Cameroun,Péril sur la presse dans le Ndé : « j’ai été  séquestré par Mme le maire de Bangangté »
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Cameroun,Péril sur la presse dans le Ndé : « j’ai été séquestré par Mme le maire de Bangangté » :: CAMEROON

La scène se déroule ce 06 septembre 2015 dans la résidence de Célestine Ketcha Courtès, maire de Bangangté, après le match de ligue 1 opposant la Panthère du Ndé à Apejes de Mfou.

La fin de championnat de ligue 1 à Bangangté aurait pu être tranquille si ce dimanche 6 septembre à l’issue du match Panthère # Apejes certains dirigeants de l’équipe locale n’avaient orchestré de manière peu élégante un traquenard contre le reporter Narcisse Sobzé, correspondant local de la chaîne de télévision Equinoxe. 

En effet, la victime dit avoir  été copieusement rossé par Mme le maire de Bangangté en personne, avec la complicité de Calvin Djapa. Son « crime » ayant été d’avoir accordé une interview à M. Nya Nkamenjo, DG débouté de la Panthère Sportive du Ndé, triomphalement accueilli au stade municipal de Bangangté par presque tout le public qui scandait à sa gloire « Président ! Président ! ».

« Vous vous vantez avec votre préfet ! »

Comment en était-on arrivé à cette barbarie caractéristique des esprits liberticides, fragiles au débat et réfractaires à la différence d’opinion ? Personne mieux que la victime elle-même pour relater les faits tels qu’elle les a vécus.

Narcisse Sobzé raconte les faits  au vu et au su de tous: « Autour de 22 heures 30 ce dimanche, j’étais couché chez moi, car encore convalescent, j’ai consulté mon téléphone qui était en mode vibreur. J’ai constaté 8 appels en absence de Monsieur Calvin Djapa, le directeur du CPG de la Panthère. A cet instant, il rappelait et m’informais d’un scoop que j’étais tenu à ne pas rater. Je lui demandé le lieu, il me dit chez Mme le maire. Il a ajouté, tout le monde est là, les problèmes sont finis dans l’équipe, viens c’est toi qu’on attend pour filmer. Sans prévenir mon épouse, je me suis rendu chez elle. Ce qui me frappe là-bas, c’est un calme de cimetière. Un certain Touka est sorti de la maison en martelant que tout le monde est là. Dans le salon de Mme le maire, M.Djapa change de ton en rigolant : Narcisse tu nous a trop déçus, cette phrase est reprise par le chauffeur du maire. Mme le maire s’est levée avec 02 bouteilles de vin rouge et a vidé le contenu sur ma face. Comme une bête enragée, elle me frappait de toutes ses forces si bien que je suis tombé. Dès cet instant, elle a détaché son gros chien en lui disant fonce sur lui. Le gros chien en question est venu s’immobiliser devant moi. Elle a continué à déclarer : vous vous vantez avec votre préfet, lui c’est qui ? Il va partir et j’ai encore 20 ans à la mairie. Nous avons miné la préfecture, on nous met au courant chaque fois que vous y allez. Voyant comment j’étais épuisé, M.Djapa est venu me supplier de partir après avoir retiré la bande de la caméra. C’est à cet instant qu’un certain Touka, bien connu dans la ville, est venu me mettre par force hors de sa barrière ».

Face à cette situation pour le moins regrettable, qui n’honore pas ceux qui se passent pour des exemples, notre confrère a su faire sien le proverbe Bantou interdit à une personne se baignant à la rivière de poursuivre un fou sous le prétexte que ce dernier a ramassé ses habits, sinon c’est lui qui sera considéré comme le vrai fou. Refusant de faire étiqueter comme un « fou », le correspondant de la très respecté chaîne de télévision Equinoxe a fait preuve de tempérance et de sagesse :
« J’ai écrit pour raconter la scène à ma rédaction et à mon directeur général. Je souffre actuellement d’un traumatisme d’audition. J’ai décidé de ne faire ni le certificat médical, ni la plainte, c’est dommage que la quasi-totalité des autorités de Bangangté soient corrompues. Je me demande si Bangangté est devenu un Etat dans un Etat ?», s’indigne la victime.
De toutes les manières, les populations sont au courant de cet odieux acte qu’elles qualifient d’éminemment grave.

Menace sur la liberté de presse

Peu avant ce forfait, les mêmes auteurs se seraient rendus coupables d’un autre acte dénué de toute maturité mais qui montre à souhait que la liberté de presse est menacée dans le Ndé. De sources concordantes, les journalistes de la CRTV Bafoussam ont été rattrapés peu après Bangoua (village situé à quelques encablures de Bangangté). Contre forte récompense, ceux-ci auraient effacé l’interview de Nya Nkamenjo qu’ils ont eux aussi réalisé à la fin du match, comme Narcisse Sobzé. Ont-ils accepté de se faire corrompre par ceux qui ont peur des déclarations l’ex DG des Nzuimanto ? Nous ne parvenons pas à joindre nos confrères de la Crtv pour en savoir un peu plus, toujours est-il que les téléspectateurs de la Crtv comprendraient aisément ce qui se serait passé si ces images qui ont créé l’évènement ce jour, ne sont pas diffusées. Il en est de même des téléspectateurs d’Equinoxe qui seront privés de ces images, le matériel du correspondant ayant été confisqué par ses bourreaux, surtout que c’était la principale attraction pendant et après le match où l’ex « Administrateur Directeur général de la Panthère » se distinguait par des déclarations de réconciliation et d’encouragement aux joueurs qui l’ont d’ailleurs retrouvé ce soir-là à sa résidence.
Cerise sur le gâteau, « Mme le maire a d’ailleurs déclaré que Canal2 et LTM sont ses seuls organes et qu’elle s’engagera désormais à user de tous ses réseaux pour mater les autres », a ajouté Narcisse Sobzé. 

Calvaire des journalistes à Bangangté

Depuis près d’un an, certains journalistes résidant à Bangangté vivent le calvaire pour le fait de « n’être pas dans le camp de Mme le maire ». Tout remonte aux événements survenus ces derniers temps dans le Département du Ndé. Il  fallait soutenir le chef de l’exécutif dans sa cabale médiatique organisée contre les personnalités très respectées du Ndé. Certains de nos confrères se sont rués à cette ignominie, d’autres ont astucieusement joué le jeu, ceux qui ont décidé d’informer sans se tenir par une corde, ont commencé à subir des menaces de toutes sortes. La mairie a recruté des gens (le Bangoulap en l’occurrence) qui réagiront à camer.be pour chaque fois dédouaner la mairesse et insulter les rédacteurs des articles qui ne l’encensent pas. Une autre catégorie de personne à l’origine des exactions à Bangangté sont des gros bras de l’actuelle équipe dirigeante de la Panthère du Ndé qui agissent en toute impunité. Tout compte fait, ces actes ignobles qui visent à intimider les journalistes qui refusent de vendre leurs âmes au diable, ne peuvent en aucun cas ébranler la détermination des professionnels de la communication dans le Ndé, et comme le dit l’adage, ce qui ne te tue pas te rend plus fort. 

© Camer.be : Alain NDANGA

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