Au moment où nous allions sous presse, la communauté musulmane de la Mifi s’activait pour rompre en beauté et dans la crainte du seigneur, le jeûne du mois sacré de l’Islam. Un Mois plein de grâce pour les fidèles

« Le jeûne est pour moi et c’est moi qui récompense le jeûne ». Telle est une déclaration divine extraite du livre sacré de l’Islam, le saint coran. Dans ce passage, il est clairement question de la valeur du jeûne du Ramadan, ce quatrième pilier de l’Islam pour les fidèles musulmans. Autrement dit, au jour de la résurrection, tous les autres piliers seront récompensés par les anges, à l’exception du jeûne du Ramadan, considéré comme un lien sacré entre le croyant et la transcendance. C’est un mois d’abstinence, de pénitence et de privation, sanctionné à la fin par la Haid fitri, cette grande prière de rupture qui constitue généralement un moment d’allégresse et de partage. Depuis pratiquement deux semaines, les familles musulmanes du département de la Mifi, malgré la conjoncture économique, se déploient tant bien que mal pour assurer cette importante fête du monde musulman. De la frénésie qui se fait ressentir dans les salons de couture, notamment au quartier haoussa, quartier à forte concentration musulmane. La seule fausse note c’est que la célébration cette année intervient au moment où le secteur de la volaille au Cameroun est frappé par la Grippe Aviaire, ayant entrainé l’interdiction par les pouvoirs publics, de la circulation de la volaille et les produits dérivés à travers le territoire. Or, comme on le sait bien, le poulet a toujours constitué le menu le plus prisé par les familles. Mais cette fois, il va falloir des mesures de contournement pour ne pas tomber dans le piège de ce fameux virus assassin.

Toutefois, Le Ramadan est, selon les hommes de Dieu abordés par notre rédaction au sujet de ce mois sacré de l’Islam qui s’en va, subdivisé en trois décades. La première décade est remplie des miséricordes. La deuxième décade est celle du pardon. La troisième décade quant à elle est celle de l’affranchissement du feu de l’enfer. On comprend donc là, la raison d’être des prières nocturnes intenses dans les mosquées au cours de ces dix derniers jours. Le Ramadan est aussi le mois au cours duquel, la lecture du saint coran se fait en abondance dans les mosquées, les prêches également. « Nous enseignons le bon comportement, et c’est ce bon comportement qu’Allah nous demande d’observer absolument pendant le Ramadan, et que nous devons maintenir d’ailleurs le cap après le Ramadan. Bref, c’est un Mois d’exercice », dixit Cheick Ahmad Jouneidou Nouroudine Sine, Imam principal de la Mosquée de Tamdja et président du conseil des Imams et dignitaires musulmans du Cameroun pour la Mifi. Il trouve en tout cas la nécessité de renforcer les prêches pour construire la morale au sein d’une société en pleine décrépitude comme la nôtre. « Nous donnons des nôtres en tout cas pour la révision des comportements, parce que nous constatons cette dégradation du bon comportement au sein de la société. On aime plus son prochain comme soi-même, le voisinage ne nous fait plus confiance, les enfants mêmes n’ont plus confiance aux parents et vice-versa. Même au sein des couples, la confiance mutuelle n’existe plus. Alors le Ramadan c’est l’occasion pour nous de ne pas toujours parler de la prière ou de la lecture du coran, mais ramener les fidèles à revoir leurs comportements », précisait-il alors au cours d’une interview à nous accordée.

Le Ramadan dans le partage !

Le weekend dernier, l’Imam principal de la mosquée centrale de Bafoussam à la tête de la délégation du Cidimuc (conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun) antenne de l’Ouest, s’est rendu à la prison centrale de Bafoussam. C’était à l’effet d’offrir des paquets aux prisonniers musulmans qui, malgré leur détention, ont tout de même observé le jeûne, et donc ont droit à la fête comme tout musulman. Ces dons pourraient être rangés dans le registre de la Zakat Fitri ou l’aumône de rupture qui tient lieu de la purification. Il se trouve que pendant le mois de Ramadan il ya des pêchés inconscients ou involontaires. Ça peut être dans le regard, la parole, le retard dans les prières… A la fin du Ramadan il devient impératif de s’acquitter de cette purification, pour purifier tout le mois afin qu’il devienne saint. Cela se fait soit en aliments ou en monnaie qu’on donne aux nécessiteux. La deuxième raison c’est qu’il faudrait que le milieu social le jour de la fête soit équitable. Que pendant que quand les plus nantis soient en train de fêter, que les nécessiteux ne soient pas toujours en train de quémander. C’est pour cela apprend-on, que la période indiquée pour la Zakat Fidri c’est le matin avant le levé du soleil le jour de la fête. Le Ramadan 2016 dans la Mifi aura été axé sous le signe de l’éducation de la jeune fille, une invite aux parents d’envoyer leurs enfants filles à l’école au même titre que les garçons, afin d’éviter des dérapages liés à la sous scolarisation comme ce que l’on vit dans l’Extrême-Nord-Cameroun, avec les exactions de la secte Islamiste Boko Haram. Ne dit-on pas que le malheur recule quand l’instruction progresse ?