LEÇONS POLITIQUES DE MADAME CHANTAL BIYA: LE POUVOIR AU SERVICE DE L’ACTION
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CAMEROUN :: LEÇONS POLITIQUES DE MADAME CHANTAL BIYA: LE POUVOIR AU SERVICE DE L’ACTION :: CAMEROON

« Réinventer la science pour participer à la construction des sociétés où l’être humain peut s’épanouir dans toutes les dimensions de son existence, tel est le projet qui met à l’épreuve de nouvelles générations de chercheurs dans les pays africains »Jean-Marc ELA, L’Afrique à l’ère du savoir : science, société et pouvoir,Paris, L’Harmattan, 2006, p. 11.

​Les lignes qui suivent apportent un éclairage sur l’activité sociale et politique de Madame Chantal BIYA, qui, avec regret, est sous-évaluée, occultée, voire diabolisée. L’on doit reconnaître les initiatives salutaires de la Revue Politique Africaine, n°95, août 2013 sur « Les Premières Dames en Afrique » et du Colloque scientifique organisé en début novembre 2016 par l’Université de Yaoundé II sur « L’action sociale de Madame Chantal BIYA, Première Dame du Cameroun ». Les faits en la matière, sont têtus ; encore qu’aucune réalisation de Madame Chantal BIYA ne saurait être gommée, sauf à faire preuve de mauvaise foi, de cécité volontaire ou de myopie scientifique et politico-sociale. ARISTOTE, dans l’une de ses réponses au Prince Alexandre de Macédoine, nous rappelle à juste titre ce qui suit : « Les faits eux-mêmes m’ont instruit ; ils ne m’ont point appris à mentir ». Donc, le chercheur doit, entre autres tâches, puiser dans les faits pour éclairer sa société politique. Quitte à recevoir les « coups », comme les « coups » que reçoit le politicien et Président du PADDEC, Monsieur Jean De Dieu MOMO, qui, heureusement, a appris et retenu dans ses études de science politique, ce que veut dire « investir et s’investir en politique ».
Par sa position et son statut de Première Dame, Madame Chantal BIYA dispose de plusieurs ressources, ou, simplement, de moyens, notamment le pouvoir, c’est-à-dire un ensemble de capacités et d’attributs par lesquels une personne exerce une influence, une domination sur les autres. Ce qui lui permet de mener, comme tout citoyen, ses activités. Quel usage fait-elle de son pouvoir, de ses ressources ? Quelles sont ses sources de revenus ? Quelles en sont les actions et les réalisations ? Quels en sont les retombées, les gains, les bénéfices ? Quelles sont les leçons politiques à retenir de son activité caritative et humanitaire ?
Contrairement à certaines idées scientifiquement et politiquement construites, cyniquement et iniquement répandues, la réponse à ce questionnement, qui puise dans la réalité du travail de terrain, est que, la Première Dame Chantal BIYA au Palais d’Etoudi, comme la Reine Esther sur le trône royal à Suse dans les Saintes Ecritures, a toujours fait montre d’un usage éclairé et vertueux de son pouvoir et de ses ressources. C’est donc dire que, au Cameroun de Madame Chantal BIYA, le pouvoir est au service de l’action et l’action est au service du pouvoir. C’est la Chantoupathie politique, c’est-à-dire la sympathie politique vis-à-vis de Madame Chantal BIYA, la ‘’Mama Chantou’’.

Le pouvoir au service de l’action de la Première Dame Chantal BIYA

Dans une organisation ou dans une relation, le pouvoir doit avoir une finalité bienfaisante pour son détenteur et les personnes et les institutions sur lesquelles il s’exerce. Mais, il n’en est pas toujours ainsi dans la pratique.
Fort heureusement, cette contribution démontre comment Madame Chantal BIYA dont l’action s’inscrit admirablement dans l’usage vertueuse du pouvoir est conséquemment contre son usage impropre.

Contre un usage impropre du pouvoir pour et dans l’action

L’observation et l’analyse de l’action de Madame Chantal BIYA donnent à voir une mobilisation du pouvoir, de ses moyens qui est contre l’exclusion, l’exploitation et l’accumulation. Au contraire, il s’agit d’une politique d’ouverture, d’intervention et de (re)distribution.
En effet, toutes les catégories et couches sociales, généralement défavorisées ou en détresse, font partie intégrante des œuvres de la Première Dame : les pauvres aussi bien que les riches, les femmes aussi bien que les hommes, les enfants aussi bien que les bébés, les jeunes filles aussi bien que les jeunes garçons, les personnes âgées, les personnes en détresse, les handicapés aussi bien que les personnes sans handicap, les chrétiens, les musulmans, les ‘’sans religion’’, les scolarisés aussi bien que les analphabètes, chômeurs, sans emploi aussi bien que les salariés. Il s’agit là de personnes qu’elle recrute ou qu’elle fait recruter, qu’elle recommande, qui bénéficient de ses aides, qui jouissent des activités et des services qu’elle organise dans et par les institutions qu’elle crée, et qui sont revêtues de la puissance publique du fait leur mission d’utilité publique.
Cette ouverture à toutes les couches et catégories sociales amène à comprendre son vaste champ d’intervention au regard de son action sociale, caritative et humanitaire. On peut voir son action, entre autres, sur la santé, l’éducation, l’eau, la formation professionnelle, la recherche, la culture, l’art, le sport, l’action humanitaire.
Ceci veut dire que, contre l’accumulation des richesses, la politique du ventre, imaginées et imaginaires, souhaitées et souhaitables par certains, la Première Dame Chantal BIYA fait le contrepied naturel de s’investir dans la (re)distribution. Il ne s’agit pas d’une politique de partage, du « power sharing » familial, clanique, ethno-régionale, élitaire ou sélective. Il s’agit effectivement d’une (re)distribution verticale et horizontale, nationale et internationale. A l’instar du numéro 10 d’une équipe de Football qui sollicite, reçoit les ballons et les redistribue, Madame Chantal BIYA sollicite, mendie, reçoit des fonds, des dons et les redistribue. Elle n’accumule pas, elle prête une oreille attentive aux sollicitations, aux revendications, aux cris de détresse de ses concitoyens, qui la sollicitent ou ne la sollicitent pas, quelle que soit leur condition.
Son pouvoir, les avoirs et l’argent qui en découlent, elle les met affectivement et effectivement au service d’une action sociale à la fois offensive, responsive, diversiforme et salutaire.

Pour un usage vertueux du pouvoir pour et dans l’action

Il est prétentieux de pouvoir ressortir ici toutes les actions, et conséquemment les réalisations de la Première Dame Chantal BIYA. Il en est ainsi dans la mesure où ses actions et réalisations sont titanesques et remarquables tant sur le plan national que sur le plan international.
Contrairement aux informations honteusement et pernicieusement véhiculées, la Première Dame Chantal BIYA vit et fait vivre de la générosité publique à travers les dons qu’elle reçoit comme mendiante de la générosité publique internationale pour les déshérités de son pays. Elle mendie pour nous. Elle demande ailleurs, à l’étranger pour nous donner. En effet, les activités sociales des institutions qu’elle crée, bénéficient d’un financement diversiforme. D’abord, il y a les revenus des organes de la Fondation Chantal BIYA (FCB) créée en 1994, à savoir, le Centre Médical de Meyomessala créé le 18 avril 1998, le Centre Mère et Enfant de Yaoundé qui a vu le jour le 23 février 1999 , le Children First Center opérationnel depuis le 24 décembre 2002, et le Centre Hospitalier de Recherche et d’Application en Chirurgie Endoscopique et Reproduction Humaine (CHRACERH) créé le 6 mars 1998 et qui a ouvert ses portes le 6 mai 2016 et le Centre International de Référence Chantal BIYA pour la Recherche sur la Prévention et la Prise en Charge du VIH/SIDA (CIRCB) créé le 23 février 2006. Ensuite, il y a les cotisations des membres du Cercle des Amis du Cameroun (CERAC) créé en 1995 qui regroupe les femmes qui assument de hautes fonctions dans le secteur public ou privé, les épouses des hauts responsables, les femmes Ambassadeurs et les épouses des Membres du Corps Diplomatique accrédités au Cameroun. A ce sujet, nous avons pu retenir de nos différents entretiens ce qui suit : « Les membres du CERAC cotisent beaucoup d’argent. Nos femmes qui en sont membres nous prennent de l’argent » ; « L’année dernière, j’ai contribué au minimum 500 000 francs et d’autres petits montants de 150000 francs par-là » ; « Cette année, j’ai cotisé 2 millions pour le CERAC qui a des projets de construction des hôpitaux ou de réfection ou de fourniture de matériel dans mon département ». En sus, il y a les dons des donateurs nationaux et internationaux, entre autres institutions, l’UNICEF, le LEEM, l’IAI, SGS, CIPLA, AMITOFO CHARITY ORGANIZATION, FICELLE, CFAO, EDICEF. Aujourd’hui, Synergies Africaines contre le Sida et les Souffrances compte une trentaine de Premières et ex-Premières Dames d’Afrique ; ce qui est très significatif pour le financement de ses activités. Enfin, il y a les subventions parce que la FCB, le CHRACERH, le CIRCB sont reconnues d’utilité publique, certaines structures étant rétrocédées à l’Etat.
Quels sont alors les résultats obtenus par ces différentes structures de la politique sociale (la santé, la lutte contre le VIH/Sida, la recherche, l’éducation, l’assistance sociale et la lutte contre la pauvreté, et le sport) de la Première Dame Chantal BIYA ?

Dans le domaine de la santé, les statistiques sont impressionnantes. Le Centre Hospitalier de Recherche et d’Application en Chirurgie Endoscopique et Reproduction Humaine (CHRACERH) créé le 06 mars 1998, a ouvert ses portes le 6 mai 2016 et bat un record de 40% des fécondations in vitro au Cameroun, soit la naissance de plus de 80 bébés procurant le bonheur à de nombreux couples avec une capacité de 60 lits d’hospitalisation. Comme on peut le constater, l’objectif salvateur de Madame Chantal BIYA est atteint : « redonner espoir aux couples stériles, leur ouvrir les portes de ce bonheur incomparable de poursuivre, comme avant eux leurs parents, la chaîne de la vie ». Le Centre Médical de Meyomessala créé 18 avril 1998 qui dispose de 25 lits réalise en moyenne chaque année les chiffres suivants : 2500 consultations, 100 accouchements, 470 hospitalisations et 25000 doses de vaccins administrées. Ceci veut dire que si les statistiques évaluées jusqu’en 2019, c’est-à-dire en 21 ans d’existence, nous donnent sensiblement, et toute proportion gardée, les chiffres suivants : 52 500 consultations, 2 100 accouchements, 9 870 hospitalisations et 525 000 vaccinations. Le Centre Mère et Enfant de Yaoundé créé le 23 février 1999 n’est pas en reste : 258 lits, 11 597 consultations externes, 9 859 consultations d’urgence et 5 822 hospitalisation pour les enfants ; 4 857 consultations prénatales chez la femme, et enfin 34 000 vaccinations pour femmes et enfants. En évaluant jusqu’en 2019, c’est-à-dire en 20 ans d’existence, les chiffres sont sensiblement les suivants : 231 940 consultations externes, 197 180 consultations d’urgence, et 116 440 hospitalisations pour l’enfant ; 97 140 consultations prénatales chez la femme et 680 000 vaccinations. Le dernier né dans ce registre de la santé est le Children First Center de Yaoundé, un orphelinat qui a vu le jour le 24 décembre 2002 avec une capacité d’accueil de 58 lits, dont 48 pour enfants et 10 pour adultes.
La lutte contre le VIH/SIDA donne à voir des actions et réalisations nombreuses tant sur la plan national que sur le plan international à travers SYNERGIES AFRICAINES, le FCB, le CIRB et le CERAC. De manière non exhaustive, nous pouvons souligner : la formation 400 formateurs et prestataires (infirmiers, sages-femmes, médecins et conseillers), 500 sites de PTME créés ou renforcés, 100 000 tests « immuno-Comb » et la disponibilité des réactifs de dépistage rapide à faible coût (de 100 000 FCFA à 10 000 FCA pour les tests de résistance, l’examen de charge virale disponible à 5000FCFA et la numération lymphocytaire CD4 offerte à 2500 FCFA) et de manipulation facile, le suivi de femmes enceintes avec plus de 120 000 analyses réalisées depuis 2015, le lancement en 2003 de l’opération « Vacances sans Sida » en tant que campagne de sensibilisation des jeunes pendant les grandes vacances scolaires et universitaires auquel s’ajoute le programme « Vaccin social » ayant pour objectif de développer des comportements sains et protecteurs vis-à-vis des infections sexuellement transmissibles.

L’immense activité internationale ajoute à cette intense activité nationale pour réduire l’évolution du VIH/Sida. En ce qui concerne la transmission du VIH de la mère à l’enfant, le Professeur NDJOLO, Directeur Général du CIRCB précise que : « Le taux moyen de transmission de l’infection de la mère séropositive à son enfant est d’environ 7%. Il était de 13,73% en 2008, au lancement de cette initiative. C’est dire que nous avons observé une réduction de 50% du taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant en 8 ans d’efforts conjugués ».

Dans les domaines de l’éducation et de la recherche, la même logique et dynamique d’investissement est notoire. Les réalisations du CHRACERH et du CIRCB ne sont plus à démontrer. Avec le concours des Editions Classiques d’Expression Française (UNICEF), c’est la construction chaque année dans différentes régions du Cameroun depuis l’année 2000 des écoles maternelles et primaires dénommées les « Champions FCB », dont 10 sont aujourd’hui rétrocédées à l’Etat. De même, il y a la réfection et la restauration des établissements scolaires, des dons de fournitures scolaires et du matériel informatique et bureautique dans les établissements scolaires et universitaires (la Chaire UNESCO de l’Université de Buea), l’appui à la formation et au recyclage des enseignants, la mise en œuvre d’un programme d’Education pour le Bon Usage du Médicament et la promotion de l’éducation de la Jeune fille en décernant des prix spéciaux aux meilleures élèves et étudiants. Il faut également faire mention de la campagne sur la citoyenneté, « le Chemin Parcouru », qu’elle a personnellement lancée en présence de Madame Chantal Compaoré le 8 mai 2010 et de l’inauguration aux côtés du Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA, de deux Centres de Ressources Pédagogiques sur l’Intégration des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, au Lycée Leclerc et au Lycée Bilingue de Yaoundé.

Comme le souligne les auteurs de l’Agenda de la Fondation Chantal Biya 2019, la Première Dame Chantal Biya est une « infatigable Dame de cœur toujours auprès des couches défavorisées ». En effet, à travers la Fondation Chantal Biya, Synergies Africaines et le Cercle des Amis du Cameroun, il s’agit de « vingt ans d’aide aux sinistrés » grâce à l’assistance sociale et humanitaire, la lutte contre la pauvreté (DIVAS, Hors Série, n°5, 2019). Rappelons en ce sens quelques actions : dons et assistance aux populations victimes de conflits et de l’insécurité transfrontalière, aux sinistrés de Nsam en 2011, aux populations victimes des inondations dans le Grand Nord en 2012 et l’extrême-Nord en 2020, aux populations de Banka-Bafang en 2016, aux populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, aux populations de Gouache à l’Ouest en 2019 ; dons divers aux zones et populations vulnérables en contexte de la covid-19. Madame Chantal BIYA et ses structures financent divers projets pour la promotion de la femme et l’électrification rurale, construisent des puits et forages d’eau, etc.
La culture, l’art et le sport ne sont pas reste. Il s’agit, entre autres activités et réalisations, la promotion de la pratique du sport pour femmes, des dons divers d’équipements sportifs, marraine et appui du « Tour Cycliste Chantal BIYA » et du « Grand Tour Cycliste International du Cameroun », les « Championnats de Vacances », marraine de « Miss Cameroun ». Doit-on oublier ses nombreux et divers invités lors de la soirée du 20 mai au Palais de l’Unité ?

Sur le plan international, l’œuvre remarquable et récompensée de la Première Dame transgresse les frontières nationales. Elle est devenue ainsi une référence mondiale, un référentiel des politiques caritatives et humanitaires grâce à son doigté, son leadership, les actions et les réalisations de la Fondation Chantal BIYA, de Synergies Africaines contre le Sida et les Souffrances, du Centre International de Référence Chantal BIYA et du Centre Hospitalier de Recherche et d’Application en Chirurgie Endoscopique et Reproduction Humaine et du Grand Tour Cycliste International du Cameroun.

A l’instar du Cameroun de Roger MILLA, c’est aussi le rayonnement international du Cameroun à travers Chantal BIYA. Sa consécration internationale est édifiante : lauréate de la XVe édition du Prix « The Best in the World » en janvier 2002 pour son action humanitaire, « Ambassadrice de Bonne Volonté de l’UNESCO » pour l’éducation et l’inclusion sociale depuis novembre 2008, Médaille d’argent Marie Curie de l’UNESCO le 23 février 2006, Présidente d’honneur de « US Doctor For Africa » depuis avril 2009 qui est une ONG à but humanitaire à Los Angeles, Première « First Lady » élevée au rang de « Commandeur de l’Ordre International de la Protection Civile par l’Organisation International de la Protection Civile le 30 janvier 2004, Médaille d’or de l’excellence de Synergies Africaines le 13 mai 2005 à Genève, et Ambassadrice Spécial de l’ONUSIDA pour la recherche opérationnelle dans la lutte contre le VIH/SIDA le 1er juin 2015.
Une telle activité sociale, notamment caritative et humanitaire, contrairement aux apparences, a un impact politiquement positif et bénéfique.

L’action de la Première Dame Chantal BIYA au service du pouvoir

La fonction manifeste, c’est-à-dire voulue, de l’activité caritative et humanitaire de la Première Dame Chantal BIYA est d’aider, de secourir, d’assister, de sauver des vies, d’améliorer les conditions de vie des populations. En effet , elle affirme : « Il est clair que nous devons agir. Il est indispensable d’agir ensemble, et important d’agir maintenant, aux côtés de nos époux et de nos partenaires, pour soulager les souffrances des malades ; pour dissiper l’angoisse des mères en détresse ; pour préserver l’avenir des orphelins abandonnés ; et pour redonner espoir aux familles éprouvées, qui nous regardent aujourd’hui, et attendent de nous assistance, affection et réconfort ».

A travers cette activité séminale, on y découvre logiquement une fonction latente, c’est-dire non voulue, qui s’inscrit dans le registre politique. En effet, en mobilisant vertueusement le pouvoir et ses ressources pour et dans l’action sociale, Madame Chantal BIYA remplit bénéfiquement une fonction politique par la mobilisation électorale et la légitimation politique.
La mobilisation électorale
​Les actions et les réalisations de Madame Chantal BIYA sont indéniablement d’un intérêt pour faire agir politiquement, ce d’autant plus qu’elle soit la Présidente d’Honneur du Bureau Politique de l’Organisation des Femmes du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (OFRDPC) dont l’époux, Monsieur Paul BIYA, en est le Chef.
​La féminisation de la vie politique et étatique est devenue une nécessité dans un contexte de forte démographie et d’investissement politique des femmes. Le Président de la République du Cameroun, Son Excellence Paul BIYA, Chef du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais en a pris acte, et responsabilise de plus en plus les femmes dans les positions de pouvoir au sein du Parti et de l’Etat. Ce qui les galvanise davantage.
La Chantoupathie politique, c’est-à-dire la sympathie, l’adhésion vis-à-vis de Chantal BIYA sur le champ politique est une ressource politique, une force politique, un atout politique, une offre politique qui rallie, mobilise les femmes avec leurs partisans autour du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais. Le nom Chantal BIYA est devenue une force mobilisatrice, ‘’Mama Chantou’’, est un slogan mobilisateur qui fidélise au parti.
​En impliquant majoritairement les femmes dans ses institutions et ses activités, en faisant de celles-ci son cheval de bataille pour améliorer leurs conditions de vie en regard de leur vulnérabilité, on ne peut pas être surpris de la sympathie, l’adhésion et du vote politiques de nombreuses femmes et de leurs partisans pour le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais. Les statistiques des meetings, des manifestations politiques et de la participation électorale révèlent une forte mobilisation des femmes.

​Comment oublier les actions de bienfaisance de ‘’Mama Chantou’’ ? Comment ne pas faire des témoignages sur ce que l’on a reçu d’elle aux autres ? Comment et pourquoi avoir des préférences politiques pour d’autres, de qui on n’a rien reçu et dont on n’est pas sûr d’en recevoir ? En ce sens, le bon sens nous enseigne qu’il faut être ‘’reconnaissant’’. Les femmes et leurs partisans finissent alors par s’inscrire dans une logique du ‘’donnant-donnant’’, du politique ‘’na njangui’’, ‘’tu me donnes, je te donne’’.

C’est donc dire qu’en menant une activité caritative et humanitaire désintéressée, la réalité de la politique amène les nombreux bénéficiaires à témoigner leur reconnaissance à Madame Chantal BIYA en lui donnant leurs votes au profit du RDPC dans une logique et dialectique de l’offre et de la demande électorales. Ce qui légitime, dans une certaine manière, le régime.

La légitimation politique

La légitimation politique est une activité qui consiste à légitimer, à faire accepter une réalité politique par un grand nombre, par des moyens symboliques et matériels. La finalité est de faire accepter un régime, une idéologie, une politique, un individu par la socialisation politique en tant que processus de transmission de la culture politique, bref des valeurs, des manières d’être, de penser, de faire, de sentir aux membres d’une société politique à une période donnée. Les canaux et les agents de cette activité sont multiples, passant des individus aux diverses organisations politiques et sociales.

​L’activité sociale et politique de la Première Dame Chantal BIYA remplit également une fonction de légitimation. Elle structure et sédimente de part en part les politiques de grandes ambitions, réalisations et opportunités. En effet, ses actions et réalisations s’inscrivent dans les missions de l’Etat, notamment la réalisation des Services Sociaux Essentiels (SSE), selon la qualification du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Il s’agit de l’accès à l’eau potable, aux soins de santé primaire, à l’éducation, l’électrification rurale, etc. Les actions et réalisations des écoles, Les Champions FCB et Les Coccinelles du Palais de l’Unité, de la Fondation Chantal BIYA, du Cercle des Amis du Cameroun, du Centre Hospitalier de Recherche et d’Application en Chirurgie Endoscopique et Reproduction Humaine, de Synergies africaines contre le Sida et les souffrances et du Centre International de Référence Chantal BIYA valent en ce sens plus que les procès d’intention. Ces structures s’inscrivent aussi dans la politique du Chef de l’Etat de lutte contre le chômage parce qu’elles emploient de nombreux Camerounais. Le fait que Madame Chantal BIYA soit marraine de plusieurs activités, entre autres, ‘’Miss Cameroun’’, ‘’Opération 100 000 femmes’’ en partenariat avec l’Institut Africain d’Informatique (IAI), les championnats de vacances, « Vacances sans SIDA », « Campus sans SIDA », ajoute à cette œuvre immense et salvatrice pour voir l’Etat providence en action au Cameroun à travers Madame Chantal BIYA.

​La légitimation politique symbolique se donne aussi à découvrir à travers une mise en scène de la Chantoupathie politique. Madame Chantal BIYA préside, en abhorrant le ‘’pagne’’, la journée internationale de la femme le 8 mars qui mobilise les femmes. Elle donne à voir la famille présidentielle lors manifestations publiques et privées (anniversaires du couple présidentiel). Elle diversifie les ‘’modèles’’ et porte le ‘’pagne’’ du RDPC lors des campagnes aux côtés de son époux. Lors de certaines sorties officielles, elle s’habille et met les vernis aux couleurs nationales. Avec simplicité, humilité et un sourire contagieux, elle prend les bébés entre ses mains, se laisse aller par et dans les foules, et fait joyeusement des selfies. Elle chante et danse avec les femmes du CERAC et les musiciens invités.
L’effet positif sur le pouvoir est que les populations qui ont de la sympathie vis-à-vis de ‘’Mama Chantou’’, ont aussi la sympathie vis-à-vis du pouvoir, du régime en place, parce qu’elle en est aussi une incarnation. La philosophie de Madame Chantal BIYA amène progressivement et durablement une bonne partie de la population camerounaise et de la communauté internationale à soutenir politiquement le Président Paul BIYA. Il y a donc un effet socialisant et communalisant qui crée un équilibre, fut-il instable, favorable à la société politique camerounaise.

A la fin, la Chantoupathie politique aide à comprendre, dans une certaine mesure, le rejet, la sourde oreille par les populations, le peuple camerounais, des appels constants et pressants à l’insurrection, à la violence et au boycott visant à défier le pouvoir. Donc, au cœur de la Chantoupathie politique, c’est l’enchantement et la pacification des cœurs au Cameroun par Madame Chantal BIYA.

Note de la rédaction de camer.be: Titre original de cet article: LEÇONS POLITIQUES DE MADAME CHANTAL BIYA,PREMIÈRE DAME DU CAMEROUN: LE POUVOIR AU SERVICE DE L’ACTION ET L’ACTION AU SERVICE DU POUVOIR LA CHANTOUPATHIE POLITIQUE

Pr Serge Paulin AKONO EVANG est sociopolitiste, Vice-Doyen chargé de la Recherche et de la Coopération Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, Département de Science Politique, Université de Douala.

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