La rareté des pièces de monnaie atteint la cote d’alerte
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Malgré la promesse de la Beac de mettre en circulation de nouvelles unités en novembre dernier, la crise des pièces est de plus en plus aigüe.

Lors de la dernière session du Comité de politique monétaire (CPM), tenue le 8 novembre dernier à Yaoundé, le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli, a annoncé la mise en circulation au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique de l’Afrique centrale (Cemac), au cours du même mois de novembre, de nouvelles pièces de monnaie. Il renouvelait une promesse faite quelques mois plus tôt, en juillet dernier. La nouvelle a suscité l’euphorie au Cameroun en particulier, confronté depuis au moins trois ans à une rareté inédite des pièces de 100 et 50 FCFA sur son marché. Mais, de la date de cette annonce à ce jour, rien n’a changé. La crise semble plutôt s’aggraver.

Dans les deux plus grandes métropoles que sont Yaoundé et Douala, la cote d’alerte a depuis été atteinte et les petits secteurs de l’économie, en particulier le petit commerce, en souffrent énormément. Et la pénurie a fini par créer l’inflation. Certains prix sont arrondis lorsque l’achat dans une boutique ou un magasin nécessite le remboursement de quelques pièces. Les déplacements en taxi, dans un contexte de quasi-inexistence du transport urbain de masse, est tragiquement impacté. Les usagers trinquent. Dans la capitale camerounaise, il est devenu banal de voir un taxi qui roule à vide alors que les passagers sont massés le long des rues. Car, pour rentrer dans un taxi en proposant au conducteur le tarif normal de 250 FCFA (en journée), il faut généralement « avoir les pièces ».

A l’origine de cette curieuse crise, le trafic des pièces de monnaie, attribué principalement à des ressortissants chinois. Ils ont installé dans la plupart des quartiers et même dans les marchés, des machines à sous qui absorbent les pièces comme des trous. Celles-ci sont ensuite récupérées et exportées vers la Chine pour la fabrication des bijoux. Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). Quand ils ne font pas recours à cette technique de collecte, ils s’attachent directement les services de jeunes camerounais désœuvrés pour chercher la monnaie contre rémunération. Le 2 novembre 2018, des éléments de la Légion de gendarmerie du Littoral, à Douala, ont mis la main sur un réseau de trafic de pièces de monnaie. Chapeauté par un Chinois, il s’apprêtait à expédier à partir du port de Douala l’équivalent de 2 millions de FCFA soigneusement emballés dans des cartons. Les autorités monétaires de la sous-région sont bien au courant de cette situation, mais tardent à réagir pour y mettre fin.

Investigations

En décembre 2019, l’actuel gouverneur de la Beac laissait entendre : « je n’en ai pas connaissance de façon précise. Mais, par voie de presse, nous avons appris qu’il y a des comportements de certaines entreprises qui, non seulement transfèrent des pièces de monnaie du franc CFA, mais exportent ces pièces […] Nos services mènent des enquêtes avec les autorités des pays membres pour déterminer l’ampleur de ce phénomène afin de nous doter des moyens pour le circonscrire. Il y a déjà des mesures d’interdictions qui sont prises çà et là. C’est un sujet sur lequel nos équipes sont à pied d’œuvre pour déterminer l’ampleur, les circuits, et l’historicité ». Les résultats de ces investigations sont restés inconnus du grand public à ce jour.

Au laxisme des autorités monétaires, il faut ajouter l’indifférence des autorités camerounaises face au foisonnement, particulièrement à Yaoundé et Douala, des salles de jeux où sont installés ces gouffres à pièces. Dans l’arrière-pays, certaines autorités administratives ont saisi ces machines. Quoiqu’il en soit, si ces appareils ne sont pas retirés du marché et la surveillance accrue au niveau des ports, la mise en circulation de nouvelles pièces annoncées par la Beac sera un coup d’épée dans l’eau.

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