En président le 15 juillet dernier à Ankara, le 9^e anniversaire du Coup d'État manqué de 2016, le président de la République a mis en garde des ennemis de la paix et a martelé que le drame d’une telle envergure ne se reproduira plus.

Grande assemblée nationale de Turquie. Le Hall de la porte du Parlement est comble. Les photos du fondateur de la Turquie actuelle, Mustafa Kemal Ataturk (1923 à 1938) qui trône à gauche de la salle, (on dirait qu’il est omniprésent) ; et celle du président de la République, Recep Tayyip Erdoğan,  sont séparées par deux drapeaux.

Il est environ 15 heures le 15 juillet dernier. Des parlementaires, ministres et hautes autorités de l’Etat réservent un standing ovation au chef de l’Etat. Ceci en présence de près de 200 journalistes venus des quatre coins du monde et de l’intérieur de la Turquie. Il vient de prononcer un discours ferme, empreint d’émotions ; se rappelant, comme si c’était hier, de la tentative de Coup d’Etat du 15 juillet 2016 avec des exactions causées dans les deux grandes villes : la capitale politique, Ankara ; et la capitale économique, Istanbul.

Plus de 250 morts

La Turquie célèbre une fête, mais dans la douleur. Le pays a connu le drame le plus important de son histoire.  Dans la nuit de 15 juillet 2016, une faction au sein de l'armée turque a tenté de renverser Recep Tayyip Erdoğan, alors qu’il venait d’être élu le 10 août 2014, président dès le premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct. Les putschistes ont a pris le contrôle d'infrastructures clés à Ankara et Istanbul, notamment de ponts, d'aéroports et de la télévision d'État. La tentative de coup d'État a fait plus de 250 morts et plus de 2,000 blessés, mais a finalement échoué après que des dizaines de milliers de civils sont descendus dans la rue pour soutenir le gouvernement élu. L'administration a rapidement blâmé le religieux Fethullah Gülen basé aux États-Unis et son réseau, appelé « fœtus », lançant une répression de grande envergure dans les mois et les années qui ont suivi.

Le guide turc a dans ses envolées rhétoriques, réaffirmé la résilience et l'unité nationale de son gouvernement et de son peuple face à la trahison. Sur le pupitre, le chef de l’Etat parle aux turcs. Les télévisions publiques et privées retransmettent la cérémonie en direct. « En ce 9e anniversaire du coup d’État du 15 juillet, je suis très heureux de pouvoir être avec vous dans notre Grande assemblée. Comme lors de cette nuit d’épreuve où nous avons dû revêtir le manteau de la bravoure, nous sommes de nouveau unis, forts, et solidaires. La vidéo que nous venons de voir a ravivé le souvenir de cette nuit funeste. Avec douleur, tristesse et colère, nous avons également redécouvert, devant nos yeux, la solidarité, le courage et la résistance ». Le président indique que la Fatiha a été récitée « pour l’âme de nos précieux martyrs qui ont sacrifié leur vie pour défendre notre indivisibilité et notre avenir. Que Dieu les accueille dans sa miséricorde ». Il invoque « la mémoire de tous nos martyrs, qui ont courageusement résisté en se dressant contre les traîtres, et qui ont érigé la chose inébranlable face à l’oppression, et je souhaite que leurs âmes soient en paix ».

Hommage aux soldats

Il n’a pas manqué de rendre un « hommage digne » aux soldats qui, ce soir-là, ont montré un sang-froid noble, ont protégé leurs corps pour arrêter l’envahisseur, et ont résisté face à cette invasion honteuse. A tous nos citoyens qui, d’un courage exemplaire, ont rempli les rues, les avenues, et les places, et qui ont répondu à cet appel.

Le président Erdogan a saisi ce moment solennel pour s’adresser à près sept millions de turcs vivant à l’étranger, « qui ont prié pour nous, ainsi qu’à nos amis et frères de la région et du monde entier qui nous ont soutenus. La vérité que nous avons tous personnellement expérimentée ce soir-là, c’est que, dans Istanbul, dans Bursa, à Erzurum, et dans Bakou ou Le Caire, les appels à la prière et les récitations du Coran ont résonné des milliers de kilomètres au-delà, de Pakistan à Indonésie, de Bosnie à Somalie, nos frères et sœurs ont élevé leur voix pour la paix et la liberté de la Turquie. Leurs prières, leur solidarité, leur cotation par leurs larmes de douleur ont renforcé notre résistance. La lumière de ces terres sacrées, dont l’horizon et la conscience s’étendent dans tout le monde, a illuminé les coins du globe. Ce soir-là, nous avons compris, encore une fois, ce que signifie être une nation unie, ce que veut dire la fraternité de la communauté musulmane, et nous avons saisi ce que cela implique ».

Le chef de l’Etat renseigne que ce soir-là, la vérité que la Turquie est plus grande que la Turquie elle-même a été comprise avec force. La vérité, c’est que ces terres, irriguées par le sang des martyrs depuis des siècles, sont le terreau de grands destins. Avec leur riche patrimoine, leur foi profonde, cette nation, forte et pleine d’espoir, est la lumière pour les opprimés et la crainte pour les ennemis depuis un millénaire. « Cette nation, après Çanakkale et la Guerre d’Indépendance, a écrit une épopée héroïque ce soir du 15 juillet en donnant sa vie, son sang et tout son être ».

Numan Kurtulmuş

Avant lui, le président de la Grande nationale, Numan Kurtulmuş, a planté le décor de la célébration. Pour lui, le film de l’horreur qui est désormais derrière les turcs, est une victoire contre les chars, les avions, les bombes. Mais aussi la victoire de l’esprit courageux de cette terre sur ceux qui ont trahi leur patrie. Elle montre que unis et solidaires, nous sommes resplendissants, puissants, et invincibles. Plus loin, il reconnaît que le 15 juillet qui se célèbre depuis neuf ans représente pour la nation turque une étape décisive, un acte héroïque. « Comme le disait notre ancêtre, cette nuit-là tout est devenu évident, clair. D’un côté, notre peuple résiste héroïquement contre les tanks, les avions et les balles, et de l’autre, certains disaient : la jeunesse est imbibée de sang ».

Le président de la Turquie complétait ce narratif : « Ce brave peuple, qui ne laisse pas ses enfants en uniforme terroriste, a été traité par certains de jouer la comédie, de monter un scénario, et de faire des accusations honteuses de coup d’État contrôlé. D’autres, quant à eux, attendaient tranquillement chez eux en buvant leur café, adoptant une stratégie d’attentisme ». Fier de son peuple, il a rassuré en leur disant que plus jamais un tel événement ne se reproduira en Turquie.

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