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© Le Jour : Adolarc Lamissia
- 17 Nov 2016 12:26:41
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CAMEROUN :: Drame : Eseka, 21 jours après :: CAMEROON
La vie a repris son cours après l’accident ferroviaire du 21 octobre 2016 dans cette ville, chef-lieu du département du Nyong et Kellé. Le train social a repris ses activités.
Ce 11 novembre 2016. Il est presque 21 heures lorsque nous débarquons dans la ville d’Eseka. La musique est diffusée à fond et l’alcool coule à flot dans les débits de boisson de la place et des sonorités d’ici et d’ailleurs agrémentent cette ambiance festive. C’est vendredi soir, le début du weekend. Et on en profite ! Nous sommes pourtant bien à Eseka. Une ville dont l’évocation renvoie encore à la tristesse, trois semaines après le grave accident ferroviaire qui y a eu lieu, endeuillant de nombreuses familles. Nos fêtards de ce vendredi soir n’ont certainement pas cette catastrophe à l’esprit.
Or, le lendemain est annoncée dans cette ville encore marquée la commission d’enquête présidée par le Premier ministre Philemon Yang. Et cet événement est loin d’être le principal sujet de conversation. A peine aborde-t-on d’ailleurs le déraillement du train 152 ayant fait 79 morts et plus de 500 blessés. A la question du reporter du Jour, de savoir comment est perçue l’arrivée du chef du gouvernement, unanimement nos interlocuteurs sont dubitatifs et parfois moqueurs. « C’est la première fois que notre ville accueille un Premier ministre mais aucune mobilisation n’est visible. Il sait que nous n’allons pas le recevoir en grande pompe. Qu’a-t-il fait pour nous pour être reçu comme un vrai étranger ?» lance Thomas, un agent de l’Etat en service à Eseka.
Mauvais souvenir
Comme lui, d’autres habitants de la ville pensent que la présence de Philemon Yang et de son équipe ne change à rien la souffrance vécue par les populations d’Eseka, les premiers jours qui ont suivi le déraillement du train Intercity ce 21 octobre 2016. « Le plus dur est passé. Nous avons vécu l’enfer en quelques heures. Des corps jonchant les rails, des cris de désespoir de certaines personnes luttant entre la vie et la mort. Des tonnes de ferraille renversées. On aurait dit l’apocalypse. Voilà ce que je retiens de cette journée noire du 21 octobre 2016 », confie Jean Mahi, un des témoins du déraillement du train 152. Il revenait de la gare routière de Lolodorf, située à 500 mètres de la gare voyageurs d’Eseka, lorsque les cris et pleurs des passagers l’ont convaincu que quelque chose de dramatique était en cours.
«C’est un mauvais souvenir. Je ne souhaite pas en parler. Il hante encore mes nuits », conclut notre interlocuteur, visiblement estomaqué par cet accident. Le samedi, jour de l’arrivée du Premier ministre Philémon Yang et des membres de sa commission d’enquête, la ville d’Eseka est prise d’assaut par des centaines de policiers, de gendarmes, militaires et autres forces spéciales de l’armée. Même les éléments du Bataillon d’intervention rapide (Bir) sont visibles un peu partout dans les artères de la ville. Que dire des soldats du Génie militaire et des sapeurs-pompiers dont le nombre peut approcher un demi-millier.
Tous ces hommes sont sous la coordination de trois officiers généraux. Ils décongestionnent et dispersent tout regroupement autour du site du sinistre, mais aussi dans les artères de la ville. «Ce dispositif me rappelle les années de braise ici. On dirait les années 90 », lance une dame aux jeunes gendarmes à l’entrée de la gare voyageurs d’Eseka. Les heures passent et l’imminence de l’arrivée du Premier ministre se précise. « Nous travaillons d’avantage pour savoir ce qui s’est passé ce jour tragique du 21 octobre. Nous portons encore le deuil de nos frères et soeurs qui ont péri dans ce drame. Une enquête est en cours. Je ne peux rien vous dire de plus sur ce qui se passe », nous répond Aboubakar Iyawaha, le préfet du Nyong et Kelle.
Selon le préfet, c’est le courage et la détermination de la population de cette contrée qu’il faut louer. « C’était notre drame. Chacun a su apporter ce qu’il pouvait pour venir au secours des victimes de l’accident du train ce jour-là», déclare Aboubakar Iyawaha. Le plus dur est passé, tente-t- on de rassurer les populations d’Eseka. La peur d’une épidémie après l’accident ferroviaire semble s’être éloignée. Les populations d’Eseka aidées par les éléments du Génie Militaire, des sapeurs-pompiers et des équipes de Camrail ont surmonté ce drame. « Nous avons eu peur au début. Il y avait des odeurs de brûlis. J’ai pensé personnellement qu’il s’agissait des corps bloqués dans les ravins. Dieu merci, c’était pas le cas », confie Elisabeth, une vendeuse de beignets à la gare voyageurs d’Eseka.
La rumeur de la présence de nombreux corps encore bloqués dans les quatre wagons tombés dans un ravin, qui a circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias, n’a pas été confirmée à la suite de l’extraction des deux voitures. Aucun corps n’a été trouvé sous les deux wagons soulevés en présence de la commission Yang et de la population d’Eseka.
Elan de solidarité
Faut-il le rappeler, lors de cet accident du train, les populations de cette localité ont montré leur solidarité vis à vis des familles des victimes du déraillement. Dans leur élan de solidarité, elles ont même été parmi les premières populations du Cameroun à porter le deuil suite à ce drame national. Prières, culte interreligieux et sacrifices, voilà ce à quoi les populations se sont le plus dévouées depuis le 21 octobre 2016. 21 jours sont passés et la vie a repris son cours normal à Eseka. Sur les rails, le train continue à aller et venir, en passant par la gare d’Eseka empruntée par les populations qui évacuent comme de coutume leurs marchandises par le rail.
La vie ne s’est pas arrêtée à Eseka après le déraillement. La panique a été passagère et les populations ont appris à revivre. En rappel, c’est dans la journée du vendredi 21 octobre 2016 que le train Intercity parti de Yaoundé aux environs de 11 heures 15 min avec à son bord près de 1300 passagers à destination de Douala a déraillé à l’entrée de la gare voyageurs d’Eseka. Dès lors, les équipes Camrail sur place ainsi que les populations d’Eseka se mobilisent pour secourir les accidentés. L’hôpital de district d’Eseka est alors trop étroit pour recevoir les blessés. D’autres sont évacués par voiture vers Edéa, Douala et Yaoundé. Le bilan officiel de cet accident de train est de 79 morts et plus de 500 blessés.
Le 25 octobre 2016, le président de la République de retour d’un séjour privé en Europe crée une commission d’enquête. Elle est pilotée par Philémon Yang, le premier ministre. Cette commission d’enquête selon le décret présidentiel a 30 jours pour rendre sa copie. Des personnalités et des membres du gouvernement ont été entendus par la commission Yang. Dans 10 jours, la commission devra rendre son rapport.
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