Soulèvement : Une rébellion armée en cours dans le Faro et Déo ?
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Dans une vidéo d’environ 3 minutes publiée sur la page Facebook de l'activiste Patrice Nouma, des hommes en uniforme affirment vouloir chasser Paul Biya du pouvoir.

C'est à partir de la page officielle de l'activiste Patrice Nouma, basé aux Etats-Unis, que la vidéo d'un groupe armé se réclamant comme des rebelles du Cameroun, fait le tour de la toile. Une trentaine d'hommes, sous le commandement d'un homme en tenue de l'armée camerounaise, portant des bérets de couleur verte pour certains et des casquettes de couleurs différentes pour d'autres, et armés de kalachnikov suivent une séance d'entrainement militaire en pleine savane. Ce groupuscule qui se présente comme étant une rébellion au Cameroun prétend vouloir chasser le président Paul Biya du pouvoir. Dans un français approximatif, l'un d’entre eux, qui filme la scène, déclare : « Les rebelles camerounais, vous allez chasser Paul Biya », tout en continuant à tourner sa vidéo. Et d'ajouter : « Il a trop duré au pouvoir. Il est temps qu'il dégage ».

Un autre s'exprime également en arabe littéraire parlé au Tchad. Le commandant des troupes, dans un fulfulde dont l'accent est propre aux Bororos des zones frontalières avec la Rca et le Tchad, décline le motif de leur action en cours contre le président de la République du Cameroun. « Nous sommes Camerounais, nous sommes du Cameroun. Il faudra être fort dans notre combat contre les forces de défense et les mécréants du Sud. Les sudistes ont assez gouverné ce pays. Nous voulons le palais. Levez le bras et dites après moi : Palais », crie-t-il à l'endroit de ses hommes. Et le chef de la bande de poursuivre son discours : « Ils gouvernent depuis 10, 20 et plus de 30 ans. Il faut que nous soyons des hommes. Nous n’avons rien contre un militaire. Une seule personne nous intéresse. C’est Paul Biya. Écoutez-moi bien.

Nous sommes des hommes. Ce que je veux de chacun de vous c’est qu'il serre bien sa ceinture et nous allons à la recherche de Paul Biya. Nous n'avons besoin de personne d'autre que de Paul Biya. Nous allons former d'autres hommes. Nous sommes plus solides et courageux que les sudistes. Ensemble, nous arriverons à conquérir le pouvoir. C'est notre seul objectif ». Le chef du commando conclut en affirmant à ses hommes qu'ensemble, ils peuvent faire l'impossible. « Nous allons y arriver. Il suffit d'avoir le moral. Répétez après moi : Moral ». Selon des sources sécuritaires, la vidéo aurait été tournée dans l'arrondissement de Kontcha, dans le département du Faro et Déo, région de l'Adamaoua, à quelques encablures de la frontière avec le Nigéria.

Une version que réfute que le sénateur Rdpc du Faro et Déo, Mamoudou Mazadou. « La zone du Faro et Déo n'a pas capacité à développer une rébellion. Il s'agit des histoires. Le Président de la République est en symbiose avec notre département, et nous ne voyons pas pour quelles raisons une rébellion naîtrait ici. Les jeunes sur cette vidéo ne sont pas du Faro et Déo » dit-il. Le parlementaire poursuit en affirmant qu'au niveau local, il n'a pas vent de la formation d'une rébellion dans sa circonscription. D'après certaines sources, il s'agirait de l'un des groupes de preneurs d'otages centrafricains, qui écument la frontière entre les régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Est Cameroun et la RCA.

Par contre, d'autres spécialistes des questions de sécurité transfrontalière tentent de banaliser la vidéo, en la qualifiant de non-événement. Pour eux, la constitution d'une rébellion qui a la prétention de vouloir prendre le pouvoir de Yaoundé, devrait frapper les esprits par une forte mobilisation en hommes et en armements, sans tenir un discours de repli identitaire. Le discours identitaire que véhicule ce groupe armé ne constitue pas un atout pour lui de rallier les causes des autres esprits. Une position que ne partage pas des experts des questions transfrontalières comme le Professeur Abdouramane Halirou, enseignant d'histoire à l'Université de Ngaoundéré. Pour lui, il faut prendre au sérieux tous les mouvements qui se développent au niveau des frontières entre les États.

« Il est urgent d'agir. C’est une question de sécurité nationale parce des mouvements qui se développent dans les zones frontalières peuvent déstabiliser notre pays à l'instar de ce que nous avons vécu avec Boko Haram. Il ne faut jamais négliger un mouvement de troubles même s'il est imaginaire. On néglige toujours les zones frontalières, or c'est dans ces zones que se développent des mouvements qui finiront par nous déstabiliser. La frontière est un espace délicat à gérer. La plupart des zones frontalières sont poreuses pourtant c'est dans ces zones frontalières que se développent des crimes et des crises qui peuvent nous déstabiliser », explique l'universitaire.

Selon l’enseignant, d'autres hypothèses peuvent expliquer des remous susceptibles de dégénérer. Pour lui, le lancement du mouvement citoyen 10 millions de nordistes peut susciter des jalousies au sein de la classe politique des régions septentrionales pour s'opposer à ce mouvement qui se veut un regroupement de nordistes à travers le montage de telle vidéo. « Les revendications de 10 Millions de nordistes ne sont pas vues d'un bon œil par certains qui n'ont pas intérêt à ce que le mouvement prospère dans un contexte de renouvellement de la classe politique. Il peut émerger une nouvelle classe d'élites politiques nordistes constituée de la jeune génération qui n’a pas été adoubée par la vieille garde. Il se peut que des caciques qui ne se sont pas préparés au changement soient inquiets de la montée d’une génération qui porte des revendications », conclut le spécialiste des questions de frontières.

Joint au téléphone par le Jour, Auguste Essomba, le préfet du Faro et Déo a démenti la présence d’un camp de formation d’une rébellion dans le département du Faro et Déo. « Le calme, la paix et la sécurité règnent sur l’ensemble du département du Faro et Déo. Il y a aucune rébellion en formation dans mon unité de commandement. Je ne suis pas au courant », a expliqué l’autorité administrative. Sur le terrain, les forces de défense du Cameroun ont renforcé leur présence le long de la frontière avec la République Centrafricaine.

Dans les bases du bataillon d’intervention rapide (Bir) a été construite à Yamba, dans l’arrondissement Djohong et une autre base dans l’arrondissement de Ngaoui, toutes deux localités frontalières avec la Rca, les forces de défense sont en alerte. Le Brim et les forces spéciales sont aussi déployés dans les localités frontalières avec la RCA. Ils patrouillent de Ngaoui, dans le Mbéré en passant par Ngan-Ha, et Belel dans la Vina et bien d’autres localités du département du Mayo-Rey.

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