Réaménagement gouvernemental : Paul Biya peut-il choisir la gouvernance communautaire ?
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Face à la pression nourrie des thuriféraires, le président de la République doit choisir entre un autre gouvernement pléthorique et la gouvernance de proximité.

La perspective d’un réaménagement gouvernemental tourmente les lobbies gravitant autour du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et le président de la République. L’actualité quotidienne dans la formation politique que dirige Paul Biya, dans les rapports entre élites se réclamant du projet de société vendu par l’homme du Renouveau et au sein des communautés donnent une illustration des remous que provoquent ces mêmes acteurs. L’activisme observé ces derniers temps opposent les acteurs qui appellent à la redistribution des postes ministériels à ceux, non moins nombreux, qui alimentent le jeu dans l’optique de jouer sur l’orgueil de Paul Biya, réputé être jaloux de l’opportunité de ce type de décision.

La guerre ouverte entre clans au sein du Rdpc met en lumière des mises à mort de certains membres du gouvernement et autres aspirants aux postes. Elle met aussi en lumière la guerre opposant des groupuscules de pouvoir aux relents ethniques et tribaux qui partagent des proximités avec le président de la République. Outre la mise en évidence des tares et l’ouverture des tiroirs à cadavres des adversaires, l’heure est à un concert de louange adressé au détenteur du pouvoir discrétionnaire du décret de nomination. A ce jeu savamment orchestré, motions de soutien et autres outils de surenchère sont convoqués.

Ministères de souveraineté

Lancés comme ils le sont dans la course aux privilèges, les aspirants aux postes ministériels font fi des exigences du contexte économique et politique. Les incohérences observées dans cette chevauchée engagée par l’élite proche du Rdpc s’efforcent de mettre en berne la nécessité de réduire les effectifs pléthoriques d’un gouvernement dont les composants brillent par une efficacité polémiquée.

De même que ces pugilistes s’efforcent de mettre sous le boisseau l’impératif d’impliquer les populations au processus de développement à travers une gouvernance de proximité. Une nécessité qui implique la mise sur pied d’une équipe gouvernementale ne prenant en compte que des portefeuilles de souveraineté. La détermination des thuriféraires du régime est si forte que tous les moyens sont usités pour reléguer le transfert des compétences et des ressources aux collectivités territoriales décentralisées (Ctd).

Grogne sociale

A ce sujet, quelques questions devraient présider à l’orientation de gouvernance que prendra le président de la République. La première est de savoir si le temps n’est pas venu de véritablement implémenter la décentralisation, en légitimant le choix des acteurs de suscitant l’adhésion des populations ? Tant il apparaît que ce choix pourrait apporter une solution pérenne aux multiples crises politiques et à la grogne sociale latente et la prévarication endémiques nourris par cette même élite politique et administrative. Elite qui a par ailleurs montrer son incapacité à implémenter l’offre de développement communautaire clamée par le président de la République. La deuxième question, évidemment, est de savoir si le président de la République entend faire fi de l’aspiration populaire de ses concitoyens pour satisfaire les intérêts d’un groupuscule qui accentue les tensions sociales.

Rendue à cette phase où l’entourage du président de la République et les lobbies constitués au sein du Rdpc s’étripent dans la perspective du prochain gouvernement, nul ne doute que le choix de la forme de gouvernance et celui des hommes que fera le président de la République va déterminer la suite de son mandat. Paul Biya prend-t-il la mesure de l’activisme orchestré par l’élite dans l’optique de distraire l’opinion des attentes légitimes qu’elle nourrit ? L’actualité imposée par le sérail est pourtant révélatrice des échecs des feuilles de route attribuées à nombreux parmi ces postulants qui envahissent l’espace public dans l’optique de distraire jusqu’au président de la République.

Nul doute aussi que l’activisme observé ces derniers temps cachent mal la volonté pour certains camarades de Paul Biya de dissimuler leur incapacité à produire des résultats lors des élections présidentielle et locales. Des échecs retentissants tant sur leurs capacités à mobiliser l’électorat qu’à produire des scores honorables pour leur candidat à la magistrature suprême et aux bénéfices des candidats du parti de Paul Biya aux élections municipales et aux législatives.

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