Commis pour convoyer les dons offerts par les populations camerounaises de tous bords aux Forces de défense déployées dans l’Extrême-Nord et aux personnes déplacées dans le cadre de la guerre atypique à laquelle nous astreint la secte islamiste Boko Haram, René Emmanuel Sadi en a profité pour exalter le bien-fondé de cette solidarité agissante. Mieux, il a invité les populations à la muer en socle par excellence pour conforter notre unité nationale.

Si l’importance de la distribution desdits n’est plus à démontrer, il reste néanmoins constant qu’elle aura engendré de graves suspicions quant à leur gestion. Suffisant pour que le Chef de l’Etat décide de se référer au président du Comité interministériel ad hoc chargé de la gestion des dons aux populations déplacées et aux Forces de défense, René Emmanuel Sadi pour y voir plus clair, mais aussi et surtout, taire définitivement ces supputations qui n’en finissaient plus de faire les choux gras dans divers organes de presse locaux.

Autant on pourrait déplorer cet état de fait, eu égard à la portée conflictogène attachée aux révélations desdits organes de presse, autant la portée de l’action de collecte et de distribution des dons, témoigne à suffisance de l’appropriation par les Camerounais des préceptes commandant la reconnaissance due aux Forces de défense engagées dans la lutte contre Boko Haram, mais également le soutien, indispensable à assurer aux populations déplacées du fait de cette situation de guerre. Aussi au-delà de la spontanéité avec laquelle cette opération a-t-elle été mise en branle, devrait-on y adjoindre une dimension politique majeure : celle induisant le patriotisme affirmé des Camerounais, mais aussi et surtout la confirmation de leur volonté de vivre en harmonie. Harmonie qui se veut par ailleurs, le creuset par excellence de cette unité nationale si chère aux institutions mais aux Camerounais eux-mêmes.

Réconfort

Aussi peut-on comprendre qu’en marge de la solidarité agissante qui est la leur, il est important d’assurer une gestion des plus transparentes desdits dons. Ce d’autant plus qu’avant la descente officielle de René Emmanuel Sadi dans la capitale régionale de l’Extrême Nord en proie aux actes innommables de la secte Boko Haram, la gestion de ces dons avait fait couler beaucoup d’encre et de salive, du fait des soupçons de détournements de ceux-ci, mais aussi et surtout des complaintes légitimes de ses destinataires au premier chef. Suffisant pour comprendre qu’au-delà des clivages intestins, le Cameroun reste et demeure un pays uni et unique en son genre, en traduisant cela au travers d’un attachement singulier à ses forces de défense, mais également son adhésion à celui qui le mieux incarne, la protection de notre intégrité et de notre souveraineté territoriale : le Chef de l’Etat.

Aussi celui-ci s’est-il obligé en retour d’apporter son réconfort à ces deux catégories de destinataires en commettant expressément le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation pour ce faire. Une mission qui va bien au-delà du symbolisme, tant il est désormais constant qu’il s’agit d’un «un pays fort, un pays organisé, un pays qui a un Chef, un pays qui a une souveraineté, une intégrité». Aussi ne peut-on pas du jour au lendemain remettre de tels acquis en question, comme a tenu à la faire savoir aux bénéficiaires, René Emmanuel Sadi.

Pour ce faire, il n’a pas hésité de transmettre à l’occasion, le message sous jacent de réconfort du chef de l’Etat aussi bien aux forces de défense qu’aux populations déplacées. Message tenant de l’intérêt singulier qu’il leur porte et surtout de qu’ils sont des Camerounais à part entière, en dépit de la désastreuse situation qui est la leur. A ce titre, loin de limiter cela aux vivres, denrées et autres commodités du même genre, faudrait-il davantage y voir, la matérialisation patente du cément qui doit désormais commander notre comportement quotidien : exalter notre caractère uni. Si les mots pour le dire ne manquèrent point à René Emmanuel Sadi, il sut à l’occasion raffermir leur foi au garant des institutions, en invitant les bénéficiaires à ne point cesser de croire en un avenir radieux du pays.

Toutes choses qui devraient par ailleurs justifier la fierté qui doit être la leur «d’appartenir à un pays comme celui-ci qui non seulement a été gâté par la nature, mais aussi du fait de la paix qui y règne, du fait de la stabilité dont nous jouissons et du fait de notre maturité». Surtout que les populations n’ont point adhéré à l’insidieuse manœuvre visant à faire de la guerre contre la secte islamiste Boko Haram, un conflit inter religieux que ne saurait connaître notre pays du fait, non seulement de sa laïcité, mais aussi et surtout de la cohabitation pacifique entre les sensibilités religieuses. Assénant ainsi un cinglant revers aux adeptes de la manipulation, il est fort à parier que les bénéficiaires de ses dons, s’impliqueront davantage pour l’éradication définitive de la menace Boko Haram.