Figures : Roger Milla, le Lion modeste
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L’actualité sportive est dominée depuis le 2 décembre 2019 par l’attribution du ballon d’or Fifa, à Lionel Messi, le joueur argentin du Football club de Barcelone. Ce joueur était ainsi consacré pour la sixième fois, à l’issue d’un vote une fois de plus contesté. Le journal spécialisé en ligne Footmercato.net parle dans un article publié le 3 décembre des « votes les plus curieux du Ballon d’Or 2019 », en indiquant que certains joueurs seraient victimes des injustices au cours de ce vote, comme Sadio Mané. Par le passé, l’attribution de ce trophée a toujours suscité des interrogations, comme en 2006 par exemple, tous les pronostics classaient Samuel Eto’o en tête des meilleurs joueurs, mais il y a eu des critères tout trouvés pour l’éliminer, ce qui a fait dire à certains critiques du football que cette consécration choisissait la couleur de la peau.

L’étoile dans l’ombre

Si ce n’était pas le cas, et si le ballon d’or tenait compte aussi de l’apport des joueurs dans le rayonnement du football au niveau planétaire, c’est qu’il y a longtemps qu’en dehors de Samuel Eto’o, un autre camerounais aurait été sacré Ballon d’Or mondial, ce Camerounais-là, il s’appelle Roger Albert Milla. De son nom entier Albert Roger Mooh Miller, son anniversaire est par heureuse coïncidence célébré chaque année par la nation camerounaise toute entière, même comme personne ne pense à lui ce jour-là. Le renard des stades est en effet né le 20 mai 1952 à Yaoundé, ce même 20 mai qui est entré dans les annales de l’histoire, même par une autre voie que celle de ce fils de Japoma.

Le ballon était dans ses jambes dès son jeune âge. A 13 ans, il signe première licence à l’Éclair de Douala. Le football pour lui est un jeu, doublé de la passion, et il a du talent. Sa technique et son sens du but font déjà merveille. A 18 ans il intègre le championnat national dans les rangs de Léopard Douala. En 1975, il dépose sa valise, pas très volumineuse à l’époque, au Tonnerre kalara de Yaoundé. Pendant 4 ans il fait la pluie et le beau temps au sein de cette formation de la capitale, qui à l’époque fournissait avec le Canon de Yaoundé et l’Union de Douala, le plus gros effectif de l’équipe nationale.

Carrière internationale

En 1978, l’équipe française de première division Valenciennes Fc lui propose son premier contrat à l’international. Son parcours de joueur professionnel ne bénéficie pas d’une forte médiatisation comme c’est sera le cas dans les années à venir, et beaucoup de ses compatriotes n’ont pas l’occasion de le voir évoluer en club. Il joue d’ailleurs peu dans ce club, et ne fait pas mieux à l’Association sportive Monaco qu’il rejoint en 1980. Sa carrière se poursuit un an plus tard avec l’équipe Bastia jusqu’en 1984. Cette année-là, il est plutôt sollicité par une équipe en difficulté en division 2, l’As Saint Etienne. Mais il ne reste pas longtemps, et rejoint un autre club de deuxième division toujours, Montpellier, qu’il contribue à remonter en première division en 1987. Il renonce définitivement à la carrière internationale le 31 mai 1989, après avoir inscrit 62 buts en Championnat de France de première division. Il a eu aussi l’humilité de retrouver le Tonnerre de Yaoundé de 1990 à 1994, revenu de ce périple international.

Le Lion à la danse du coin

Si sa réussite est mitigée en club, la sélection camerounaise assiste à l’éclosion du génie. Première sélection et premier but en juillet 1978. Les Camerounais décrochent leur billet pour la Coupe du monde 1982. Malgré un bon parcours et après avoir fait trembler l’Italie, futur vainqueur, les Africains sont éliminés en terminant invaincus. En équipe nationale il compte au total 102 sélections et 28 buts entre 1973 et 1994. En fait, après avoir organisé son jubilé dont le dernier match s’est joué le 2 janvier 1989 à Yaoundé devant un public estimé à 150 000, il se retira des stades comme c’est la règle.

Mais le Cameroun doit participer à la coupe du monde l’année d’après, en 1990 en Italie. L’équipe type, bien que bien constitué, a sans doute besoin de l’expérience. Le public semble réclament Roger Milla, mais l’entraineur veut compter sur du sang neuf.

En dernière minute, le vieux lion rejoint l’équipe nationale, sur haute instruction du président de la République dira-ton. Ce qui n’était pas une mauvaise idée d’ailleurs, puisque grâce à ce vieux Lion le Cameroun rentra définitivement dans les annales de l’histoire de la coupe du monde. Il inscrit deux buts contre la Roumanie au premier tour, deux contre la Colombie en huitièmes de finale permettant ainsi au Cameroun d’accéder pour la première fois en quart de finale et de réaliser en même temps la meilleure performance d’une équipe africaine en coupe du monde. En plus Roger Milla célèbre ses buts en exécutant une Makossa (danse) devant le poteau de corner, une image qui reste dans les mémoires.

Âgé de 38 ans, il réalise sa plus belle performance de footballeur lors de cette Coupe du Monde 1990. Il s’agit de la seule Coupe du Monde où le Cameroun passe le premier tour. Il est de nouveau appelé pour disputer la Coupe du monde 1994 aux Etats Unis. La performance du Cameroun est en deçà de la moyenne, mais le vieux Lion se distingue une fois de plus et sauve son honneur en marquant un but contre la Russie, qui en marque à son tour 6 au total contre le Cameroun au bout des 90 minutes.

Pour l’assainissement de la gestion du football

L’équipe rentra de la compétition déçue, mais la nation entière se consola de la performance de Roger Milla. Depuis lors il s’est engagé à donner au football camerounais une autre image, en plus de ce qu’il a déjà fait voir dans les stades. Il pense que l’un des problèmes qui minent ce sport qui lui tient tant à cœur, c’est la gestion sur la plan administratif, et s’implique de tout temps pour que la Fédération camerounaise de football soit assainie. Il est de ceux qui soutiennent que la Fédération internationale de Football Association, la Fifa, devrait coller la paix au football camerounais et le laisser s’organiser en interne, estimant que les interminables comités de normalisation imposée à l’instance faîtière nationale lui ont souvent fait plus de mal que de bien.

Pour se changer les idées de temps en temps de ce monde compliqué du football, il s’essaie aussi à la musique. En 1991, il sortit un single intitulé Sandy en hommage à la naissance de sa fille quelques semaines plus tôt. Un nouveau morceau, Un enfant, c’est la vie est sorti en en 2006, mais est passé presque inaperçu. Si Roger Milla n’a pas eu de ballon d’or Fifa, il a eu bien d’autres titres, et est encore considéré comme le meilleur joueur africain du siècle dernier. L’un de ses titres qu’il a eu, même en dehors des stades, c’est celui d’ambassadeur itinérant auprès de la présidence de la République du Cameroun. Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). A tort ou à raison, une certaine opinion attribue à son entregent l’implantation de l’un des plus grands stades du Cameroun en ce moment à Japoma. A l’image de son succès, ce stade est aussi parmi les infrastructures de la Can, celui qui est le plus avancé en termes de finition. Il reste à la patrie reconnaissante, d’inscrire au fronton de ce joyau, le nom de Roger Albert Mooh Miller, pour un hommage bien mérité à l’homme…de son vivant

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