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© Mutations : Vanessa Bassale
- 13 Nov 2017 09:32:15
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CAMEROUN :: Palais polyvalent des sports : L'insécurité fait des foulées :: CAMEROON
Les abords de ce prestigieux édifice sont devenus de véritables repaires de malfrats.
« En rentrant chez moi vendredi dernier, j’ai été agressée à quelques mètres du Palais polyvalent des sports de Yaoundé». Lorsqu’elle évoque cette soirée éprouvante, Corine Mfegue ne peut retenir les larmes. «Il était à peine 19h lorsque j’ai vu un homme sortir d’un bosquet, qui s’est mis à tirer mon sac à main. Dans sa main gauche, il tenait un poignard avec lequel il a à plusieurs reprises tenté de me blesser», raconte la jeune dame, qui dit avoir vu le bandit disparaître avec son sac derrière les hautes herbes qui poussent à quelques mètres de l’entrée principale du Palais polyvalent des sports de Yaoundé (Paposy).
Si elle peut en parler aujourd’hui, c’est parce que la jeune fille sait que son cas n’est pas isolé. En effet, de nombreuses personnes disent avoir été agressées dans ce secteur. «Il y a à peine une semaine, j’ai perdu toutes mes pièces d’identité après une agression juste à quelques mètres de mon lieu de service», confie un vigile du Paposy, qui a requis l’anonymat. Et de poursuivre qu’il a également vu son bourreau filer dans la même direction. «Je n’ai pas voulu le suivre dans cette brousse par peur de tomber sur ses ‘’collègues’’ qui s’y trouvaient certainement», continue cet agent de sécurité qui avoue avoir reçu des plaintes d’autres victimes de ce type d’agression.
Selon lui, le nombre de plaintes pourrait augmenter dans les prochains jours. En effet, le Paposy accueillera dès le 16 décembre prochain la 12ème édition des Yaoundé en fête. Une foire qui réunit pas moins de 1000 personnes par jour. Des enfants aux adultes, en passant par les adolescents et les personnes en situation de handicap. Des proies faciles pour ces malfrats dont le quartier général serait situé derrière cet espace qui a récemment accueilli la Coupe d’Afrique féminine de volley-ball.
Interrogés, les agents en charge de la sécurité dudit palais reconnaissent que le taux d’insécurité autour du Paposy a augmenté. Ne pouvant pas entrer dans ce bosquet pour mettre hors d’état de nuire ces malfaiteurs, ces derniers ont décidé de combattre le crime à leur manière. « Mes collègues et moi demandons aux personnes d’éviter d’emprunter ce tronçon à la tombée de la nuit», renseigne un vigile, avant de saluer les actions des forces de l’ordre qui essayent de trouver une solution à ce problème d’insécurité.
Poste de police
Son avis au sujet des actions des forces de maintien de l’ordre, ils sont nombreux à ne pas le partager. Pour Etienne Kapopuwouo par exemple, propriétaire du jardin botanique dans lequel se refugieraient les bandits, il suffit de poster des policiers à cet endroit pour réduire considérablement, voire éradiquer les agressions. Pour Corine Mfegue, il faudrait que les policiers soient plus réactifs. Au milieu de son argumentaire, elle profite pour raconter son histoire. «Après mon agression ce soir-là, je me suis dirigée vers la guérite du Paposy pour demander de l’aide», confie la jeune fille, qui était bien décidée à entrer dans la broussaille pour y récupérer son sac à main. Lequel sac contenait son acte de naissance, l’original de son baccalauréat, le récépissé de sa carte nationale d’identité et l’attestation de réussite au Brevet de technicien supérieur qu’elle avait récupéré au ministère de l’Enseignement supérieur quelques heures plus tôt.
Plutôt que de la réconforter, la réponse des agents de sécurité l’attriste. «Nous ne pouvons pas entrer dans la brousse pour vous aider à chercher vos effets, mais nous pouvons vous conseiller deux choses : appeler le 117 (numéro du service d’intervention rapide, ndlr) pour qu’il envoie des éléments en renfort ou aller déposer une plainte au poste de police du Bois Sainte Anastasie». Sans perdre de temps, Corine attrape un téléphone et compose le 117. Mais, la conversation entre la standardiste et Corine sera infructueuse.
«Nous vous prions de passer au commissariat de Mokolo pour y déposer une plainte. Ce n’est qu’après cela que nous enverrons nos éléments sur les lieux», lui dit la dame à l’autre bout du fil. Les multiples tentatives de la dame pour émouvoir l’agent de police sont vaines. C’est donc dépitée et résolue que Corine met un terme à la conversation.
Toujours déterminée à retrouver ses effets, la jeune dame se rend au poste de police du Bois Sainte Anastasie afin de convaincre les policiers d’aller récupérer son sac. Mais là encore, c’est la grosse désillusion. Dans ledit poste de police, une dame inspecteur remplit un registre. C’est la seule personne en poste ce soir-là. Une fois informée de la situation, la dame tient un discours déroutant : «Comme vous le constatez, je suis la seule policière en service ce soir, de plus, je suis une femme. Je ne peux rien faire pour vous si ce n’est prendre votre déposition et vous envoyer au commissariat central n°1», explique-t-elle.
C’est en se rendant à ce commissariat qu’elle a aperçu des policiers en patrouille devant un supermarché présent à cet endroit. Convaincue qu’elle trouvera la solution à son problème, Corine leur présentera la situation. Après quelques minutes d’échange, trois agents de police acceptent enfin de pénétrer dans le repaire de ses malfrats. A l’aide de lampes torches et de leurs fusils, ils s’enfoncent dans la broussaille. Il fait très sombre.
Derrière eux, la jeune dame qui avance timidement. Après quelques minutes de marche, les policiers se retrouvent face à un grand canal en béton trop large pour ne pas être enjambé. Impossible d’aller plus loin. «Il faut rentrer», lance un policier. Pour rejoindre la route, la troupe décide de marcher le long du canal, question de multiplier leurs chances de retrouver le sac de la jeune fille qui a commencé à verser des larmes. Ce qu’il découvre au bout d’un chemin tortueux et sinueux, les sidère. En effet, ladite piste donne directement sur le Bois Sainte Anastasie. Ce qui signifie que le bourreau de Corine a pu aller tranquillement se réfugier au Bois Sainte Anastasie, question de se changer, de sortir et d’emprunter un autre taxi, sans attirer l’attention.
Canal
En écoutant l’histoire de la jeune étudiante, Etienne Kapopuwouo, le propriétaire du jardin, confie que la plupart des victimes des agressions se résignent et décident de mettre un terme aux recherches le soir même. Seuls les téméraires reviennent sur les lieux le lendemain. «Tous les matins, je reçois au moins deux personnes qui veulent entrer dans mon jardin afin de rechercher leur carte d’identité», confie le vieil homme. Certains ont de la chance, d’autres pas. Selon lui, le plus important c’est de savoir où chercher.
«Certaines personnes se limitent au canal. Pourtant, c’est de l’autre côté que les bandits vont fouiller les sacs avant de les abandonner », croit savoir celui qui gère cet espace vert depuis 2004. En effet, un tour de l’autre côté du canal que construisent les employés de la société IFH permet d’apercevoir à moitié recouverts de boue des sacs à main déchirés, des produits de beauté, des médicaments et des portemonnaies.
«Après avoir fouillé les sacs à main qu’ils volent, ils prennent de l’argent et les téléphones. Tout le reste est abandonné ici», confie Raphael Taiga, un employé de la société IFH, qui ne compte plus le nombre de cartes nationales d’identité qui ont été retrouvées sur ce site. Pour l’heure, les habitants du quartier Briqueterie, principaux voisins du Paposy, ont le regard tourné vers les forces de maintien de l’ordre qui font de temps en temps des rafles dans cette partie de la ville, apprend-on. La semaine dernière encore, plusieurs malfrats auraient été interpellés.
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