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© Habeas Corpus : Ruben Komon
- 22 Sep 2016 02:00:20
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Pénurie du sucre au Cameroun : Le rôle trouble de Ferdinand Ngoh Ngoh :: CAMEROON
La persistance de la pénurie de sucre n’en finit plus de faire des victimes au sein des consommateurs, astreints de s’approvisionner désormais à 35 000 F Cfa, le sac de 50 kg, alors même que celui-ci coûtait encore 26 000 F Cfa, il y a quelque temps.
Une situation d’autant plus alarmante que depuis deux ans, le gouvernement par l’entremise du Secrétaire Général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh a mis un terme à l’importation de ce produit de grande consommation à l’effet de soutenir l’industrie sucrière nationale, en dépit d’un déficit structurel de l’offre. On se serait alors attendu que le leader de ce secteur, en l’occurrence la société sucrière du Cameroun saisisse cette opportunité pour doper sa production.
Mais au lieu de cela, elle aura plutôt subi les affres d’une concurrence déloyale articulée autour de la fraude, la contrebande et la contrefaçon, non sans compter une importation en sous-main du sucre par Insuco. Avec la découverte de cette supercherie, la même Insuco a cru passer entre les mailles du filet en simulant une transformation dudit sucre en granulés, mais ce fut un nouvel artifice démantelé par les services de la douane qui de surcroît avaient préalablement tu toute velléité de contrebande. Suffisant pour comprendre que depuis quelques semaines, la pénurie se soit davantage corsée au point de dicter à certains opérateurs se mouvant dans l’agro-industrie, une sortie musclée pour la décrier et proférer conséquemment des menaces à l’encontre des structures locales de production de sucre. Menaces qui de fait renvoient à la Sosucam qui pourtant, subit au même titre que les opérateurs de la filière se mouvant dans l’importation, les effets pervers de méventes continuelles en dépit de la suspension des importations de sucre, depuis deux ans. Suffisant pour penser que les maux qui minent ledit secteur et tenant de la contrebande, la contrefaçon et la fraude n’ont pas été éradiques.
Sauf-conduits malveillants
Incapable de répondre à une demande pourtant constante, les producteurs locaux en sont plutôt à indexer de pseudos importateurs de sucre qu’ils auront pourtant voués aux gémonies en leur temps au point de susciter leur grogne à l’encontre du gouvernement qui se refuse toujours de lever la suspension des importations de sucre. Et comme si cela ne suffisait pas, certains producteurs locaux croient perpétuer ladite suspension ad vitam aeternam en se fondant sur quelque discrimination accordant la part belle à Sosucam, alors même que cette entreprise s’évertue, en dépit de cette crise à sauvegarder les emplois de plusieurs dizaines de milliers de personnels en évitant à l’occasion des licenciements massifs.
Dans le même temps pourtant, la rareté du sucre sur le marché se fait plus ardue, non sans que cette situation justifie amplement la tendance haussière de son prix de cession. Une situation imputable à cette interdiction évoquée supra et adossée au ministre du Commerce, quand bien même les instructions y afférentes émanaient du secrétaire général de la Présidence de la république, Ferdinand Ngoh Ngoh qui, à l’occasion, avait évoqué des «mesures de sauvegarde» du tissu industriel local.
En réalité, il s’est agi d’une savante démagogie, même si Sosucam a réalisé un accroissement de sa production afin de combler progressivement le déficit structurel de l’offre. Et si la pénurie subsiste depuis deux ans, on ne saurait attribuer cet état de fait à la Sosucam, mais plutôt à ces importateurs véreux qui n’ont pas lésiné sur les artifices pour perpétuer un dysfonctionnemnt du marché du sucre, en important en abondance du sucre subventionné plus compétitif que le sucre produit localement.
Protectionnisme inhibiteur
Fort de ce qui précède, on en vient à comprendre que Sosucam ne parvienne pas à s’arrimer à la nouvelle donne du marché sur lequel elle aura exercé de nombreuses années durant, un monopole. Bien plus, avec l’entrée en scène de nouvelles structures de production, on se serait attendu de voir le secteur retrouver plus de compétitivité, mais au lieu de cela on sera plutôt arc-bouté sur un protectionnisme qu’on sait malheureusement inhibiteur, tant il est vrai qu’on subit continuellement un renchérissement du prix du sucre sur le marché. Toutes choses qui justifient très certainement pourquoi les consommateurs se sont rués sur le sucre importé dont le prix est nettement abordable comparativement à celui produit localement dont la tonne revient aujourd’hui à environ 400 000 F Cfa contre 280 000 F Cfa, pour le sucre importé.
Et malgré cette réalité indubitable, on ne décolère point à lever la suspension des importations de sucre, quand bien même là pourrait se trouver la solution pour juguler la pénurie et permettre ainsi aux agro-industries pour lesquelles le sucre est un intrant de premier plan, de s’adonner en toute sérénité à leur activité. Suffisant dès lors pour comprendre que ces derniers pestent contre le maintien de cette suspension alors que la Sosucam elle-même avait milité pour sa levée, pour peu que le gouvernement lui concède une autorisation d’importation spéciale, question de répondre au mieux aux périodes de soudure et à l’intersaison, comme cela est le cas actuellement.
A quand la levée de la suspension ?
C’est donc dire qu’il subsiste toujours un important gap de près de 100 000 tonnes que seuls peuvent combler les importateurs. Et pourtant, le gouvernement camerounais n’en a cure. Or, depuis juin dernier, l’entreprise leader dans ce secteur a arrêté sa production parce qu’entrée en intersaison et ne peut écouler les 58 000 tonnes qui constituent en réalité un stock de sécurité pour répondre à une partie de la demande durant cette période qui ne sera échue qu’en fin décembre prochain, date de la reprise de sa production.
Pire encore, l’évaluation de la situation promise par le ministre du commerce pour août dernier n’a pas été faite, tant il est vrai qu’elle devrait entériner la nécessité de mettre un terme à la suspension des importations de sucre afin de couvrir la demande locale en la matière durant ladite période de septembre à décembre 2016. Mais rien n’est fait et le prix du sucre continue de flamber, oscillant dans les marchés entre 33 000 et 35 000 F Cfa, le sac de 50 kg quand les consommateurs parviennent à en trouver.
Suffisant pour alimenter une grogne en sourdine des entreprises qui font dans la pâtisserie, les boissons gazeuses, les jus et autres yaourts se disent asphyxiées. En fait, le ministre du commerce a les bras liés et ne peut outrepasser le secrétaire général de la présidence de la République visiblement déterminé pour maintenir ladite suspension à perpétuité. Pour quelle fin est-on en droit de se demander ?
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