Dr Alawadji SOULÉ demande à Monsieur Dion Nguté  le Premier Ministre de démissionner
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"Depuis lors, vous n’avez arrêté de vous prêter à divers types d’humiliations publiques à vous infligées aussi bien par le très entreprenant, irrévérencieux et administrativement arrogant Secrétaire Général de la présidence de la République, Ferdinand NGOH NGOH, que par plusieurs des membres de « votre » gouvernement."...
 
 L'intégralité de la lettre

LETTRE OUVERTE À  JOSEPH DION NGUTE

Sir Joseph Dion Ngute démissionnez afin de sauver la dignité de la fonction de Premier Ministre, Chef du Gouvernement dans l’ordonnancement institutionnel de la République

La Constitution de la République du Cameroun dispose en son article 12 que « Le Premier Ministre est le chef du Gouvernement et dirige l’action de celui-ci ». Il est la deuxième personnalité de l’Exécutif, après le Président de la République.

Depuis votre nomination à ce poste le 04 janvier 2019, absolument rien ne laisse penser, à l’observation du fonctionnement de l’État, que vous êtes effectivement le chef du Gouvernement. Vous ne vous êtes épargné, et l’État ne vous a épargné, aucune humiliation publique et institutionnelle.

Aux termes de l’article 10 (1) de la constitution, « Le Président de la République nomme le Premier Ministre, et sur proposition de celui-ci, les autres membres du Gouvernement ».

Cette disposition introduit l’idée que le Premier Ministre exerce, en plus d’une autorité administrative, une autorité politique sur les membres de l’équipe gouvernementale. C’est donc logiquement que celle-ci est considérée comme son équipe.

Pourtant, tous les Camerounais se souviennent que le 4 janvier 2019, juste après la lecture sur les antennes de la radio d’État, du décret N°2019/001 du 04 janvier 2019 portant nomination d’un Premier Ministre, Chef du Gouvernement, celui N°2019/002 du 04 janvier 2019 portant réaménagement du Gouvernement avait été lu également.

La concomitance de la publication des deux décrets montre bien que vous n’avez pas été consulté, en tant que Chef du Gouvernement, pour la composition de l’équipe gouvernementale réaménagée. Mais cela ne vous a manifestement pas perturbé outre mesure. C’est en vous accommodant de la violation flagrante de l’article 10(1) par le Président de République que vous avez signé l’acte politique consacrant votre servitude institutionnelle et politique.

En effet, à partir du moment où vous aviez accepté être le Premier Ministre d’un Gouvernement que vous n’avez jamais, ne serait-ce qu’en partie « proposé », vous aviez accepté de perdre toute autorité sur les membres de celui-ci. Affranchis de votre autorité politique, les membres de « votre » Gouvernement ont immédiatement pris leur indépendance administrative.

Probablement enivré par le bonheur d’avoir été nommé Premier Ministre, vous vous êtes montré peu regardant sur le pouvoir constitutionnel attaché à votre haute fonction et vous êtes devenu un tigre en papier à leurs yeux. Bref, vous avez accepté de n’être que « le premier des ministres » d’un Gouvernement dont le vrai chef est le Président de la République, et par délégation, le Secrétaire Général de la présidence de République qui, il faut le rappeler, n’est pas membre du Gouvernement.

Depuis lors, vous n’avez arrêté de vous prêter à divers types d’humiliations publiques à vous infligées aussi bien par le très entreprenant, irrévérencieux et administrativement arrogant Secrétaire Général de la présidence de la République, Ferdinand NGOH NGOH, que par plusieurs des membres de « votre » gouvernement.

En effet, à travers les fameuses « Hautes Instructions », le SGPR a fait disparaitre du fonctionnement de l’État votre autorité de Premier Ministre. Dans cette nouvelle pratique institutionnelle produite dans le sillage de l’effacement de Paul BIYA de la vie publique, que l’on peut situer à la formation du Gouvernement du 04 janvier 2019, le Premier Ministre Chef du Gouvernement qui aurait dû être, est devenu le « premier des ministres », un simple faire valoir. Dans les actes publics qui inondent les réseaux sociaux depuis lors, on peut constater que les ministres ne vous respectent pas, quand ils ne vont pas jusqu’à vous mépriser publiquement. Dans la gestion, ou plutôt la non-gestion de la crise politique anglophone qui s’est muée en guerre civile, vous avez choisi de souffrir le martyr.

La défiance publique que vous a lancée le tonitruant, imprévisible et surtout burlesque ministre de l’Administration Territoriale, ATANGA NJI Paul – un des porte-drapeaux des extrémistes du régime – sur la télévision française, France24, le 17 mai 2019, est mémorable. Prenant la parole sur ce média quelques jours seulement après que vous avez donné des gages publics sur la disponibilité du Gouvernement à discuter avec les séparatistes anglophones de tous les sujets, y compris de la forme de l’État, tel un shérif, ATANGA NJI Paul vous répondait sèchement : « Nous ne discuterons pas de la forme de l’Etat ». Avant d’ajouter, comme pour bien vous désavouer, que le Cameroun reste constitutionnellement « un Etat unitaire décentralisée ». Comme un masochiste politique, vous avez accepté le supplice public de présider l’organisation, du 30 septembre au 4 octobre 2019, du fameux Grand Dialogue National dont les recommandations ressemblaient étrangement à cette position exprimée par le ministre de l’Administration Territoriale quelques mois auparavant.

Plusieurs autres épisodes ont suivi. Par exemple cette scène surréaliste où des « Ambazoniens » d’un autre genre vous effrayaient en direct sur les télévisions, alors qu’en opposition avec les faucons du régime, vous vous étiez rendu dans le Nord-Ouest pour prêcher le retour de la paix dans les deux régions anglophones du pays. Que dire du fameux communiqué du ministre de la Communication René Emmanuel SADI qui démentait, sans pourtant convaincre, l’amorce d’un projet de dialogue entre les séparatistes et le Gouvernement sous l’égide du gouvernement canadien ?

La liste de vos humiliations est longue comme deux bras. La dernière en date est cette image insoutenable en République, captée le samedi 17 février 2024 à l’occasion de la cérémonie officielle d’inhumation de feu professeur Joseph OWONA, et qui a fait le tour des réseaux sociaux: on y voit le représentant du Président de la République à la cérémonie, le Ministre d’État, ministre de l’Enseignement Supérieur, Jacques FAME NDONGO, assis aux premières loges avec à ses côtés et sur un tapis protocolaire d’autres personnalités, pendant que vous, pourtant toujours Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la République, êtes installé sur une chaise ordinaire parqué et relégué tel un responsable quelconque hors du tapis en question.

Certes, votre collaborateur, le Ministre d’État, ministre de l’Enseignement Supérieur, Jacques FAME NDONGO, était le représentant officiel du Président de la République à cette cérémonie, mais cette image reste choquante et contraire aux bonnes pratiques et au protocole républicain. Rien ne justifie en République que quelqu’un d’autre que le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, représente le Président de la République à une cérémonie officielle alors que le Premier Ministre est présent physiquement à ladite cérémonie. Et si pour quelque raison on a oublié que vous êtes le numéro deux de l’Exécutif et décidé que c’est le Ministre d’État, ministre de l’Enseignement Supérieur, qui y représenterait le Président de la République, était-il nécessaire de laisser le Premier Ministre faire le déplacement pour cette cérémonie ? Au-delà de cette interrogation, le protocole aurait pu rattraper cet imbroglio institutionnel en forçant un peu pour installer « l’encombrant » ami de la famille que peut-être vous jouiez à être, sur un bout du tapis protocolaire et lui trouver un fauteuil qui rappelle son rang.

Au lieu de quoi, on a ritualisé et mis en scène publiquement l’humiliation de tout un Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Ceci est la preuve que le Cameroun n’est plus dirigé, qu’un petit clan de parvenus s’est emparé de l’État et le gère de façon villageoise. C’est dangereux pour le bon fonctionnement de l’État. Même si le petit clan villageois qui a pris l’État en otage et le dirige à sa guise sans le respect ni des lois, ni des pratiques républicaines, ni de l’éthique administrative tire un profit quelconque à vous humilier personnellement, il doit savoir qu’il a l’obligation de respecter le Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Cette image constitue l’humiliation de trop que la République, prétendument « exemplaire », inflige à la fonction de Premier Ministre, Chef du Gouvernement.

On peut constater, pour le déplorer, votre difficulté à assumer cette très importante fonction ; mais ce n’est pas une raison pour rabaisser en permanence le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la République. Car ce faisant c’est l’Etat républicain qu’on abaisse.

Tous les républicains doivent condamner cette maltraitance politico- administrative du Premier Ministre dans notre pays. Vous même, si vous êtes un républicain, vous devez démissionner pour rétablir dans notre pays la respectabilité du poste de Premier Ministre dans notre pays. Aucun des clans au pouvoir ne vous respecte. Ils ne vous ont pas permis de faire le moindre progrès dans la résolution de la crise anglophone. Le fait que vous soyez vous-même Anglophone n’a eu aucune plus-value politique dans la recherche de la paix dans les régions anglophones concernées, en guerre civile depuis bientôt 8 ans. En outre, depuis votre nomination, vous n’avez été en mesure de régler aucun, mais alors aucun problème économique et social du Cameroun. Que ce soit pour résolution de la crise anglophone ou des multiples défis économiques et sociaux du pays, il vous aurait fallu impérativement réussir à vous imposer et à vous faire respecter, d’abord par le Président de la République, ensuite par les membres de « votre » Gouvernement.

Malheureusement cela n’a pas été le cas. Sir Joseph DION NGUTE, partez ! Partez pour sauver le peu de dignité qui pourrait encore vous rester. Partez pour que les Camerounais ordinaires que nous sommes arrêtent de pleurer dans nos chaumières devant les terribles humiliations publiques que le clan des Nangas, dirigé par Chantal BIYA et son binôme Ferdinand NGOH NGOH, le SGPR, vous infligent en même temps qu’à la République. Démissionnez ! Pour que nos compatriotes Anglophones se disent que vous vous êtes enfin révolté face à leur martyr qui se déroule sous vos yeux, pendant qu’en leur nom supposé, vous vous contentez, comme toute la bonne élite Anglophone du régime, des avantages de la fonction de Premier Ministre, Chef du Gouvernement, en regardant ailleurs.

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