scandale de l'Iric : Les incohérences de Jacques Fame Ndongo
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Le ministre de l’Enseignement supérieur accuse le jury du concours d’avoir délaissé les régions de l’Adamoua, de l’Est, du Nord et du Nord-Ouest.

L’internationalisation de ce qui est désormais considéré par la presse nationale comme l’affaire dit du « scandale de l’Iric » semble avoir résolu les autorités de Yaoundé à s’expliquer. Ainsi, dans un communiqué remis à la presse nationale samedi dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo a tenu à livrer sa version des faits. Dans ce document de 6 minutes de lecture et qui s’étale sur 10 points, le chancelier des ordres académiques justifie la polémique observée autour des résultats du dernier concours d’entrée à la filière diplomatie à l’Institut des relations internationales du Cameroun non pas du fait des tripatouillages des listes, mais d’une volonté de respecter ce qu’il appelle la « méritocratie régionale » ou géographique.

D’après lui, au de-là de la méritocratie académique, « les lois de la République ont prévu à côté la méritocratie régionale ou géographique axée sur la représentativité territoriale que l’on appelle prosaïquement équilibre régiona ». Voilà, d’après le ministre de l’Enseignement supérieur, ce qui explique le fait qu’une première liste publiée vendredi 27 février a été retirée et une seconde rendue publique samedi 28.

Dans sa tentative de se justifier, il va sacrifier le jury. Ainsi Fame Ndongo souligne : « les résultats présentés par le jury au chancelier des ordres académiques n’étaient pas conformes dans leur totalité à ces textes législatifs et réglementaires dont l’application ne saurait être facultative ». En de termes plus simples, le jury composé d’éminents enseignants, à l’instar des professeurs Jean-Emmanuel Pondi, Alain Didier Olinga, Minkoa She et autres n’ont pas respecté le décret du 13 septembre 2000 fixant le régime des concours administratifs et l’arrêté d’application y relatif qui fixe des quotas régionaux pour les concours permettant l’accès dans la fonction publique.

Incohérences

A cette disposition, s’ajoute la Constitution de la République du Cameroun qui en son préambule qui énonce la discrimination positive, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la loi d’orientation de l’enseignement supérieur, l’article 11 alinéa 2 qui dispose que l’Etat protège contre toute discrimination tout postulant à l’enseignement supérieur en raison de la race, de la religion de l’origine linguistique ou géographique.
Pour Jacques Fame Ndongo, 4 régions n’étaient pas représentées dans la première liste. Il s’agit de l’Adamaoua, de l’Est, du Nord et du Nord-Ouest. Il fallait dès lors, selon le ministre, corriger les erreurs du jury. C’est ainsi, d’après ses dires, qu’il a à nouveau convoqué le président du jury et le rapporteur pour la confection de nouvelles listes.

Cependant, la version de Jaques Fame Ndongo recèle des incohérences. Il est important de relever le fait que le président du jury lors du dernier concours n’était autre que le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur Horace, Ngomo Horace. Il est dès lors difficile que le ministre puisse faire croire à l’opinion nationale et internationale que son représentant qui présidait une commission composée du secrétaire général du ministère des Relations extérieurs, Félix Mbayu, les enseignants susmentionnés, ainsi que Pascal Charlemagne Messanga Nyamding et Eba Ebe, a délibérément omis de prendre en compte ce critère de l’équilibre régional qui est pourtant officiellement appliqué dans tous les concours organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur.

Autre chose.

Le ministre lui-même admet que la méritocratie académique et la méritocratie régionale sont les deux critères qui ont prévalu à l’élaboration de la deuxième liste. Un argument très vite balayé par le cas de Nti Estelle. Cette étudiante qui figurait par ordre de mérite deuxième sur la première liste ne se retrouve plus sur la deuxième liste. Pourtant, certains admis originaires des régions du Centre-Sud qui étaient sur la première liste et derrière elle ont vu leurs noms maintenus sur la deuxième liste. C’est ainsi que Oyoua Belinga Bigfarm (fils de Belinga Eboutou) 3ème sur la première liste est monté deuxième sur la deuxième liste, Ngoa Ntonga 6ème sur la première liste est devenu 4ème sur la deuxième et Beti Mfoumou (fille de Beti Assomo), 11ème sur la première liste, se retrouve 7èmesur la deuxième liste. Mebenga Lucien Thierry, autre admis dans la première liste se retrouve également dans la même situation. Car, lui qui était 5ème par ordre de mérite dans la première liste ne se retrouve nulle part sur la deuxième liste. Pourtant, Ngoa Ntonga et Beti Mfoumou étaient par ordre de mérite derrière lui.

Au-delà de ces aspects, il faut relever que pour la première fois, officiellement, les autorités de l’enseignement supérieur admettent l’existence de deux listes. Ce qu’ils ont refusé d’accepter avant que votre journal ne rende officiellement publique l’existence d’une première liste. Mais, Fame Ndongo termine son communiqué en ces termes : « sans préjudice de toute autre haute instruction qu’il pourrait éventuellement recevoir de la hiérarchie, le chancelier des ordres académiques reste ouvert à toute suggestion relative à ce dossier ». Les instructions de chef de l’Etat sont désormais attendues.

© Mutations : Boris Bertolt

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