Les forces du maintien de l’ordre ont fort à faire avec les aviculteurs le 23 juin 2016. À cause d’un mouvement d’humeur de ces derniers, engendré par le décès présumé d’un des leurs. Pourtant celui-ci avait simulé sa mort.

Simplice Marcel Metienou Tchinda a lobé presque tout le monde. Y compris ses collègues de la filière avicole. Mis au courant de la mort par suicide de cet homme de 37 ans, ceux-ci consentent d’aller hurler leur colère auprès des autorités de la région de l’Ouest. Afin de les persuader à suspendre leur mouvement, Awa Fonka Augustine convoque urgemment une réunion de crise tenue dans la salle des conférences de ses services, à partir de 20 heures.

Au cours de la rencontre, il signifie d’abord aux acteurs de la filière avicole présents, d’être au fait de ce qui se tramait. Puis dans un élan d’apaisement, il les rassure de l’attention de l’Etat sur la situation des aviculteurs sinistrés.

« Je peux vous dire que l’Etat est entrain de travailler […] quand le mauvais vent va passer, l’Etat que je représente dans cette région, verra comment faire pour vous permettre de relever votre activité […] mes chers frères, ce qui se passe ailleurs ne m’intéresse pas. Je suis à l’Ouest, je parle des choses que j’ai vues. Ce qui vous concerne nous concerne aussi.

Celui qui s’est suicidé ne l’a pas fait à cause de la grippe aviaire. J’ai lu la lettre qu’il a laissée. Je vous dis qu’il avait d’autres problèmes. La véritable raison, c’est le problème qu’il avait dans son coupe », déroule-t-il, avant de s’empresser à lire un extrait de ladite lettre pour étayer son propos. Séance tenante, Awa Fonka Augustine rappelle également que les mesures qu’il a prises ne découlent pas de ses fantasmes, mais des conseils de ses collaborateurs techniques qui, se sont fondés eux aussi sur les résultats des analyses faites sur des échantillons de poulets morts de manière suspecte dans une ferme à Bayangam dans le Koung-khi et au marché Casablanca à Bafoussam dans la Mifi.

Cette tentative d’apaisement ne prospère pas d’autant plus qu’à la douleur des pertes financières, venait de s’ajouter une perte en vie humaine. Le jeudi 23 juin 2016, une centaine d’aviculteurs est sortie, a assiégé le lieu-dit « rond-point poste », brandissant des pancartes aux slogans hostiles aux mesures du gouverneur, et arborant des t-shirt sur lesquels on pouvait lire « je suis éleveurs, je meurs » (en référence au suicide de Simplice Marcel). Leur marche pacifique en direction des services du gouverneur, s’est achevée par des interpellations.

Le gouverneur et la famille aussi dans le piège

Visiblement, Simplice Marcel n’avait mis personne au courant de son scabreux plan. Car après son faux suicide, sa famille organise des obsèques ponctuées de rites selon les prescriptions de la coutume lors de ce type de mort. De même, « au nom du gouvernement et à son nom propre », le gouverneur de la région de l’Ouest adresse une lettre de condoléances à la famille « durement éprouvée ». Pourtant, toute l’actualité autour de sa mort, Simplice Marcel la suit dans la presse avec sans doute un rire jaune.

« On aurait dû parler de présumé suicide tant qu’on n’avait pas vu le corps », commente-t-il ironiquement. Contrairement aux autres, la police judiciaire est restée prudente. Et l’enquête ouverte a permis de retrouver Simplice Marcel Metienou Tchinda dans la nuit de vendredi à samedi dernier à Yaoundé où il vivait au quartier Ngousso. Expert en management des entreprises, il est poursuivi pour propagation de fausses nouvelles.