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© Le Jour : Jean-Bruno Tagne
- 19 Feb 2015 19:39:25
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CAMEROUN :: Inertie : Paul Biya est-il insensible ? :: CAMEROON
Depuis le début de la guerre contre Boko Haram, le président de la République n’a pas posé le moindre geste de compassion pour les victimes. Ses adversaires critiquent sa « froideur » alors que ses partisans décrivent un homme plus humaniste qu’on ne le croit.
Le président de la République du Tchad était à l’hôpital militaire de Yaoundé lundi dernier. Idriss Deby a profité de sa présence au Cameroun pour le sommet extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) consacré à la lutte contre Boko Haram pour se rendre au chevet des soldats tchadiens blessés lors des affrontement à Fotokol dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Cette présence symbolique du président tchadien a certainement donné du réconfort à cette quarantaine de militaires qui ont dû comprendre qu’ils n’étaient pas abandonnés par la République.
Sur les lits mitoyens, leurs compagnons d’armes camerounais, observaient la scène avec quelque envie, eux qui depuis leur internement à l’hôpital militaire de Yaoundé, se contentent des visites sporadiques de quelques seconds couteaux de la République. Quelques minutes plus tôt, le même président Deby avait demandé une minute de silence au palais des Congrès de Yaoundé en mémoire des soldats morts au front depuis le début de la guerre contre la secte islamiste Boko Haram.
Vu de Yaoundé, ces actes symboliques d’Idris Deby ont profondément marqué de nombreuses personnes. Certains journaux en faisaient leurs choux gras hier alors que des chaînes de radio et de télévision (privées) diffusaient l’image de Déby à l’hôpital militaire en boucle.
Politique spectacle
C’est que l’événement est suffisamment inédit. Car depuis le début de la bataille sanglante que le Cameroun livre il y a plus de six mois contre Boko Haram, le président Paul Biya n’a pas posé le moindre geste de ce genre. Il n’a pas été aux obsèques des militaires tombés sur le champ d’honneur, pas plus qu’on ne se souvient de la dernière fois où il a adressé, ne serait- ce qu’une lettre de condoléances aux familles des victimes de cette guerre qu’il s’en alla déclarer à paris.
Pendant ce temps, son homologue tchadien choie ses soldats. Le 16 janvier lorsqu’ils quittaient Ndjamena pour se rendre au Cameroun, Idriss Déby les avait accompagné jusqu’aux portes de Kousserie. On en vient à se demander si le président Biya, chef suprême des armées camerounaises est insensible à la douleur de ses militaires et de son peuple. Pour Charles Atangana Manda, cadre au Rdpc, Paul Biya privilégie l’efficacité au show médiatique. « Pour qui connait le président Biya, explique Atangana Manda, il n’est pas un adepte de la politique spectacle. C’est un adepte de l’efficacité, de la sobriété et pas du spectacle médiatique. C’est un latin ! On prétend qu’il n’a pas envoyé de condoléances à Kolofata.
Mais c’est précisément parce qu’il préparait, avec la sobriété qui le caractérise, la grande mobilisation de l’Afrique centrale que vous avez vue. Les myopes politiques ne l’ont pas vu venir. Dans le monde entier, tous les médias saluent son discours de lundi. Qu’est ce qui est plus utile ? Que le chef se fasse filmer en train d’aller donner du mercurochrome aux militaires dans les hôpitaux ou qu’il fasse son travail républicain pour le bien de cette armée ? Paul Biya est plus humaniste qu’on ne le croit. De source sure, il prend des nouvelles de ces soldats au jour le jour et je peux vous dire qu’il connait même leurs noms par cœur.
La presse aime ce qui est spectaculaire. Mais ce n’est pas le genre du président. » Un avis que partage un député du Rdpc, qui insiste sur le style du président de la République. « C’est vrai, dit-il, que dans le contexte actuel, il y a des actes symboliques qu’un chef doit poser. Mais je pense qu’il faut tenir compte du tempérament de chacun. Le chef de l’Etat n’est pas un homme du paraître. La sensibilité ne se fait pas de manière bruyante comme le font les autres. Ce n’est pas parce qu’il ne va pas dans l’Extrême-Nord, ou à l’hôpital qu’il n’est pas touché par ce qui se passe. Je pense que c’est excessif de penser ainsi. Il se sent très concerné et c’est la raison pour laquelle il a mis tous les moyens qu’il faut à la disposition de notre armée qui ne manque de rien.
Le m’as-tu vu n’est pas le genre du président de la République. » Aux antipodes de ces deux avis, Vincent Sosthène Fouda, président du Mouvement camerounais pour la social-démocratie et ancien candidat à la présidentielle pense que le président Biya reste égal à sa réputation d’homme froid. « Depuis son arrivée au pouvoir le 6 novembre 1982, le président Biya a cultivé la froideur vis-à-vis de tout ce qui touche au pouvoir et aux institutions afin de se faire une stature d’immortel, d’homme-dieu. C’est sur ce mythe-là que repose son pouvoir. La distance entre Paul Biya et la souffrance de son peuple est le socle sur lequel est construit son pouvoir », soutient-il.
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