Près de 70 prisons sans infirmerie au Cameroun
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Près de 70 prisons sans infirmerie au Cameroun :: CAMEROON

Les budgets alloués pour la prise en charge des détenus restent autant insuffisants que le nombre de geôliers. Entre 2011 et 2013, de nombreux rapports le démontrent avec acrimonie.

Le 5 mars 2016, Marafa Hamidou Yaya, ex ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) et Yves Michel Fotso, ex-ADG de la Camair, tous deux accusés de détournement de deniers publics, n’ont pas pu se présenter à l’audience au Tribunal criminel spécial. L’audience a été renvoyée au 3 mai 2016 à la demande des avocats des co-accusés qui, comme le 22 mars dernier, ont formulé une demande de renvoi d’audience à la cour du fait du mauvais état de santé de leurs clients.

Consacrant un autre rebondissement sur la santé des détenus au Cameroun. Avant ces deux anciens gestionnaires de la fortune publique, l’état de santé de plusieurs autres détenus, avait déjà défrayé la chronique. Certains d’entre eux en sont ressortis sur fauteuils roulants, tant dis que d’autres, moins chanceux ont été emportés par la mort. En un mot, il ne fait toujours pas bon vivre dans les prisons Camerounaises. Une situation que de nombreux rapports dénoncent régulièrement.

Le rapport 2013 du ministère de la Justice (Minjustice) sur la situation des droits humains au Cameroun indique que le montant annuel consacré pour la prise en charge médicale d’un détenu était de 6572 FCFA, contre 3604 FCFA l'année précédente. Bien peu. Conséquence, de nombreuses maladies ont fait leur lit dans les prisons. Le paludisme affiche une prévalence de de 26%; les infections respiratoires et la gale avec des taux de prévalence de 11,04% et 11,33% respectivement sans oublier l’infection à VIH. Le rapport du Minjustice aussi révèle que la plupart des décès enregistrés dans la prison principale de Mbalmayo, par exemple, étaient liés au VIH, aux maladies cardio-vasculaires et à la tuberculose.

Alors que ceux enregistrés à la prison principale de Mfou étaient liés à la méningite à la tuberculose et à la diarrhée. L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), s’étonne qu’il n’existe pas d’infirmeries dans certaines prisons. En 2012, le pays compte 88 prisons dont 77 fonctionnelles: 10 prisons centrales, 49 principales et 18 secondaires pour une capacité d’accueil évaluée à 17 000. Mais le Recensement des personnels du secteur de la santé effectué par le ministère de la Santé publique a établi que le Cameroun compte seulement 20 infirmeries de prison. La région du centre par exemple, qui abrite la prison centrale de Kodengui et les pénitenciers de Mfou et Yoko, ne disposent que d’une infirmerie de prison.

Outre l’insuffisance des structures sanitaires au sein des geôles, L’ACAT, regrette également que là où l’on retrouve des infirmeries fonctionnelles, la plupart du temps, soient sous équipées avec un minimum médical indisponible. Pis encore, déplore-t-elle, de nombreux personnels ne souhaitent pas être en contact avec les détenus par crainte de contagion. Le souvenir de l’ancien PCA du Port autonome de Douala, Edourd Etonde Ekoto, sorti de prison en 2014 avec des béquilles, témoigne qu’il ne fait toujours pas bon vivre dans les prisons  camerounaises.

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