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© Correspondance : Hubert ETOUNDI
- 07 May 2025 10:03:12
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CAMEROUN :: L’URGENCE D’UNE REVOLUTION DES ORDURES :: CAMEROON
Dans les villes camerounaises, la saleté n’est plus une anomalie : elle est devenue un décor. On la retrouve dans les rigoles, sur les trottoirs, au coin des marchés, devant les écoles et même aux portes des administrations. L’ordure s’infiltre partout, comme une poussière d’indifférence qui s’est lentement déposée dans les habitudes. À force de la voir, on ne la voit plus. Et pourtant, elle parle. Elle dit l’échec de la politique urbaine, l’oubli de l’éducation civique, la démission collective face à ce qui devrait être un devoir commun : garder nos villes vivables, saines et humaines.
La gestion des déchets au Cameroun est pas seulement une question de propreté ; c’est un enjeu sanitaire, écologique, économique et moral. Car derrière chaque sac plastique jeté au vent, chaque tas d’ordures en décomposition, il y a des maladies qui guettent : choléra, paludisme, infections respiratoires. Il y a des caniveaux bouchés, des eaux usées stagnantes, des rivières qui deviennent des égouts.
Il y a des enfants qui grandissent dans la crasse et qui prennent cette crasse pour norme. Mais plus grave encore, il y a une absence d’éducation citoyenne à la base. Jeter ses déchets au sol est une mentalité camerounaise. C’est le symptôme d’une société où le civisme a été relégué au rang de luxe. À l’école, dans la rue, dans les médias, l’hygiène publique n’est que rarement enseignée comme une valeur fondamentale. Et quand elle l’est, c’est souvent de manière ponctuelle, sans suite, sans cohérence. Pire, la saleté s’est normalisée.
Quand tout le monde jette, personne ne se sent coupable. Le désordre devient collectif, et donc acceptable. Face à cette impasse, certains évoquent la nécessité d’organiser des États généraux des ordures au Cameroun. L’idée peut faire sourire, mais elle est salutaire. Il est temps d’ouvrir un vrai débat national sur la saleté. Il faut rassembler les mairies, les entreprises, les associations, les écoles, les religieux, les jeunes, les experts. Il faut réfléchir à des politiques durables, adaptées aux réalités locales. Il faut interroger les contrats monopolistiques de collecte, responsabiliser les communes, impliquer le citoyen, et mettre fin à l’impunité des pollueurs.
Il faut aussi comprendre que la solution n’est pas seulement technique, elle est aussi culturelle. Mais dans cette crise se cachent aussi des opportunités formidables, notamment sur le plan de l’emploi. Le secteur des déchets, s’il est bien organisé, peut devenir un vivier d’activités économiques : collecte, tri, transformation, recyclage, compostage, éducation environnementale.
Des micro-entreprises peuvent naître dans les quartiers, des coopératives peuvent structurer l’économie informelle, des usines de valorisation peuvent offrir du travail aux jeunes diplômés comme aux non-scolarisés. On peut créer de la richesse à partir de ce que nous jetons. Il suffit de regarder le déchet autrement : non plus comme un fardeau, mais comme une ressource. C’est ainsi que la gestion des déchets pourrait devenir un levier de développement, une école de citoyenneté, un chantier de gouvernance partagée. Mais pour cela, il faut changer de regard, de discours et d’ambition.
Il ne s’agit plus seulement de nettoyer les rues pour impressionner les visiteurs de passage. Il s’agit de bâtir une culture du respect du bien commun. Une ville propre n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’une société qui se respecte. Alors oui, il est temps de parler d’ordures. Pas pour les dissimuler sous des discours brillants, mais pour les traiter à la racine. Car derrière l’amoncellement de déchets visibles, c’est souvent un déficit invisible de conscience citoyenne qui pourrit en silence. Et cela, aucun camion à ordures ne pourra l’emporter à lui seul.
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