Le temps de la politique
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Après bientôt quatre mois en coupe réglée sanitaire, le retour à la normale se dessine au Cameroun. Certes l’humanité va désormais vivre avec le coronavirus, mais l’après-pandémie est résolument amorcé. Le temps de la santé et de l’économie, secteur lourdement impacté par le Covid-19, devrait céder la place dans les jours ou semaines à venir au temps de la politique. En effet, alors que le nombre de personnes guéries de la maladie augmente substantiellement, grâce aux vertus conjuguées de la médecine moderne et traditionnelle, il n’est pas exclu qu’un déblocage de l’agenda politique s’opère au sein du landerneau national, consacrant ainsi un coup d’arrêt à la grisaille ambiante, entrecoupée de buzz chronophages.

On commencera cette semaine par scruter l’ordre du jour d’une session parlementaire, dont le rythme de diesel, comme très souvent, est impulsé par le chef de l’Etat et son gouvernement. Un avant-projet de loi portant code des personnes et de la famille, dans le pipe depuis deux décennies, est en consultation libre depuis vendredi dernier. L’article 81 de ce qui n’est pas encore un projet de loi, mais qui fait déjà l’objet de commentaires enthousiastes sur les réseaux sociaux, dispose que « tout Camerounais justifiant d’une autre nationalité conserve la nationalité camerounaise, sauf répudiation de celle-ci ». Une disposition qui autorise la double-nationalité, revendication longtemps exprimée par la diaspora camerounaise, et qui a déclenché ou alimenté l’acrimonie et la radicalisation de certains Camerounais résidant à l’étranger contre le pouvoir de Yaoundé.

Après le droit de vote (pour l’élection présidentielle) accordé aux compatriotes vivant à l’extérieur en 2011, Yaoundé pourrait donc franchir un nouveau cap. C’est une carte de décrispation que Paul Biya pourrait abattre. C’est une arme politique dont pourrait user le président de la République pour couper l’herbe sous les pieds de certains de ses adversaires politiques qui séduisent et mobilisent, notamment sur ce sujet, à l’étranger.
Le temps de la politique pourrait également se traduire par une révision de la Constitution, afin de mieux organiser ou « verrouiller » la transition au sommet de l’Etat. Adepte invétéré du contre-pied, il serait osé de parier le moindre sou sur la disposition de Paul Biya à faire déposer, au cours de cette session, un texte dans ce sens au Parlement. Même si, objectivement, le toilettage susurré permettrait de rattraper des faiblesses de notre loi fondamentale s’agissant de la vacance à la présidence de la République, entre autres.

Le déconfinement de l’agenda politique peut également être envisagé sous le prisme d’un remaniement ministériel. Avant le Covid-19, des informations ont fuité du sérail faisant état d’imminents «réajustements stratégiques» au sein des deux principaux pôles de coordination de l’action gouvernementale, mais également à la tête de certains ministères de souveraineté et régaliens. D’ailleurs, il ne faut guère perdre de vue qu’outre le Covid-19, qui s’est imposé parmi ses priorités, le chef de l’Etat garde fermement le curseur sur la gestion de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la relance de l’économie, l’accès aux services de proximité (eau, électricité, etc.), l’organisation des élections régionales, facteur d’accélération de la décentralisation, l’organisation de la coupe d’Afrique des nations (Can) 2021 et accessoirement du Championnat d’Afrique des nations (Chan). Il n’est non plus indifférent, souffle-t-on, aux batailles d’intérêts et d’égos qui travaillent son gouvernement ainsi qu’au plaidoyer de quelque partenaire occidental pour le rajeunissement de son équipe et la clarification du jeu de la transition. Tout cela devrait constituer le fil d’Ariane du nouveau gouvernement annoncé.

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