Laurent Esso épargne la prison à l’ex-ministre Messengue Avom
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Il est poursuivi au TCS pour des malversations financières présumées.

L’ancien ministre des Travaux publics, Messengue Avom, le sait-il seulement ? S’il est encore en liberté, il le doit à l’intervention du ministre de la Justice, Laurent Esso. Poursuivi devant le Tribunal criminel spécial (TCS) par le ministère public et le ministère des Travaux publics dans l’affaire de dénonciation de malversations financières dans l’exécution des travaux de construction de la route Ayos-Bonis longue de 191 km, le dossier de Bernard Messengue Avom a franchi, dans la première quinzaine du mois de mai 2016, un palier supplémentaire.

Justine Aime Ngounou Tchokonthieu, Le procureur général près le Tribunal criminel spécial, a en effet transmis à un juge d’instruction, son réquisitoire introductif d’instance. Parmi les indications données au magistrat juge d’instruction par le procureur général, figure la non détention de l’ex-ministre. Problème : cette recommandation, qui n’a pas de valeur contraignante auprès du juge d’instruction, répond à une instruction verbale du ministre de la Justice.

En effet, dans un document daté de mai 2016 et dont votre journal a pris connaissance, le procureur général du TCS, rendant compte de ce dossier à la chancellerie, évoque une conversation avec Laurent Esso, datée du 13 mai 2016. Conversation au cours de laquelle il a été expréssement demandé que Bernard Messengue Avom ne soit pas placé sous mandat de dépôt. Une preuve supplémentaire de la forte implication de la Chancellerie dans la gestion de l’Opération épervier. Le juge d’instruction a, en tout cas, respecté les indications du procureur général qui, elle-même, relayait des instructions ministérielles, Messengue Avom étant à ce jour toujours libre de ses mouvements.

AYOS-BONIS

C’est le 29 juillet 2005 que l’ex-Premier ministre Ephraïm Inoni lançait officiellement les travaux de construction de la route Ayos- Bonis, promesse faite par le chef de l’Etat Paul Biya en 1992. Elle avait été divisée en deux lots. Le premier lot couvrait la distance Ayos - Abong Mbang longue de 88 Km et le second tronçon, Abong-Mbang - Bonis, distant de 103 Km. Le premier lot avait été attribué à l’entreprise Pantechniki pour un coût de 17,9 milliards de Fcfa.

Les travaux devaient durer 25 mois. Le second lot avait été attribué par le ministre des Travaux publics, Martin Aristides Okouda, le 25 août 2005, au groupement Pantechniki/Edok Eter. Pour une enveloppe de 21,6 milliards de Fcfa, ce groupement s’était engagé à réaliser les travaux en 30 mois. Le rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac) de septembre 2010 va pourtant dévoiler une collusion entre l’entreprise Pantechniki et des responsables et agents du maître d’ouvrage, et entrevoir une tentative de détournement des deniers publics à travers le projet de marché complémentaire.

« Camer.be Dans ses élans de corruption, l’entreprise, allègrement soutenue par certains agents du maître d'ouvrage, tend à obtenir un marché dit «complémentaire» sur le lot 1 dont les travaux sont déjà achevés. Ce marché «complémentaire » est évalué à 15.386.524.487 Fcfa. Pour y parvenir et au mépris de toute procédure du code des marchés publics, l'ordre de service n°976, fabriqué pour les besoins de la cause, a été signé et notifié le 10 juillet 2009 à l'Entreprise», constatait la Conac.

Et de poursuivre : «Les montants des paiements irréguliers à rétrocéder à l’Etat se chiffrent à 14 694 371 927 Fcfa. Par rapport au marché de base, le coût de la route Ayos-Abong Mbang sera multiplié presque par trois si la tentative de détournement des 15,4 milliards devenait définitivement effective». Principaux enseignements de ce rapport. Primo : un marché fictif de 15,3 milliards de Fcfa a été attribué à Pantechniki par le ministère des Travaux publics.

Secundo : la mise au banc du ministre des Travaux Publics, qui a signé des ordres de service en lieu et place des avenants dont l'intervention, est obligatoire en la matière. Sur la sellette, l’ancien ministre des Travaux publics s’était défendu devant la presse en ces termes : «Ce rapport souffrait d’un vice rédhibitoire parce que n’ayant pas donné au ministère des Travaux publics la possibilité de présenter ses justifications. Quand on parle de contrôle, il y a nécessairement contradiction.

La contradiction est une règle fondamentale, elle est d’ordre public et lorsqu’elle n’est pas respectée, elle annule les procédures». Il critiquait ainsi les deux missions de la Conac qui avaient séjourné en 2010 dans son ministère et passé en revue la période 2008-2010. La première, conduite par Hamadjoda Adjoudi, s’était penchée sur le contrôle des procédures de passation des marchés publics, et la seconde, dirigée par Garga Haman Adji, avait passé au peigne fin le projet de construction de la route Ayos-Abong Mbang.

Toujours déterminé, Bernard Messengue Avom avait également, face aux députés en décembre 2011, indiqué qu’il était prêt à assumer sa part de responsabilité. Désormais, c’est devant le juge d’instruction que l’ex-ministre joue son avenir.

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