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© Kalara : Reinnier Kazé
- 12 Feb 2015 13:17:02
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CAMEROUN :: Comment les caissières du Trésor public «frappaient» dans la caisse :: CAMEROON
Une erreur de mise en page nous a conduit à annoncer cet article et à publier un autre, en rapport avec l’affaire Ambassa Zang. Nous nous en excusons. Et en guise de réparation, retrouvez, ci-dessous, le texte relatif aux manoeuvres des caissières et de leurs complices qui ont permis un détournement de près de 746 millions de francs dans les trésoreries de Yaoundé entre 2012 et 2013.
C’est l’affaire dite des excaissières de la Trésorerie générale de Yaoundé. Elles étaient soupçonnées de s’être servies dans les caisses de l’Etat. Désormais, elles ont le statut d’accusées. Elles vont comparaître en audience publique devant le TCS. C’est ce qu’a décidé Mme Annie Noëlle Bahounoui Batende, juge d’instruction chargé de leur affaire. Elle a en effet bouclé son enquête dans ce sens le 20 janvier 2015. Cela ressort de l’ordonnance clôturant l’information judiciaire dont Kalara a pris connaissance. Au terme de longs mois d’enquête, le juge d’instruction a retenu dans les liens de l’accusation tous les inculpés identifiés en début de procédure.
Au total, vingt-cinq personnes sont renvoyées devant le TCS pour y être jugées. Il s’agit de dix-neuf sous-caissières ayant exercé à la Trésorerie générale de Yaoundé, à la perception de Yaoundé III à Ngoa Ekellé (sept personnes) et à la perception de Yaoundé I à Djoungolo. Une ancienne coordinatrice de la caisse principale et un ex-chef de bureau de contrôle formel à la Trésorerie générale de la capitale, de même qu’un étudiant, ainsi que deux autres personnes, tous liés aux services de la Trésorerie, complètent la liste des accusés. Même si les montants imputés aux incriminés varient en fonction de l’accusé, le montant global est chiffré à environ 746 millions de francs.
Double paiement, faux bons de caisse
En janvier 2014, de nombreuses personnes de l’administration du Trésor, des dames pour la plupart, avait été arrêtées à Yaoundé avant d’être placées en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui. Il s’agissait là d’une nouvelle tournure observée dans un dossier ouvert quelques mois plus tôt. Le 26 novembre 2013, le Trésorier payeur général de Yaoundé, Francis Lin Mathieu Essono, avait en effet déposé auprès du directeur de la police judiciaire de la capitale une plainte contre certains de ses agents, caissières et sous-caissières, les suspectant d’avoir pris des libertés avec la fortune publique.
Le plaignant expliquait alors que les suspects auraient, d’une part, effectué de doubles paiements de bons de caisses authentiques par la technique du «recyclage» et procédé, d’autre part, au paiement de faux bons de caisse. Lors de l’enquête préliminaire et de l’information judiciaire, il avait réitéré ses soupçons, tout en indiquant que la supercherie avait été découverte le 25 novembre 2013 à l’occasion d’un contrôle effectué par ses services spécialisées. Au sujet du mode opératoire, le TPG révélait que les suspectes soutiraient des bons de caisse déjà endossés et archivés au service des comptes de gestion, et qu’ensuite elles les remettaient dans le circuit de paiement. En fait, elles se servaient les sommes correspondantes, selon M. Essono.
En outre, toujours selon ses explications, de faux bons de caisse étaient fabriqués «de toutes pièces avec des noms, numéros matricule, et fonctions fictives», également dans le but de s’en mettre plein les poches. M. Essono ajoutait que le forfait allégué a prospéré parce que les auteurs étaient couverts par «les agents du bureau du contrôle formel dont le rôle est d’examiner les pièces payées quotidiennement par les souscaissières, de les valider et de leur attribuer un numéro». Il finissait d’enfoncer les suspectes en indiquant que certaines d’entre elles avaient avoué, par écrit, «avoir mis en paiement des bons de caisse déjà payés». Les faits supposés se sont déroulés sur une période chevauchant les années 2012 et 2013.
Dans le cadre de l’information judiciaire ouverte à ce propos, un expert judiciaire avait été désigné pour «exploiter et analyser les comptabilités de la Trésorerie générale de Yaoundé, de la période allant du 1er mars au 30 novembre 2013, à l’effet de dégager les montants relatifs aux bons de caisse payés deux fois et aux faux bons de caisse payés». Le 24 mai 2014, cet expert, M. Souaïbou Moussa, a rendu son rapport, accablant les inculpés. M. Souaïbou explique s’être rendu à la Cenadi, le Centre informatique du ministère des Finances qui est à même de retracer les différents mouvements effectués tous les mois dans les régies financières. L’expert y a eu accès aux données qui lui ont permis de repérer les noms des sous-caissières impliquées dans le recyclage des bons de caisse déjà payés et/ou l’iusage de faux bons de caisse pour percevoir indûment des fonds de l’Etat. A en croire la synthèse faite par la juge d’instruction, le travail de l’expert judiciaire a corroboré l’enquête initiale effectuée à la Trésorerie générale de Yaoundé.
Relâchement moral
Depuis l’éclatement de cette affaire, plusieurs ex-sous-caissières ont pris la clé des champs et des mandats d’arrêt avaient été émis à leur encontre. D’autres croupissent dans les geôles de la prison de Kondengui. Et c’est de là qu’elles iront répondre des incriminations retenues contre elles. Mais certaines ont reconnu les faits à l’information judiciaire, d’après Mme Bahounoui Batende. Ainsi, une accusée a confié avoir pris l’argent de la Trésorerie pour combler son déficit de caisse. Une deuxième a affirmé l’avoir fait également pour cette cause, mais aussi et surtout pour soigner son père atteint «d’un cancer de la prostate ». Une troisième a nié, mais a trouvé le moyen de rembourser la somme de 3,267 millions de francs qui lui est imputée, sollicitant de ce fait l’arrêt des poursuites.
Aucune décision n’a toutefois encore été prise dans ce sens. Une quatrième, poursuivie pour tentative de détournement, explique qu’elle a voulu régler des dettes personnelles. Elle a remboursé le montant de 305.466 francs, et dans une lettre écrite pour solliciter l’arrêt des poursuites, son avocat, cité par la juge d’instruction, a expliqué «que dans un relâchement moral qu’elle ne réussit pas à expliquer, elle a tenté de toucher deux faux bons de caisse manipulés d’un montant total de 305.000 francs et a été interceptée au guichet avant d’avoir pu toucher ladite somme.» Leur procès permettra de savoir si elles plaideront coupables ou pas. Mais, déjà, cette affaire ne révèle qu’un tout petit aspect de la façon dont les fonds manipulés dans les régies financières, en particulier au Trésor, prennent de fois la direction des poches de fonctionnaires cupides.
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