L’épreuve des acquisitions : Vol au-dessus des soupçons
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MA 60. En juin 2014, le député Sdf Jean-Michel Nintcheu soutient que les avions chinois ont été surfacturés.

Ce qui jusqu’à présent était considéré comme le « scandale des avions chinois » est-il en train de se dégonfler ? Mardi dernier en tout cas, lors du vol inaugural et la réception officielle des avions MA 60 à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen, le ministre des Transports n’a pas caché sa joie de recevoir ces appareils qui seront désormais exploités par la compagnie aérienne camerounaise Camair-Co. Presqu’en spécialiste, Robert Nkili a salué la modernité et les qualités techniques de ces avions que d’aucuns avaient qualifié de « coucous ».

« Ces avions sont extrêmement modernes, s’enthousiasme- t-il. C’est d’ailleurs la nouvelle génération de la technologie dans ce secteur. Ces avions n’ont pas besoin d’une longue piste pour décoller et atterrir. » S’agissant du coût et du processus d’acquisition de ces aéronefs, le ministre s’est longuement expliqué face à la presse, pointant une méconnaissance par le public du dossier, ce qui a pu entraîner des polémiques. « Les avions MA 60, qui sont utilisés par le Congo Brazzaville sont de lamême génération, du même âge que ceux du Cameroun, développe le ministre Nkili. Ils ont été acquis pratiquement le même mois, et j’ai les documents quimontrent les coûts. Ce n’est pas un secret. La différence s’explique à trois niveaux : aumoment des négociations, nous avons obtenu de nos amis chinois que le Cameroun dispose de son magasin de pièces de rechanges.

Ce coût-là a été mis dans le dossier de prêt. Deuxième point, l’avion en donation n’était pas équipé comme on le voit en ce moment. Il a fallu l’habiller complètement. Les frais ont été intégrés dans le dossier de prêt. Troisième élément à intégrer dans l’enveloppe, celui de la formation en Chine du personnel de Camair-Co à l’utilisation des MA 60. Voilà autant d’éléments qui créent le petit écart entre le coût des avions. » Le discours du ministre des Transports n’a pas toujours été aussi clair. Il a souvent laissé planer le flou, cautionnant l’idée de possiblesmalversations financières dans l’opération d’acquisition de ces avions MA 60. Une affaire lancée pour la première fois par le député Sdf Jean-Michel Nintcheu .

Revirement

Juin 2014. Le député Nintcheu interpelle le gouvernement sur l’acquisition de deux avions chinois par le gouvernement camerounais. Il apparait que 34 milliards de francs Cfa ont été déboursés pour obtenir deux MA60 et un troisième a été offert en cadeau. Le problème ? Pour ces mêmes appareils et sensiblement à la même période, le Congo Brazzaville les a acquis à 7milliards l’unité. Et l’élu Sdf de conclure à une grave surfacturation. L’affaire fait grand bruit, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire est sur la sellette.

Au mois de décembre, des députés de l’opposition reviennent à la charge. Face aux élus du peuple, pour toute explication, le ministre des Transports, Robert Nkili se défausse sur son collègue de l’Economie et ses propos, ambiguës, en rajoutent à la suspicion. « Le ministre des Transports que je suis n’est pas responsable de la signature des engagements. Le chef de l’Etat signe un décret habilitant quelqu’un à signer ces engagements au nom de l’Etat. Il est ici, et il vous en parlera tout à l’heure. Il vous donnera des précisions.Mais, de vous àmoi, vous pouvez me voir dès lundi et je vous présenterai certaines pièces qui montrent que pendant longtemps, les gens ont été dans des erreurs. J’ai les pièces du Congo pour l’acquisition de ces avions que je pourrais faire voir discrètement à tout député qui le voudrait.

Donc, monsieur le président de l’Assemblée nationale, je préfère que le ministre de l’Économie lui-même vous dise ce qu’il a fait après son habilitation pour débattre des prix. » Lorsqu’EmmanuelNganouDjoumessi se présente devant les députés pour répondre à leurs questions, il avance exactement lesmêmes arguments qui sont aujourd’hui développés par le ministre Nkili. Mais à cette époque-là, il a du mal à convaincre les élus de la nation. Et pour cause, son collègue du ministère des Transports lui a sérieusement savonné la planche. Le revirement observé aujourd’hui par le ministre des Transports permettra-t-il demettre fin aux soupçons de surfacturations qui pèsent sur les avions Chinois ?

© Le Jour : Jean-Bruno Tagne

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