NGUISA, LE SOUFFLE DU NGONDO : QUAND L’ESPRIT DES CHANSONS RETROUVE LA FORCE DE L’EAU
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CAMEROUN :: NGUISA, LE SOUFFLE DU NGONDO : QUAND L’ESPRIT DES CHANSONS RETROUVE LA FORCE DE L’EAU :: CAMEROON

Nguisa est revenu au Cameroun comme on revient aux sources d’un fleuve : sans bruit, avec cette discrétion  qui le caractérise, mais porté par une émotion profonde. Sa présence aux cérémonies du Ngondo, cette grande célébration de l’âme Sawa, semble avoir réveillé une mémoire ancienne, un lien secret entre l’artiste et l’histoire de son peuple. Chaque année, le Ngondo rappelle le voyage fondateur des ancêtres arrivés entre le XIVᵉ et le XVᵉ siècle ; un peuple façonné par l’eau, les génies, le mystère et la joie.

Et dans cette grande traversée culturelle, le talent de Nguisa apparaît comme un prolongement naturel ; une voix qui porte l’héritage des siens aussi sûrement que les pirogues portent les maîtres de l’eau sur le fleuve Wouri. Chanteur rare, discret, presque secret, Nguisa ne ressemble à personne. Il avance dans la musique comme on avance dans un rêve, sans réclamer quoi que ce soit, laissant ses chansons faire le travail silencieux d’émouvoir les cœurs. Il ne fait ni directs sur les réseaux, ne fréquente ni les plateaux télé ni les studios radio, et pourtant, ses titres franchissent le million de vues avec une facilité qui étonne et ravit.

C’est que son charme ne se vend pas ;  il se respire. Son imagination féconde façonne des mélodies simples, douces, chaudes, pareilles à ces nuits tropicales qui ne laissent jamais indifférent. Son dernier clip, tourné à Paris, raconte une histoire d’amour avec cette sobriété poétique qui est la sienne. On y voit un garçon, interprété par Emmanuel Koupellè, déclarer sa flamme à l’amie d’enfance jouée par Caro Koffi. Le scénario, les dialogues, la réalisation – signés Jules-Emmanuel Lobe, c’est-à-dire Nguisa lui-même – dévoilent un artiste complet, qui comprend les silences aussi bien que les mots. L’image épouse la musique avec une tendresse rare, comme si chaque plan devait caresser la chanson plutôt que la traduire.

Autour de lui, les témoignages affluent et se ressemblent dans leur sincérité. Beaucoup disent ne pas comprendre la langue douala, mais sentir malgré tout le frisson de cette musique. D’autres racontent comment ses chansons ont accompagné des mariages entiers, mises en boucle par des mères trop émues pour arrêter de danser. Plusieurs avouent fondre en larmes en l’écoutant. D’autres encore promettent de surprendre leur épouse avec cette mélodie lors d’une soirée intime. Tous, sans exception, reconnaissent une chose : Nguisa est une pépite, un trésor musical qui appartient au Mboa, mais parle au monde entier.

Et peut-être est-ce précisément là que réside la magie de cet artiste : dans sa capacité à relier les êtres, à tresser des liens invisibles entre ceux qui l’écoutent, à transformer un simple moment en souvenir précieux. Sa musique ne fait pas du bruit, elle fait du bien. Elle n’éclate pas, elle enveloppe. Elle console. Elle rappelle à chacun que la douceur est encore possible dans un monde trop rapide.

Dans ce retour au pays, au bord du fleuve qui porte les légendes Sawa, il semble que Nguisa retrouve plus que ses origines, car  il retrouve un souffle, un ancrage, une vérité. Peut-être même que le Ngondo le célèbre autant qu’il le célèbre lui-même, comme si l’artiste et la tradition s’éclairaient mutuellement. Le Cameroun l’écoute, le regarde, le reconnaît. Et dans les chuchotements  du public qui l’adore depuis des années, se dessine un aveu commun. S’inspirer longtemps pour créer des œuvres qui durent. Tous disent. Merci de nous faire rêver.

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