Grand dialogue national: Le regard du Professeur Joseph KANKEU, Député de la Nation
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Au-dessus de nos appartenances partisanes, religieuses et philosophiques doit s’ouvrir, pour tout participant au Grand Dialogue National, une nouvelle page d’amour, de défense et de préservation de notre drapeau national.

INTRODUCTION

Convoqué par le Chef de l’Etat, S.E. Paul Biya, pour se tenir à la fin de ce mois de septembre 2019, le Grand Dialogue National arrive à pas de géant. Il s’articulera autour des thèmes susceptibles d’apporter des réponses aux préoccupations des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi qu’à celles des autres huit régions de notre pays. « Le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit, le système éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, le rôle de la diaspora dans le développementdu pays, etc. » y seront débattus. Des réactions spontanées de joie, de satisfaction et d’approbation ont été entendues ici et là pour saluer cette sortie solennelle et historique du Président de la République, le 10 septembre dernier sur les antennes de nos radios et télévisions. Ce ne sera jamais dans le sang, dans le pillage, dans les incendies que le Cameroun vivra la réalité de son indépendance. C’est pourquoi, le premier envoi officiel des couleurs camerounaises Vert, Rouge et Jaune le 10 novembre 1957 et la remise du drapeau à sa garde d’honneur sont encore pour nous tous, des actes de foi, d’espérance et de volonté. Et parce que ce drapeau existe pour tous ceux qui aiment et honorent leur pays, le voilà à nouveau placé au centre du Grand Dialogue National.

Face aux épreuves que nous traversons, seul le Drapeau est capable de nous souder, les uns aux autres. Notre besoin de sortir de la difficile situation que traversent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et de résoudre nos problèmes sécuritaires, désigne le drapeau comme un refuge solide et fort. Car à nos yeux et à ceux du monde, les trois couleurs Vert, Rouge et Jaune représentent, en définitive, le Cameroun, son peuple et son histoire. Comme l’a écrit par ailleurs Bernard Vincent, « Au-delà de l’objet, il y a le signe, au-delà de l’histoire l’imaginaire, au-delà de la question du sens celle de la représentation du sens ». Notre drapeau a un accompagnateur,notre hymne national, « Ô Cameroun berceau de nos ancêtres ». Et qui, entonnant cet hymne, sous les plis du drapeau, n’a pas le cœur battant et les larmes aux yeux. L’étoffe et la voix ne font plus qu’un : l’emblème unifiant et le chant unificateur.

Quel que soit le sens donné aux couleurs, celles-ci se perdent dans le consensus général et se dissolvent dans la durée. A ce titre, le drapeau représente la vie de la nation. Toute menace à cette vie est considérée comme une tentative de remise en question du drapeau. Le Grand Dialogue National qui sera organisé à la fin de ce mois de septembre a pour but de créer les conditions du consensus politique et social pour une vie meilleure dans notre pays. Les idées qui prennent corps dans ce dialogue se dressent isolées et droites comme des drapeaux Verts, Rouges, et Jaunes. Placées très loin au-dessus de nos appartenances politiques, religieuses et philosophiques pour que vive le Cameroun, un et indivisible. Y ayant soumis nos passions les plus basses, on peut alors discuter autour d’elles non seulement pour montrer que le Drapeau national transforme la diversité en unité (Première partie), mais est l’instrument d’une identité citoyenne camerounaise (Deuxième partie).

PREMIERE PARTIE: LE DRAPEAU NATIONAL TRANSFORME LA DIVERSITE EN UNITE

L’altérité au niveau des ethnies et des cultures est une évidence dans notre cher et beau pays, le Cameroun. Des identités plurielles et cloisonnées dans les ilots jalousement protégés par les eaux profondes de la tribu existent chez nous. Il n’existe pas une ethnie ou une culture camerounaise, mais plutôt une diversité ethnique et culturelle caractéristique de notre pays. C’est pourquoi l’unité nationale se cherche, se forge à travers l’intégration nationale ou le vivre-ensemble. Une langue, une culture ou encore une ethnie ne peut être viable que si elle s’intègre dans un projet global de société. Tout en recherchant l’unité nationale, le Cameroun assume bien ses tribus et exalte la tribalité. Tandis que cette tribalité est une valeur d’ouverture et de fructueux échanges avec les autres, le tribalisme est une attitude de stérile fermeture aux autres.

Efforçons-nous d’assumer notre diversité, mais sans abandonner la construction progressive de notre unité. Ici se trouvent sans doute les idéaux d’une culture politique qui garantira au peuple Camerounais la liberté de gérer et la dignité d’assumer son destin. Le Cameroun se fera avec toutes les ethnies ou ne se fera pas. Nous ne saurions donc nous arrêter en aussi bon chemin. Il est dès lors important de renforcer l’union nationale autour du drapeau vert-rouge-jaune et de bâtir notre identité nationale à partir de lui. C’est notre symbole le plus chéri qui doit flotter dans nos têtes et dans nos cœurs pendant le Grand Dialogue National et après.

Le mot symbole veut dire signe, lequel est une représentation concrète d’une idée abstraite. Analyser intellectuellement un symbole, c’est comme peler un fruit pour en découvrir le noyau. Le langage symbolique est profondément cohérent et invite à découvrir une réalité au-delà des apparences. Dès la rentrée de la première Assemblée Législative Camerounaise le 08 octobre 1957, le Gouvernement, sous la conduite du Premier Ministre de l’époque, André-Marie Mbida, avait tenu à ce que les premiers projets de loi déposés fussent exclusivement consacrés aux valeurs sans lesquelles la personnification de l’Etat eu paru incomplète. Le drapeau y prit une place de choix. La volonté de cette assemblée législative de faire triompher l’unité nationale à travers les plis et les couleurs dudit drapeau eu l’adhésion de toutes les populations du Cameroun.

La couleur verte représente la végétation luxuriante du Sud et est en même temps le symbole de l’espérance d’un Cameroun riche et prospère pour tous ses enfants, grâce à leur travail. La couleur jaune or représente le sol du grand Nord, mais aussi le symbole de la richesse et, chez tous les peuples, elle a toujours figuré la représentation du soleil, symbole de pérennité et de lumière. La couleur rouge représente le trait d’union entre le vert du Sud et le jaune du grand Nord. C’est la couleur distinctive de l’autorité sans laquelle ne peut régner que l’anarchie. Ce rouge est donc le symbole de notre souveraineté. L’unité du Cameroun est encore symbolisée par l’unique étoile flanquée sur la bande rouge de notre drapeau. Elle emporte l’unité du peuple camerounais, du territoire national et de la souveraineté. Ceci après les deux étoiles d’or dans la bande verte ayant caractérisé la brève période de fédération qui a duré de 1961 à 1972.

La recherche de l’unité n’est pas un phénomène seulement camerounais et contemporain. Dès l’antiquité, cette idée fonde et donne du sens à l’action politique. Dans « La politique » d’Aristote, il souligne que Socrate assigne à la cité l’unité comme fin essentielle. « L’unité la plus parfaite possible constitue le bien suprême », écrit-il. Platon considère également l’unité comme fondement de sa République. « La cité se développe en restant une », écrit-il. Les auteurs antiques ne s’adressent pas ainsi à un régime particulier, mais à tous les régimes passés

et à venir. Même Machiavel n’échappe pas à la recherche de l’unité lorsqu’il écrit Le Prince. C’est bel et bien l’unification de l’Italie qu’il cherche à obtenir.

Toutefois, l’unité et l’indivisibilité de la République, telles que inscrites dans l’article 1er alinéa 2 de la Constitution du 18 janvier 1996, comportent des adaptations. La décentralisation en est une. Les élections régionales annoncées par le Chef de l’Etat dans son discours du 10 septembre dernier, rendront les Régions opérationnelles, et parachèveront le processus de décentralisation. Laquelle décentralisation, fait d’ailleurs partie des thèmes à inscrire à l’ordre du jour du Grand Dialogue National. Elle peut encore évoluer et des réflexions nourries sont attendues à ce sujet.

DEUXIEME PARTIE: LE DRAPEAU NATIONAL EST L’INSTRUMENT D’UNE IDENTITE CITOYENNE CAMEROUNAISE

Le drapeau national Vert, Rouge et Jaune constitue, pour les individus comme pour les institutions, l’un des rares moyens visibles d’affirmer l’identité citoyenne d’une nation relativement neuve, née, séparée par la double tutelle française et britannique depuis 1916. C’est le lieu de préciser que le drapeau allemand a flotté sur le Cameroun de 1884 à 1916 et que ce n’est qu’à partir de cette année que le Cameroun anciennement allemand, un et non divisé, va être partagé entre Français et Anglais. Ce serait une erreur d’aller au Grand Dialogue National sans s’en souvenir. Et cela par attachement à cette période de notre histoire qui peut nourrir une réflexion tournée vers l’avenir. Etre citoyen, c’est non seulement être un être de liberté, mais aussi avoir conscience d’être la vigile de l’intérêt général. Or il n’y a pas d’intérêt général sans la conscience assumée d’une collectivité de destin.

Le déclin du vivre-ensemble suscite depuis quelque temps une prise de conscience à travers un déferlement de discours. Tous ont le mérite d’expliciter pourquoi se délite notre société, comment se fabrique la défiance. En plus, ces contributions réussissent à provoquer la mobilisation de la classe dirigeante comme si la complexité de l’enjeu orientait les meilleures volontés. Tant il est vrai que le développement de liens et de repères, d’une culture de confiance ne peut résulter que d’une alchimie conçue dans la durée, pour impliquer non seulement les forces collectives publiques et privées, mais aussi tous les citoyens rassemblés et interpelés par le drapeau vert-rouge-jaune.

Les thèmes du Grand Dialogue National tels que identifiés par le Président de la République dans son adresse à la nation le 10 septembre dernier relèvent

tous du présent et de l’avenir de notre pays. S’ils doivent constituer autant de drapeaux autour desquels on doit discuter, l’idée démocratique appelle dès lors, la participation la plus libre des citoyens à la réflexion et à la prise des décisions sur ces thèmes de notre vie sociale, économique, culturelle et politique. C’est pourquoi, il est nécessaire que les hommes et les femmes de l’intérieur et de la diaspora y aient des responsabilités égales. Encore qu’une certaine logique qui consiste à faire descendre les décisions du haut vers le bas a été brisée par la seule idée de dialogue. L’éthique républicaine selon laquelle la performance du vivre-ensemble ne peut résulter que d’un rapport harmonieux entre liberté individuelle et responsabilité collective, entre droits et devoirs triomphe ici. Il n’y a pas de citoyenneté sans civisme. Et l’éducation civique forme à l’esprit patriotique à travers l’exaltation de notre symbole le plus chéri qui est le drapeau vert-rouge-jaune. Saisissons cette opportunité qui nous est offerte à travers le Grand Dialogue National pour en faire davantage.

CONCLUSION

Le drapeau vert-rouge-jaune est le levier du dévouement aux intérêts de la patrie et symbolise, à cet effet, ce qui pousse au dépassement de soi. L’unité nationale autour de lui est la base de la sécurité nationale. Les fondations ultimes d’une société libre reposent dans la solidarité de son sentiment de cohésion qui cimente son union. Notre drapeau doit, à cet effet, rallier tous les suffrages et être empreint de la signification et du respect dus à l’emblème de la nation.

Participons tous au Grand Dialogue National, enfants de la patrie, pour aimer, défendre et préserver notre drapeau national.

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