Les plages camerounaises ne sont pas le refuge des mamy wata! Récit de vacances
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Les plages camerounaises ne sont pas le refuge des mamy wata! Récit de vacances :: CAMEROON

J’ai pris l’habitude depuis une quinzaine d’années de passer quelques semaines de vacances à Kribi. Grâce à l’amitié de mes camarades et amis rencontrés au séminaire, nous trouvons toujours une location à la hauteur de notre bourse.

Kribi c’est la mer, ce sont des plages sablonneuses, c’est le débarcadère où l’on accueille les pêcheurs tôt le matin et qui nous donnent la possibilité de choisir les poissons qui nous seront cuisiner à la braise et déguster avec des émincés de plantain à l’huile d’arachide ou du manioc fermenté cuit aux feuilles de jong plus connus ici sous l’appellation de Miwondo. Oui Kribi c’est tout ceci, un endroit qui paraît propice à la baignade. Mes enfants adorent prendre les vagues de face qui viennent du large pour déferler plus loin sur le banc de sable. Quelle chance de trouver un endroit aussi calme ! La plage ce sont des petites habitudes, des rencontres qui durent avec d’autres vacanciers mais voilà. Il y a quelques jours, une famille entière a vu un piège se refermer sur elle. A la marée montante, un fort courant a emporter le père de famille sous les yeux impuissant de son épouse et de ses enfants. Heureusement l’épouse et les enfants ne lui ont pas porté secours car s’il l’avait fait, c’est toute la famille qui aurait disparu. Aux dires de l’épouse, « mon époux est parti comme happé par une force invisible, il a plongé une seule fois et n’est jamais revenu à la surface » ! Cette déclaration suffit à elle toute seule pour que le phénomène des sirènes mamy wata se fasse son nid. Qui ne connaît pas leurs histoires ici en bordure de mer ? Pourtant il est possible d’être happé par les eaux et de se retrouver incapable de nager à contre sens c’est à dire de revenir vers la rive.

Parce que nous sommes en vacances j’ai voulu en savoir un peu plus sur ce phénomène alors que nos plages grouillent de vacanciers et que personne n’a jamais pensé qu’il est nécessaire d’avoir des maîtres-nageurs et des gardes-plages au service des vacanciers. Ce que j’écris ici n’est donc pas un roman. Le phénomènes des baïnes est réel. Les baïnes, aussi appelées « baches », provoquent chaque année de très nombreux accidents semblables, dont certains sont hélas mortels sur les plages camerounaises.

Le sauveteur se doit de connaître ce phénomène pour d'une part faire de la prévention auprès des baigneurs, mais aussi afin d'intervenir en toute sécurité.Formation de la baïne
Les baïnes se forment sur un relief où le phénomène de marée est fort, le sable fin, le dénivelé faible, et avec une forte houle.

A marée haute, le ressac créé par la houle en déférlant sur la plage, emporte vers le large du sable. Au fur à mesure de la marée un banc de sable, parallèle à la plage, va se former.

A la marée descendante, l'eau retenue entre le banc de sable et la plage, va sous l'action de la gravité ouvrir une brèche dans le banc de sable. C'est ici que se crée la "sortie" de la baïne. 

De marée en marée, le banc de sable grossit et une cuvette se creuse. Ces cuvettes visibles à marée basse peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres et plusieurs mètres de profondeur.

Chaque baïne a une morphologie propre et engendre différentes formes de courants.

Note : une baïne est toujours en mouvement. Elle peut se déplacer, se creuser, disparaître à chaque marée. Cela selon les conditions météorologiques ou le coefficient de marée.
Il est donc important de bien connaître la plage que l'on surveille et de se mettre régulièrement dans l'eau pendant la surveillance. Vous pourrez ainsi connaître la force et la direction du courant. 

On trouve des baïnes principalement sur le littoral aquitain, mais également sur certaines côtes de Bretagne ou de la Manche.

Le phénomène de baïne


 
1. A marée basse, la cuvette est presque vide. C'est l'endroit préféré des enfants.
2. A la marée montante, lorsque les vagues passent par dessus le banc de sable la cuvette se rempli d'eau. Le niveau de celle-ci devient plus élevé que celui de l'océan et la baïne va se vider en donnant naissance à un courant.
3. A la marée haute, il n'existe plus de différence de niveau entre la cuvette et le banc de sable. Le courant de baïne s'arrête.
4. A marée descendante, on retrouve le même phénomène jusqu'à ce que la baïne soit vide.Le courant de sortie de la baïne

Le courant de sortie de la baïne (rip current) est dangereux car il éloigne le baigneur vers le large. Du fait que la vitesse de ce courant peut être plus grande que la vitesse d'un bon nageur, le retour à contre courant est impossible. Et c'est justement ce que cherche à faire la majorité des personnes !

Pour sortir de la baïne, ne cherchez pas à nager à contre courant !
Cliquez sur l'image pour voir le panneau d'affichage utilisé au Etats Unis.
Pour revenir sur la plage, il suffit de sortir assez loin du courant afin de sortir de son emprise.Prévention auprès des baigneurs

Lorqu'il existe un tel phénomène sur une plage, il est nécessaire d'informer le public de ces dangers. Il est possible pour cela d'indiquer une zone de baignade sécurisée à l'aide de .panneaux de signalisation ou alors d'une zone de bain amovible

Quelques conseils à donner aux usagers de la plage :

Si vous êtes pris par le courant de baïne, ne cherchez pas à nager à contre-courant, laissez vous porter pas le courant.
Demandez de l'aide le plus rapidement possible.
Lorsque la mer monte, ne restez pas sur le banc de sable au risque de perdre pied dans la cuvette et de vous faire prendre par le courant.

Intervention dans une baïne

L'intervention dans un baïne doit se faire avec un minimun de moyens et d'organisation. Surtout ne partez pas tous seul ou n'oubliez pas vos palmes ! Vous risqueriez de vous mettre en danger et de ne pas pouvoir secourir le baigneur.

Cet article préventif peut et doit être enrichi par tous et chacun afin que nos plages camerounaises de Kribi comme de Limbé, toutes ces plages qui nous accueillent avec nos enfants à chaque période de l’année et qui font la richesse touristique de notre pays, doivent être protégés afin qu’elles demeurent un lieu de repos, de détente. Merci à Yann Lhor qui m’a aidé à comprendre le phénomène des baïnes.

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