs ou jeunes entrepreneurs, en lieu et place d’une banque agricole dont les ancêtres n’ont pas donné de résultats escomptés, contribuerait à relancer la production agricole et par ricochet réduire le déficit alimentaire, les importations onéreuses, le coût et le prix des denrées de première nécessité.

Améliorer les conditions de vie de nos compatriotes

L’accès au logement demeure un souci important pour les Camerounais. L’offre est très faible par rapport à la demande. Des projets en cours ne combleront pas le gap en raison de la démographie galopante et de l’exode rural. Les difficultés d’accès au foncier aussi bien par les investisseurs que les particuliers constituent un frein à la résorption de ce déficit. La cession récente de la filiale camerounaise du Crédit Agricole à la banque Marocaine Attijariwafa, qui dispose déjà d’agences dans les zones d’émigration, pourrait ouvrir des perspectives d’acquisition de logements pour la diaspora camerounaise. Les autres banques devraient explorer cette voie. 65% de la population n’a pas accès à l’eau courante au Cameroun. Le vaste programme en cours d’un coût de 400 Mds de Fcfa réduira certes le déficit mais demeurera insuffisant en raison de la croissance démographique. Ces difficultés entrainent déjà d’autres notamment sur le plan de la santé, avec la résurgence du choléra que le gouvernement peine à éradiquer.

Le projet de couverture universelle santé doit passer de la gestation à sa mise en oeuvre. L’exemple Rwandais dans le domaine pourrait nous inspirer. En obligeant, par la loi, tous les Camerounais, à adhérer à une mutuelle de santé, pour les prestations minimales, nous avancerions dans nos objectifs de santé. Le recours aux établissements de microcrédits et aux ONG permettrait d’aider les plus démunis à adhérer à ces mutuelles. Il s’agit de définir ces prestations minimales au même titre que le paquet minimum scolaire. Il s’agit de trouver la bonne solution pour une couverture universelle santé sur la base de ce paquet minimum santé (nombre et types de pathologies pris en compte) à un coût qui n’aliène pas nos équilibres macro-économiques, entre autre notre déficit budgétaire Tout ceci est-il possible en conservant la même architecture monétaire ?

Devons-nous conserver la même convertibilité de notre monnaie commune, le CFA (dénomination qui pourrait être changée d’ailleurs) face à l’Euro ou la faire flotter par rapport à un panier de devises (Euro, Dollar, Yuan, Naïra) afin de mieux profiter d’avantages comparatifs des zones avec lesquelles nous commerçons principalement ? Autant de défis que nos prétendants à la conquête/ conservation du pouvoir doivent relever pour dessiner le Cameroun de demain.

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