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© L’Oeil Du Sahel : DOUWORÉ OUSMANE
- 30 May 2016 09:33:59
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CAMEROUN :: JUSTICE : Vérités et contre-vérités sur le scandale des indemnisations du port de Kribi :: CAMEROON
Le Comité de pilotage du port en eau profonde de Kribi n’est pas impliqué dans la gestion des indemnisations.
Il y a d’abord les faits : 14 personnes sont actuellement détenues à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, dont Jean François Vilon, ancien préfet de l’Océan actuellement en retraite ; son deuxième adjoint d’alors, Joseph André Eyébé, souspréfet de l’arrondissement de Bangangté ; Hubert Bessala, ancien sous-préfet de Kribi 1er ; Ngoun, délégué départemental de l’Agriculture de l’Océan ; Placide Kuntz Ndobo, ancien sous-préfet de Zoétélé et le géomètre Belobo.
Interpellés au début du mois de mai 2016, il est reproché à ces fonctionnaires en activité ou en retraite, outre les faits de «faux et usage de faux et abus de confiance», le détournement de deniers publics d’environ 4 milliards de Fcfa, découlant des travaux d’implantation du port en eau profonde de Kribi et qui devaient être versés aux populations de Lolabe, Mboro et Bongale.
Comment en est-on arrivé là ? En février 2009, le ministère des Domaines et des Affaires foncières (Mindaf) porte son choix sur le site de Mboro, à une trentaine dekilomètres de la ville de Kribi, pour l'implantation d’un complexe industrialoportuaire. Le projet doit couvrir 26.000 hectares. Le Mindaf procède alors, parce qu’il a l’exclusivité de la compétence, à l’identification des personnes morales et physiques devant être indemnisées.
En 2010, un décret du président de la République classe le site de Mboro dans la liste des domaines publics. Très rapidement, l’affaire s’enlise. Et pour cause : lors de la première phase des indemnisations, en décembre 2010, et qui concernait une centaine de personnes, les populations bénéficiaires se rendent compte que figurent sur la liste, des propriétaires terriens inconnus d’elles, habitant des villages imaginaires, qui allaient jusqu'à déclarer des parcelles mises en valeur.
Leur ras-le-bol, compréhensible au demeurant, suscité par des élus locaux, finit par atteindre les hautes sphères de l’Etat. En attendant que lumière soit faite, des comptes des particuliers qui avaient été mobilisés dans le cadre des premiers paiements sont bloqués, et certains chèques déjà touchés récupérés. Au début de l’année 2011, deux équipes d’enquêteurs descendent sur le terrain. L’une débarque de la sousdirection des Enquêtes économiques de la Direction de la police judiciaire (Dpj) et l’autre, de la Direction générale à la Recherche extérieure (Dgre).
Tous les acteurs ayant participé au processus d’identification et de recensement des ayants droit, ainsi que les responsables de différentes administrations impliqués dans le dossier sont entendus. Si les conclusions des enquêtes des deux services de sécurité sont restées à ce jour confidentielles, celles de la Commission nationale anti-corruption (Conac), qui avait entamé la même année sa propre enquête, ont été rendues publiques en novembre 2012. Malgré quelques incongruités, le rapport de la Conac a dévoilé des informations compromettantes pour les acteurs impliqués dans le dossier. Primo : 149 titres fonciers avaient été indemnisés à hauteur de 10.774.638.375 de Fcfa. Et parmi ces 149 titres, se trouvaient 44, établis alors que le terrain avait déjà été déclaré d’utilité publique, le 06 février 2009, par le ministre des Domaines et des Affaires foncières.
Ce tour de passe-passe a coûté à l’Etat la bagatelle somme de 4.821.356.625 Fcfa. Secundo, des «propriétaires» dont les terrains étaient en cours d’immatriculation ont perçu au total 8.383.688.000 Fcfa. Des révélations de trop. Pour ramener la sérénité, le Premier ministre Philémon Yang met même sur pied une mission interministérielle d'enquête et de contre-expertise.
Un nouveau processus d’indemnisation des riverains du port de Kribi est lancé. En le bouclant en septembre 2013, la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Jacqueline Koung à Bessiké, déclarait qu’après enquête et toilettage de la liste des personnes à indemniser, le gouvernement avait réussi à économiser 9 milliards de Fcfa. Si ce jour, les populations riveraines retrouvaient le sourire, l’inquiétude pouvait se lire sur les visages de ceux qui avaient, d’une façon ou d’une autre, joué avec les fonds publics. Va pour les faits.
LES CONTRE-VÉRITÉS
La vague d’arrestations entamée en ce début du mois de mai 2016 devrait-elle se poursuivre ? Mystère. Alors que la justice poursuit sereinement son travail, certains noms sont jetés en pâture ici et là à l’opinion. C’est le cas de certains responsables du comité de pilotage du port en eau profonde de Kribi, au premier rang desquels son président, Louis Paul Motaze, actuel ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.
De simples balivernes, car le Comité de pilotage ne gère pas le dossier des indemnisations; cette mission relevant exclusivement du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières. La procédure ne laisse d’ailleurs aucune place à une quelconque intervention du comité de pilotage dont la mission était de mener à bien la construction du port en eau profonde. «Tout comme dans le cas de la construction d'une route, ce n'est pas au ministère des Travaux publics, qu'il revient de s'occuper des indemnisations en dressant la liste des ayants droit.
Cette liste des malversations financières dans les indemnisations à Kribi concerne les membres de la commission mise en place par le Mindcaf. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les arrestations concernent d'anciens préfets et souspréfets puisque les autorités administratives locales sont membres de cette commission», a d’ailleurs expliqué une source proche du dossier.
Donc, contrairement à la rumeur véhiculée de par et d’autre, Louis Paul Motaze n'a pas été entendu dans le cadre de cette affaire dans la mesure où le Comité de pilotage qu’il préside, n’est impliqué ni de près ni de loin dans la gestion des indemnisations.
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