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© Avec : Guy Modeste DZUDIE(JADE)
- 06 Aug 2021 16:26:36
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CAMEROUN :: Education de base: Les enfants Mbororos ballottés entre école coranique et école classique :: CAMEROON
Au niveau de l’enseignement primaire, il existe une seule école publique franco-arabe pour des centaines de milliers de potentiels postulants à l’Ouest. Garga Djibrilla, délégué régional du Minedub dans la région fait savoir que la création ou la multiplication des écoles publiques franco-arabe serait favorable à l’intégration, dans le système scolaire national, des enfants issus de cette minorité vulnérable.
En fin de semaine dernière, les résultats du Certificat de l’étude primaire (Cep) ont été publiés dans la région de l’Ouest. L’école publique de Didango fréquentée quasi exclusivement par les enfants Mbororos, a présenté 21 candidats et a obtenu 08 admis. Ce qui fait un taux de réussite d’environ 34%, donc loin de celui de l’ensemble de toute la région de l’Ouest qui est de 66,99%. A l’école publique de Tchada II à Baleng, toujours un fief des Mbororos, sur les 33 candidats présentés, seulement 06 ont été déclarés admis au Cep.
Enfants…abandonnés
Au niveau du service des statistiques de la délégation régionale du ministère de l’Education de base (Minedub) dans la région de l’Ouest, ces résultats suscitent quelques commentaires qui font croire que les enfants des campements Mbororos sont scolarisés dans des conditions qui laissent à désirer. C’est notamment le cas de Idrissou Issoffa, 9 ans, et inscrit courant l’année académique écoulée à l’école publique de Didango dans l’arrondissement de Koutaba en classe de Cour élémentaire première année (CE1). Il a passé son année scolaire à osciller entre cet établissement scolaire et l’école coranique qui jouxte la mosquée centrale de Didango. Comme la majorité des enfants de ce village, il ne saurait se scolariser conformément aux programmes des cours édictés par le ministère de l’Education de base. Les bâtiments de l’école publique construite dans cette localité avec le concours des bienfaiteurs étaient quasi inoccupés lors de notre passage.
Le directeur de l’école tout comme les enseignants sont absents. « Dans notre culture, il est impératif à l’enfant de suivre les cours de l’école coranique. C’est là qu’il apprend à prier et à lire le coran. C’est fondamental dans la tradition islamique. Les filles comme les garçons doivent commencer par apprendre l’alphabet arabe pour se forger une âme spirituelle. Dans certains cas, il faut d’abord faire l’école coranique avant de rejoindre l’école classique. Dans mon enfance à Galim, j’ai été soumis à cette démarche», explique Lehrer Amadou, infirmier vétérinaire et chargé des projets à l’antenne Ouest de Mboscuda (Mbororos cultural’s association (Ndlr : association culturelle des Mbororos). «Dans mon village, malgré les efforts fournis pour sensibiliser les uns et les autres sur la nécessité d’envoyer les enfants à l’école, les gens se comportent toujours comme si on était dans un pays entièrement à part. Les enfants ne sont pas bien encadrés à l’école», se plaint Aladji Oumarou,notable dans la cour du lamidat de Didango. Ce dignitaire trouve que le programme de formation à l’endroit des jeunes Mbororos est inadapté.
Ce qui constitue un frein à leur insertion dans la vie sociale et la poursuite d’un cursus scolaire normale. Ces faits sont quasi-similaires dans les autres écoles logées ou à proximité des campements Mbororos de la région de l’Ouest : école publique de Sanki à Bangangté ou celle de Tchada II à Baleng.
Ce qui pourrait laisser penser que l’Etat n’a rien apporté pour soutenir les efforts des communautés Mbororos en matière d’auto scolarisation des enfants. Les enfants Mbororos en âge de fréquenter les écoles maternelles et primaires sont-ils abandonnés ? Quelles sont les mesures prises par l’Etat afin de favoriser l’apprentissage du fulbubé, la langue maternelle ou de l’arabe dans le programme de formation de ces enfants à la base ? « Lorsque je travaillais au Nord comme délégué régional, l’Etat du Cameroun a engagé des actions pour officialiser et rendre publique plusieurs écoles franco-arabes. Sur le terrain, nous avons commencé un travail de recensement. C’est la guerre que mène la secte islamique armée Boko Haram qui est venu contribuer à retarder cette révolution. Dans la région de l’Ouest, à ma connaissance, il existe une seule école publique franco-arabe qui fonctionne. C’est celle de la mosquée centrale de Bafoussam. Elle a été transformée en école publique franco-arabe suite à la demande formulée par les dignitaires de cette communauté. Je souhaite que ma hiérarchie tienne compte de cette expérience pour favoriser la création des écoles publiques islamiques dans les campements Mbororos ou dans les localités du département du Noun où se trouvent une forte communauté musulmane, que des écoles publiques franco-arables soient créées afin qu’il n’y ait pas de confusion de choix entre l’école coranique et l’école publique du village », explique Djibrilla Garga, délégué régional du Minedub à l’Ouest. «Il est important d’établir une différence entre l’école coranique fondée par une communauté des fidèles d’une mosquée et l’école primaire islamique. Dans la première, on enseigne uniquement le coran en arabe. Alors que dans la seconde, il s’agit de suivre le programme normal de formation édicté par le Minedub avec des heures d’enseignement en arabe. Il existe un secrétariat à l’éducation pour les écoles privées islamiques, comme un secrétariat à l’éducation pour les écoles privées catholiques ou protestantes », soutient-il.
La pleine application du principe de l'enseignement primaire obligatoire
Pour ce fonctionnaire, il est clair que l’Etat doit prendre en compte les défis de l’éducation interculturelle. Ce point de vue semble aller dans le sens de la Déclaration de 1992 relative aux droits des personnes appartenant à des minorités nationales, ethniques, religieuses et linguistiques.
Ce texte élargit ces droits à l'enseignement des langues et des cultures des minorités, tout en leur donnant la possibilité de connaître la culture nationale. Il indique : « les États devraient prendre des mesures appropriées pour que, dans la mesure du possible, les personnes appartenant à des minorités aient la possibilité d'apprendre leur langue maternelle ou de recevoir une instruction dans leur langue maternelle. [...] Les États devraient, le cas échéant, prendre des mesures dans le domaine de l'éducation afin d'encourager la connaissance de l'histoire, des traditions, de la langue et de la culture des minorités qui vivent sur leurs territoires. Les personnes appartenant à des minorités devraient avoir la possibilité d'apprendre à connaître la société dans son ensemble.»
Et Lehrer Amadou de Mboscuda de plaider pour « la pleine application du principe de l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous », comme le prévoit l’article 14 du Pacte international relatif aux droits sociaux et économiques.
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