« Marches blanches » : 200 arrestations annoncées
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Ce chiffre présenté par le porte-parole de Maurice Kamto, sous réserve du décompte toujours en cours, renseigne sur le climat qui a prévalu au centre-ville de Yaoundé le 08 juin dernier.

La mobilisation tous azimuts des forces du maintien de l’ordre le 08 juin dernier, dans les grands carrefours de la ville de Yaoundé, n’a pas permis au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), de poursuivre sa deuxième série de « marches blanches ». « Ce samedi 08 juin 2019 était prévue la suite des marches amorcées samedi 1er juin dernier, sous l’impulsion de la résistance nationale pacifique conduite par Maurice Kamto et la coalition gagnante. L'info claire et nette. C’est donc en masse que les militants et sympathisants du Mrc et de la coalition gagnante ont massivement convergé vers la place de la Poste centrale de Yaoundé. Cependant, celle-ci ayant été bouclée et quasiment isolée par les policiers et les gendarmes, les marcheurs pacifiques ont premièrement été redéployés ailleurs dans la ville, le temps d’impulser une nouvelle approche », explique Olivier Bibou Nissack.

«Or, ayant été dans ce mouvement de redéploiement infiltrés et repérés, vu leur nombre impressionnant et difficile à dissimuler y compris en petits groupes distincts, le dispositif sécuritaire les a pris pour cibles. 200 personnes au moins, sous réserve du décompte final en cours, ont ainsi été arbitrairement et brutalement arrêtées sur divers sites de la ville», poursuit le porte-parole de Maurice Kamto. Il convient de noter que la 2e vice-présidente du Mrc, Tiriane Noah, ne fait pas partie des personnes arrêtées. Par ailleurs, des informations en circulation sur les réseaux sociaux et dont Mutations n’a pu confirmer la véracité, indiquent que les domiciles de certains cadres du Mrc ont été encerclés par les forces du maintien de l’ordre durant la matinée du 08 juin dernier.

Déploiement tous azimuts

La Poste centrale est quasiment « vêtue » de noir - la couleur de la tenue des policiers. Ceux-ci patrouillent dans les différents coins. Aux environs de 10h, un pick-up de l’Equipe spéciale d’intervention rapide (Esir), avec à son bord une dizaine de policiers, s’immobilise au carrefour du lieu-dit « Avenue Kennedy ». L’un des policiers descend du véhicule, et demande à deux de ses collègues de le suivre. Le portail des camerounais de Belgique. Ils se dirigent vers des commerçants pour échanger avec ces derniers. « Les amis, je vous suggère de rentrer chez vous et de revenir lundi (ce jour, Ndlr). Aujourd’hui (samedi dernier, Ndlr) est un jour très sensible », dira-t-il à l’endroit des vendeurs de chemises. Ces policiers vont se rendre dans diverses espaces commerciaux. Ils vont fouiller, interpeller et embarquer dans des pick-up, des personnes pour une destination inconnue.

Les différents axes routiers qui convergent vers le rondpoint de la Poste centrale sont investis des forces de sécurité et du maintien de l’ordre. Ces derniers sont vêtus de leurs uniformes couverts d’antichocs, de la tête aux pieds. A ces équipements, s’ajoutent des matraques et boucliers anti-émeute. L’axe principal de la Poste centrale est bloqué par le stationnement des camions antiémeute de couleurs bleu sombre et vert de la police et de la gendarmerie. Au centre de cet axe, un engin sur lequel a été hissé un ballon sur une distance d’environ 500 mètres du sol, avec une caméra installée, recueille des images en plongée.

Cette mobilisation est quasi identique aux lieux-dits « Rond-point Hilton » et « Rond-point Nlongkak ». Les usagers de la route circulent librement, mais les attroupements sont interdits. « Il faudra que le Mrc programme des marches et rencontres tous les jours, 24h/24, dans les zones risquées comme les quartiers, carrefours, snack bars, boîtes de nuit… Au moins, on est sûr que [notre] chère police y sera déployée. Et cela réduira considérablement le nombre d’agressions, bagarres, vols et viols », ironise un passant, visiblement marqué par le déploiement sécuritaire.

Continuité

Les militants et sympathisants du Mrc maintiennent leur mot d’ordre de grève. Ils revendiquent la libération sans condition du président national de cette formation politique, Maurice Kamto, les leaders des partis alliés, et « la réforme consensuelle de l’ensemble du système électoral avant l’organisation de toute nouvelle élection ». Ils s’opposent « à l’exclusion déguisée du Mrc et de ses alliés du jeu politique ; à la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à la passation du pouvoir de gré à gré entre Monsieur Biya et son clan ».

Les « marches blanches » programmées le 08 juin dernier s’inscrivent dans la continuité de celles qui se sont tenues le 1er juin dernier, avec à la clé, l’arrestation de 354 militants et sympathisants de cette formation politique. Au rang desquels, le premier vice-président, Mamadou Mota ; l’un des conseillers spécial de Maurice Kamto, Sa Majesté Pierre Marie Biloa Effa Jean et le régional du Mrc dans le Sud, Oko’o Apollinaire Legrand. Le Mrc n’est pas prêt à lâcher du lest devant le gouvernement, également déterminé à réprimer ses « marches blanches ». Le choc des extrêmes semble donc encore loin d’avoir rendu son verdict.

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